Après la révision du système des subventions pour soutenir les producteurs, de nouvelles mesures, plus restrictives celles-ci, viennent d’être prises pour éradiquer le fléau de la spéculation sur les produits de large consommation, confirmant ainsi la volonté du gouvernement à prendre à bras le corps la question de la sécurisation des approvisionnements en produits stratégiques.
Par Mohamed Naïli
Dans ce sillage, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a annoncé jeudi dernier lors d’une séance de questions orales à l’APN une nouvelle approche que prône désormais son Département pour assurer la disponibilité en produits de large consommation, lesquelles mesures qui concernent tout particulièrement la chaîne d’approvisionnement en blé et aliment de bétail.
Pour illustrer l’ampleur du phénomène de détournement des céréales subventionnées par l’Etat, le ministre a fait état de plus de 5 600 tonnes de produits céréaliers, dont 2 964 tonnes d’aliment de bétail, 1 261 tonnes de son de blé, 604 tonnes d’orge, 435 tonnes de maïs et 342 tonnes de soja, qui viennent d’être saisies à travers 17 wilayas dans le cadre d’opérations de lutte contre la spéculation sur les produits agricoles et alimentaires.
Outre ces opérations ponctuelles de contrôle, menées conjointement avec les services de sécurité, la nouvelle démarche de lutte contre que vient d’exposer le ministre du Commerce comprend des actions qui seront menées en coordination avec le ministère de l’Agriculture pour assurer le suivi du processus d’approvisionnement en blé et la distribution de la farine.
Cependant, en évoquant la question du son issu de la mouture de blé et qui, sur la base des cahiers des charges auxquels les minoteries sont tenues, devrait être livré aux éleveurs à des prix réglementés par l’ONAB (Office national des aliments de bétail), le ministre du Commerce a, à coup sûr, mis le doigt sur l’une des failles du système de distribution des produits céréaliers. En effet, au moment où le son de blé, dont le prix ne doit pas dépasser les 2 000 DA/quintal, demeure introuvable au niveau des points de vente agréés, les éleveurs sont contraints de le payer entre 3 000 et 3 500 DA/q sur le marché parallèle. Cette situation qui n’a pas manqué de scandaliser un nombre d’éleveurs a donc fini par interpeller les pouvoirs publics décidant ainsi de remettre de l’ordre dans ce circuit à travers lequel se sucrent de nombreux spéculateurs.
Les minoteries dans le viseur
C’est dans le même objectif que le ministre du Commerce, reconnaissant des « pratiques illicites qui perdurent », a annoncé aussi devant les députés qu’ « il a été procédé à la création d’une cellule de veille au niveau central et d’autres au niveau local sous la supervision du directeur de wilaya du commerce en coordination avec le directeur de wilaya de l’agriculture, pour le suivi du développement des prix de ces produits », alors qu’une enquête nationale sur les minoteries vient d’être ouverte pour faire la lumière sur la destination du blé subventionné par l’Etat pour la production de la semoule et la farine.
Sur les quelque 430 minoteries engagées dans le dispositif de transformation du blé subventionné, plusieurs en effet ont été impliquées ces dernières années dans des affaires de détournement et de tricherie sur la destination des quotas de blé acquis auprès de l’OAIC.
Outre les produits céréaliers, les autres produits de large consommation sont également concernés par les mesures annoncés par le ministre du Commerce pour la lutte contre la flambée des prix. Il s’agit principalement de procéder à l’ouverture d’une centaine de marchés de proximité à travers le pays, autorisation aux agriculteurs de vendre directement leurs produits au niveau des marchés de gros et de détail. Toutefois, cette dernière mesure a déjà été proposée par le passé mais sans enthousiasmer pour autant les agriculteurs, estimant n’avoir ni le temps ni les moyens leur permettant d’assurer eux-mêmes la vente de leurs récoltes.
M. N.