Lors de l’achat en bourse d’une fraction du groupe espagnol Naturgy Energy : La Sontrach -Algérie- peut-elle concurrencer le groupe énergétique Emirati, TAQA?

Abderrahmane Mebtoul

Par Abderrahmane MEBTOUL

Pour l’instant, en ce mois de mai 2024, Sonatrach qui, selon le magazine britannique « The Economist » entre 2022 et 2023, a été classée parmi les quinze plus grandes compagnies pétrolières au monde et en douzième position en termes de production de pétrole et de gaz, contribuant à plus de 10 % du chiffre d’affaires total des 500 entreprises répertoriées et accessoirement Sonelgaz sont les deux plus importantes sociétés algériennes, quelques entreprises privées possédant un bon management stratégique existent mais étant pour des raisons historiques et du choix politiques, actuellement marginales.

Sous réserve de la levée du carcan bureaucratique et d’une gestion administrative dépassée afin de libérer les énergies créatrices, ces deux sociétés ayant un ancrage international, peuvent créer au niveau international des coentreprises ou joint-ventures qui consistent en un contrat de collaboration entre deux ou plusieurs entreprises dans le but de mettre en commun une stratégie avec la mutualisation des coûts et des risques ou des fonds souverains (en anglais sovereign wealth fund), ou fonds d’Etat qui est un fonds de placements financiers détenu par l’Etat gérant l’épargne nationale et l’investissement dans des placements variés (actions, obligations, immobilier) notamment à l’étranger contribuant à la diversification de l’économie nationale et à l’équilibre de la balance des paiement et au montant des réserves de change (balance devises nette positive entre sorties et entrées ).

C’est que Sonatrach et Sonelgaz ont investi dans la valeur la plus sûre la ressource humaine recelant d’importantes compétences technologiques et managériales en n’oubliant pas les nombreux cadres de hautes valeurs retraités qui ne demandent qu’à servir le pays mais également les compétences de la diaspora.

L’Algérie devra grâce à une formation pointue faire émerger les traders appelés « market maker  » qui aideront à mettre en place la négociation des produits financiers et une véritable stratégie de marké- ting avec des partenaires étrangers de renom contrôlant la technologie, les circuits financiers et de commercialisation au niveau mondial.

D’une manière générale, il est souhaitable que l’Algérie crée des fonds souverains qui sont des fonds d’investissement orientés dans des actifs étrangers pour diversifier l’activité économique, lui permettant des entrées en devises appréciables, fonction du taux de profit largement supérieur souvent que le placement avec des intérêts qui sont faibles actuellement au niveau des banques internationales.

Selon Statistica de juin 2023 les plus importants fonds souverains sont par ordre : China Investment Compagny 1351 , SAFE Investment Compagny -Chine 1034 ( tous deux réunis pour la Chine 2385 milliards de dollars alors étant alors classé premier) -les fonds souverains japonais 1425milliards de dollars – la Norvège 1375 milliards de dollars -Abu Dhabi avoisine 999 milliards de dollars avant – le Koweït 769 milliards de dollars -, l’Arabie Saoudite 730 milliards de dollars -, la Corée du Sud 707 milliards de dollars -, le Qatar, 461 milliards de dollars d’actifs.

Cependant, il y a lieu de ne pas confondre le fonds souverain et le niveau des réserves de change qui sont des avoirs détenus par les banques centrales en devises étrangères y compris l’or, le stock d’or en Algérie n’ayant pas changé en volume depuis 2007 stagnant à 173 tonnes (voir Abderrahmane Mebtoul google.com 2007/2008), lui permettent de disposer de liquidités suffisantes pour conduire des opérations de change ou faire face à un déficit de sa balance des paiements.

Ces réserves sont une condition nécessaire mais non suffisante au développement devant provenir de la création de la valeur et non d’une rente, devant transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles : exemple les USA première puissance économique mondiale ayant des ré- serves relativement fiable (source FMI novembre 2023) de 36,30 milliards de dollars.

Les 15 pays ayant les plus importantes ré- serves de change ne sont pas forcément les pays les plus développés excepté la Chine et leJapon.Par ordre décroissant nous avons pour fin 2023 : la Chine 3171,87 milliards de dollars de réserve de change, le Japon 1269,707, la Suisse 729,958 ; l’Inde 620,440, la Russie 592, 352, Taiwan 567,517, Arabie Saoudite 425,970, Hong Kong 404,600, la Corée du Sud 417,080, le Brésil 348,406, Singapour 344,072, Allemagne 319,063, Italie 244,547 et la France 243,070.

Ce classement contraste avec celui du produit intérieur brut PIB qui traduit la richesses créée en une année, mais devant le corriger par le nombre de population : ainsi USA et Europe pour moins d’un milliard d’habitants accaparent plus de 40% du PIB mondial évalué en 2023 à plus de 101.000 milliards de dollars.

Nous avons les 15 plus grandes puissances économiques mondiales par ordre décroissant ( source FMI 2023) : USA 25462,70 milliards de dollars pour une population de 340 millions d’habitants, la Chine 17963,17 pour une population de 1,4 milliard, le Japon 4231,14 pour une population de 126 millions, l’Allemagne 40,7219 pour une population de 87 millions, l’Inde 3385,09 pour une population dépassant la Chine depuis le 01 janvier 2024 plus de 1,4 milliard, le Royaume Uni 3070,67 pour une population de 69 millions, la France 2782,91 pour une population 68 millions, la Russie 2240,42 pour une population de 145 millions, le Canada 2139,84 pour une population de 40 millions, l’Italie 2010,43, 60 millions le Brésil, 1920,10 pour, une population de 204 millions, l’Australie, 1675,42 pour une population 27 millions, la Corée du Sud 1665,25, pour une population de 52 millions, le Mexique 14414,19,pour une population de 129 millions l’Espagne 1397,51 milliards de dollars pour une population de 48 millions d’habitants.

En conclusion, il faut se rendre à l’évidence du fait des expériences internationales, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments mais que des intérêts, que des clauses contractuelles ne sont pas une fin en soi, la solidité de telles clauses n’étant pas évidente lorsque l’entreprise avec laquelle on contracte est cotée en Bourse.

Ainsi la Sonatrach ou tout autre société, peut concurrencer l’offre d’achat du groupe énergétique Emirati, TAQA, d’une fraction du groupe espagnol Naturgy Energy, il suffit d’’y mettre le prix, fonction de l’offre et de la demande.

Aussi s’impose des stratégies d’adaptation, étant dans un monde interdépendant s’ orientant vers un monde multipolaire où les BRICS pèsent avec les nouvelles adhésions fin 2023 33% du PIB mondial avec 50% de la population mondiale, qui sera dominé par les nouvelles technologies (transition numérique), la transition énergétique afin de faire face aux impacts négatifs du réchauffement climatique et les marchés financiers à travers les transactions boursières qui ont totalisé en 2023 100.000 milliards de dollars , niveau proche du PIB mondial.

Face à ces transformations, l’idée développée il y a de cela plusieurs années ( voir conférence à l’UNESCO 1993 du professeur Abderrahmane Mebtoul séminaire international Europe/Afrique) , d’une bourse euro africaine afin de dynamiser l’investissement du continent dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant est d‘une brûlante actualité.

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