Lutte contre les incendies de forêts : Une nouvelle stratégie se met en place

Feux de forêts

À la différence des années précédentes, où la campagne de prévention et de lutte contre les incendies de forêt s’ouvre le 1er juin, la campagne 2024 est avancée, par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, au 1er mai. De toute évidence, les glissements des saisons induits par les changements climatiques et les méga-feux qu’a connus notre pays au cours de ces dernières années, ont charrié une nouvelle vision, de nouveaux comportements et une discipline novatrice. Cette dernière s’illustre, cette année, par les mesures de prévention destinées à neutraliser, au maximum, les facteurs de déclenchement de feu et à réduire la vitesse de leur propagation en cas de leur survenue. 

Par Amar Naït Messaoud

Il en est ainsi des travaux de DFCI (défense des forêts contre les incendies), dont ont bénéficié les différentes wilayas forestières du pays et dont la réalisation a connu un suivi particulièrement attentif de la part des autorités centrales et de wilaya. 

Au cours d’une réunion d’évaluation avec les conservateurs des forêts des wilayas forestières, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a souligné la nécessité impérieuse de  » rattraper le retard accusé dans certaines wilayas » et de livrer tous les projets [de travaux de DFCI] avant la fin du mois d’avril.

Les travaux d’équipements et d’infrastructures contribuant à la prévention des feux de forêts consistent en l’ouverture de nouvelles pistes, là où la densité du réseau est faible, particulièrement sur les massifs, sensibles posant des problèmes d’accessibilité; l’aménagement des pistes dégradées, devenues non carrossables; l’ouvertures et l’aménagement de tranchées pare-feu, permettant au front du feu de s’arrêter devant un couloir vide, sans combustible, au milieu de la forêt;  l’aménagement de points d’eau (bassins), à partir de captage de sources en plein massif, offrant la disponibilité de l’eau aux agents forestiers intervenant avec les véhicules anti-incendie, ainsi qu’aux sapeurs-pompiers de la Protection civile; les travaux sylvicoles tendus à la régularisation de la densité des peuplements forestiers de façon à mieux « aérer » la forêt et réduire la vitesse de propagation du feu; et, enfin, la construction ou l’aménagement des postes de vigie, sortes de tours d’observation et de surveillance des massifs utilisées par l’administration des forêts pour détecter les départs de feu et donner l’alerte. 

Des moyens aériens en renfort 

Afin d’asseoir une meilleure planification des travaux de DFCI, outre une gestion rationnelle et scientifique du patrimoine forestier, la Direction générale des forêts a fait inscrire des études d’aménagement pour quelques forêts domaniales de grande envergure, touchant, dans un premier temps, deux wilayas, Bordj Bou Arréridj et Bouira. 

Afin de renforcer et de compléter le rôle des postes de vigie, la Direction générale des forêts a acquis des drones de surveillance des massifs qu’elle utilisera dans certains wilayas. Le procédé est appelé à se généraliser. 

Au cours de la réunion du 30 mars dernier, le ministre de l’Agriculture a rappelé « les mesures proactives prises par les pouvoirs publics dans le cadre du plan national de lutte contre les incendies, notamment l’installation de la Commission nationale de protection des forêts deux mois avant le début de la saison et l’acquisition d’avions bombardiers d’eau, outre les moyens mobilisés par le secteur des forêts et de la Protection civile ».

La mobilisation de tous les moyens, destinés, aussi bien pour la phase de prévention que pour les opérations de la lutte active, est dictée par l’impératif de faire face à un phénomène qui, à l’échelle mondiale, a pris des proportions inédites, allant jusqu’à être à l’origine du nouveau concept de « Méga-feux ». 

Une moyenne de 25 000 à 30 000 ha par an

Les causes « classiques » des incendies sont toujours là. La première, et presque l’unique d’ailleurs, demeure la main de l’homme. Sauf qu’il y a lieu de faire la distinction entre les actes involontaires (négligences, inconscience, mauvaise gestion du cadre de vie) et les actes volontaires, criminalisés par la loi. La seule raison naturelle, dans des proportions infinitésimales, est le phénomène de la foudre. 

Au cours de ces trois dernières années, l’Algérie a vécu des moments douloureux et de tension suite aux feux de forêts ayant entraîné la disparition du couvert végétal sur des milliers d’hectares, la perte de plusieurs têtes de bétail et d’unités apicoles et la destruction de certaines infrastructures et équipements ruraux (écuries, granges, maisons,..). 

En 2021, l’Algérie a enregistré des incendies de forêt qui ont consumé 100 000 ha de couvert végétal,  avec des pertes humaines considérables, particulièrement dans la wilaya de Tizi Ouzou.

L’année 2022, moins désastreuse, avec 24 000 hectares de couvert végétal incendié, mais aussi avec des pertes humaines à l’Est du pays (El Tarf-Souk Ahras).

En 2023, une superficie de 41 000 ha a été parcourue par le feu, avec des pertes humaines à Béjaïa et Bouira.  À partir de statistiques échelonnées sur plusieurs années, il a été établi que la moyenne des superficies incendiées par année dans notre pays va de 25000 à 30 000 ha. 

A. N. M.

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