Le ministre du Travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, Youcef Chorfa a exposé, hier, à Genève, la stratégie de l’Algérie de lutte contre la pandémie de la Covid-19. S’exprimant lors des travaux de la 110ème réunion de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Chorfa a fait savoir que depuis plus deux ans, le monde est confronté à une crise sanitaire sans précédent.
Par Akrem R.
Cette pandémie a ébranlé les relations sociales et perturbé la vie des gens et leur moyen de subsistances, tout en ralentissant, du coup, la marche vers la réalisation des ODD d’ici 2030. «Face à cette dure réalité, il est devenu urgent de relancer la croissance, de renforcer les économies et d’améliorer la formation et la création d’emploi de qualité», dira-t-il d’emblée.
Dans ce cadre, Youcef Chorfa a rappelé que l’Algérie a adopté une stratégie de soutien financier et technique aux catégories touchées par la pandémie. Des mesures exceptionnelles ont été prises, comme la réduction du fardeau de la sécurité sociale en faveur des entreprises et des travailleurs non-salariés et également, le report du remboursement des prêts bancaires, des exemptions fiscales et autres.
Il est à noter que la propagation rapide et non anticipée de la pandémie de Covid-19 a affecté l’économie mondiale, cette dernière ayant connu un ralentissement depuis la mise en place des mesures de confinement dans la majorité des pays. Les effets sur les PME et le marché du travail ont été dramatiques : sept entreprises sur dix ont réduit leurs capacités de production en raison de la réduction du nombre d’employés et des heures de travail.
L’économie algérienne s’est fortement affaiblie, le Coronavirus a provoqué en Algérie une crise de l’emploi sans précédent, des milliers de postes ayant été perdus. Une étude réalisée sur un échantillon de 3360 entreprises employant 440.000 travailleurs, montre que 12 % des travailleurs ont assisté à une fermeture provisoire de leurs entreprises et 1% par une fermeture définitive, soit une perte de plus de 50 000 postes d’emploi. L’enquête précise que 4% de ces entreprises ont maintenu leur activité, selon l’étude du ministère du travail de 2020.
Une politique favorable à l’investissement
Face à cette situation, le gouvernement a adopté une politique favorable à l’investissement et l’accompagnement des entreprises dans le maintien des postes d’emploi et le placement des jeunes affiliés au dispositif d’insertion sociale dans des postes permanents. Dans le même contexte, poursuit-il, «nous avons mis en place un nouveau droit permettant aux travailleurs de bénéficier d’un congé d’un an pour la création d’entreprise».
En somme, la crise économique et sanitaire actuelle, a montré qu’il est impérative, recommande-t-il, de renouer les liens entre entreprises, travailleurs et gouvernement pour une relance axée sur la reforme, et qu’il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques audacieuses pour faire cesser les inégalités.
S’agissant de protection sociale, le ministre du travail a rappelé l’adoption d’une politique harmonisée, assurant la pérennité du régime de la sécurité sociale élargissant la couverture et facilitant le passage du secteur informel au secteur formel. Et d’ajouter : «Nous avons également créé une allocation chômage pour les primo-demandeurs d’emploi âgés de 19 à 40 ans, mise en œuvre depuis mars 2022». Actuellement, près d’un million de primo-demandeurs d’emplois bénéficient de cette allocation fixée à 13 000 DA. Cette allocation permet, ainsi, à ces gens, de bénéficier, précise le ministre, de services de la sécurité sociale, d’un revenu leur permettant de couvrir leurs besoins de base, leur assurant des conditions de vie décentes en attendant de les insérer dans des postes d’emploi.
Concernant le renforcement des libertés syndicales et de la protection du droit syndical, conformément aux normes figurant à la convention N° 87, « nous avons adopté un amendement législatif permettant aux syndicats de s’organiser en fédération quel que soit leur secteur d’activité. Cet amendement a permis aux travailleurs étrangers d’êtres membres ou leaders syndicaux. Il renforce le rôle des délégués syndicaux contre tout abus». Il a enfin réitéré l’appui permanant de l’Algérie aux revendications des travailleurs palestiniens pour améliorer leurs conditions de travail.
A. R.