La lutte contre la spéculation est devenue une priorité absolue pour le gouvernement, particulièrement, après les dernières injonctions du Président Tebboune, qui come ultime remède, a criminalisé cette pratique. Le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Kamel Rezig, a pour exécuter la décision présidentielle, donné des instructions strictes concernant essentiellement, la nécessité de contrôler certains produits agricoles après avoir enregistré des niveaux records de prix.
Par Réda Hadi
Aussi, les directeurs locaux ont été appelés à plus de coordination entre eux pour briser la chaine de la spéculation. Il s’agira, essentiellement, du suivi de la livraison des produits jusqu’à leur entrée sur les marchés de gros et de détail, avec des sorties sur le terrain, pour contrôler les stocks dans tout le pays.
Le ministre du Commerce a, par ailleurs, annoncé que ses services ministériels étaient en passe de réviser certains textes de loi, en coordination avec les secteurs ministériels concernés, en vue de «criminaliser» le phénomène de spéculation, donnant en même temps des instructions aux directeurs régionaux du secteur, à l’effet de réguler les prix de certains produits agricoles, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Les directives du ministre du Commerce ont laissé, cependant, perplexes des économistes algériens, pour qui les décisions ministérielles ne sont pas nouvelles, et ce, d’autant plus qu‘elles ne répondent pas expressément aux exigences présidentielles.
La lutte contre la spéculation n’en est pas à son premier essai, et jusqu’à présent peu de choses ont été efficaces, sinon momentanément, le temps que les spéculateurs reprennent du poil de la bête.
Avis mitigés
Billel Aouali, économiste, estime que les mesures prises par le ministère du Commerce sont du déjà vu «et aucune échéance n’est donnée. On ne peut vaincre la spéculation que par la transparence et la traçabilité, à commencer, par cesser les paiements cash quel qu’en soit le montant». Celui-ci estime, également, «que pour lutter contre la spéculation, on a même ressorti l’autorisation de vente directe du producteur au consommateur, sans pour autant en préciser les détails, et encore moins, les modalités et points de vente». Et de souligner que la lutte contre la spéculation passe aussi, par d’autres usages en amont, tel que le paiement par carte et en ligne. Bien que ce sujet soit important pour cette lutte, il rentre dans un autre cadre», a-t-il souligné
Dans cette optique M. Nabil djemaa, expert en économie, a souligné que ce type de lutte doit passer absolument, par des réformes structurelles et structurantes. «On ne peut lutter contre la spéculation dans un pays qui ne connait pas de normes dans l’exercice du commerce. Sans structures et fondations économiques adaptées, la spéculation continuera de sévir et d’exister. On doit poser les bases d’une vraie économie, faire des lois et les appliquer. Ce n’est qu’avec une économie forte et transparente que l’on peut faire face à la spéculation. Des secteurs entiers de l’économie sont fiables et livrés à la spéculation, que ce soit l’agriculture, le ciment le fer à béton, l’huile et j’en passe, tout est sujet à être spéculé. A cela, s’ajoutent des contrôles défaillants pour ne pas dire inexistants, comment voulez-vous que la spéculation ne règne pas ?», s’interroge-t-il ;
Celui-ci nous a précisé sa pensée et affirme qu’«on ne peut lutter contre la spéculation avec des mesurettes conjoncturelles. Il faut relever l’économie, produire plus et mieux. C’est de cette façon que la spéculation diminuera de manière conséquente»
R. H.