Après les incendies dévastateurs de l’année dernière, ayant causé la destruction de plus de 100 000 hectares de couvert végétal, une nouvelle approche semble en voie de se mettre en place en matière de préservation du patrimoine forestier et de prévention des départs de feux.
Par Mohamed Naïli
Après la mise en place, dès le début de ce mois de mai, des dispositifs de prévention et de lutte au niveau de plusieurs wilayas, la protection du domaine forestier intègre désormais la coopération internationale pour développer à long terme de projets de production d’équipements d’intervention, modernes et adaptés. C’est dans ce sens que s’inscrit l’initiative dont a fait part ce lundi le président du Conseil de développement Canada-Algérie (CDCA), Ghani Kolli, faisant état d’ « un projet de plateforme algéro-canadienne de fabrication aéronautique spécialisée dans la lute contre les feux de forêts ».
Evoquant des opérateurs canadiens qui semble intéressés par le marché algérien, le président du CDCA précise que « cette plateforme inclura une école des métiers de l’aéronautique, ainsi qu’un incubateur/accélérateur aérospatial afin d’accompagner les intervenants algériens dans la lutte contre les feux de forêts par voie aérienne, selon les normes internationales, tout en favorisant le développement d’une expertise algérienne sur le moyen et le long terme ».
Déterminée à investir dans ce domaine, selon l’ambassadeur du Canada, l’Algérie a déjà acquis auprès du Canada des produits aérospatiaux d’une valeur de près de 12 millions de dollars canadiens (près de 9,5 millions USD) depuis le début de l’année en cours seulement.
Au niveau des régions où se concentrent les périmètres forestiers, qui sont donc les plus exposées aux incendies, la mobilisation pour parer aux risques de départs de feux s’intensifie ces dernières semaines, contrairement aux années précédentes.
Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, la Conservation des forêts et les services de la protection civile travaillent en étroite coordination pour la mise en place d’un plan d’intervention durant cet été. Trois postes avancés supplémentaires de la protection civile sont ainsi mis en place au niveau des communes d’Aït Yahia Moussa, Mâatkas et Mekla où des équipes de ce corps d’intervention seront mobilisées en permanence du début jusqu’à la fin de la saison estivale. La Conservation des forêts, pour sa part, a mis en place 19 équipes composées d’agents spécialisés dans l’intervention en milieu forestier.
Impliquer les populations locales
Outre la mobilisation de moyens et équipements de lutte, les services en question mènent aussi des initiatives auprès des populations locales pour les sensibiliser sur la nécessité de protéger la nature et des espaces forestiers, mais aussi les impliquer dans les opérations de lutte en cas de départs de feux. C’est dans ce sens que la Conservation des forêts et la Protection civile ont organisé hier mardi à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou une rencontre avec les comités de villages, des associations écologiques et des chasseurs, pour débattre de toutes les questions liées à cette problématique. S’inscrivant dans le cadre d’une caravane de sensibilisation entamée le 11 mai courant et se poursuivra jusqu’à la fin juin pour toucher 44 communes sur les 67 que compte la wilaya, a fait savoir M. Khadraoui de la Conservation des forêts, une autre rencontre a été organisée simultanément dans la région de Ouaguenoun. Au cours de cette campagne, il sera question notamment de recenser avec les services communaux, les points noirs, comme les décharges sauvages, pour les éradiquer et aussi identifier les points d’eau avec les services de l’hydraulique, explique le représentant de la Conservation des forêts.
L’an dernier, sur les 100 000 hectares ravagés par les feux, entre arboriculture fruitière et forestière, maquis, buissons et broussailles, la wilaya de Tizi-Ouzou a été la plus touchée avec près de 44 000 hectares, suivie des wilayas de Bejaïa (13 174 ha), Khenchela (9 837 ha), Guelma (5 927 ha), El Tarf (5 090 ha) et Annaba (5 024 ha).
Au niveau national, pour remédier aux insuffisances de l’été dernier, d’importants moyens sont mobilisés cette année. La DGF a ainsi fait état d’un dispositif opérationnel composé de 401 tours de contrôle, 513 brigades mobiles et 63 camions-citernes d’eau positionnés autour de 3 261 points d’eau et 1 019 ateliers de travail d’un effectif de 9 481 agents mobilisables en cas de nécessité.
M. N.