Les préparatifs pour l’ouverture de bureaux de change s’accélèrent. Les ports et les aéroports, notamment ceux d’Alger, seront les premiers à abriter ces bureaux tant attendus par les Algériens, en attendant leur généralisation à tous les postes frontaliers. Ainsi, l’entreprise portuaire d’Alger (EPAL) a annoncé, jeudi dernier, l’ouverture prochaine de quatre bureaux de change au niveau de la gare maritime, une démarche visant à faciliter les opérations de change pour les voyageurs.
Par Akrem R.
Premiers du genre en Algérie, ces bureaux, qui commenceront, « bientôt », à offrir leurs services, s’inscrivent dans le cadre de «la mise en œuvre de la décision du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, relative à l’augmentation de l’allocation touristique au profit des citoyens algériens», a précisé l’EPAL dans un communiqué.
Les services de l’EPAL ont, ainsi, réservé «des sites adaptés à l’activité de ces bureaux au niveau de la gare maritime, en adéquation avec les procédures exigées pour les traversées maritimes, facilitant ainsi l’opération de change pour les voyageurs», selon la même source.
Lors de l’inspection de ces bureaux, le directeur de la région centre et responsable du système de paiement, le vice-gouverneur de la BA, Mohamed Benbahane, s’est dit « très satisfait de la concrétisation de cette opération, qui s’inscrit dans le cadre de l’application des instructions des pouvoirs publics pour la création et l’équipement des bureaux de change au profit des voyageurs au niveau de la gare maritime ». En effet, l’installation de ces premiers bureaux de change est considérée comme une mesure visant à réduire la sphère informelle des devises.
Ce marché, rappelons le, a pris des proportions inquiétantes ces dernières années, nuisant à l’image de l’Algérie et surtout à l’économie nationale. Plusieurs détenteurs de fonds en devises préfèrent continuer à alimenter ce marché parallèle plutôt que d’investir dans des domaines productifs, en raison du grand fossé existant entre la parité dinar/devises sur le marché officiel et celui de l’informel.
Ainsi, la maigre bourse de voyage octroyée jusqu’à présent par la Banque d’Algérie, fixée à 95 euros, était également l’une des raisons de la prolifération de ce marché noir des devises.
Face à une forte demande et une faible offre sur le marché officiel, les voyageurs vers l’étranger, notamment les hommes d’affaires, se voient dans l’obligation de s’approvisionner en devises sur le marché informel, dont celui dudit «Squar» situé au cœur d’Alger.
Durant l’été dernier, la monnaie unique européenne, l’euro, très demandée par les Algériens, a atteint son plus haut niveau, dépassant les 260 DA pour un euro. Hier, samedi, un euro était cédé à 253,5 DA sur le marché informel, tandis qu’au niveau des banques, il ne coûte que 150 DA ! Donc, la régulation de ce marché devient plus que nécessaire pour les pouvoirs publics.
C’est dans ce cadre que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait décidé, en décembre 2024, de l’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros par an pour chaque voyageur algérien, ainsi que de celle du Hadj à 1 000 dollars par pèlerin.
Une loi régissant cette augmentation a été promulguée, mais les textes d’application et les conditions d’octroi de cette bourse de voyage n’ont pas encore été publiés.
Les conditions d’octroi de l’allocation touristique de 750 euros
Si aucune date n’a été fixée jusqu’à présent par la Banque d’Algérie, un député du FLN, en l’occurrence Zoheir Nasri a expliqué le processus d’octroi de la nouvelle allocation touristique, sans s’étaler sur les conditions pour en bénéficier.
La première étape consiste à se présenter devant la succursale de la Banque d’Algérie de votre wilaya pour obtenir un récépissé. «En ce qui concerne l’allocation touristique de 750 euros, elle sera disponible à partir du mois de février», a écrit le député FLN.
«Pour en bénéficier, il faut se rendre à la succursale de la Banque d’Algérie de votre wilaya, muni de votre passeport, de votre billet et de votre assurance voyage, ainsi que de l’équivalent en dinars du montant de l’allocation. La banque vous fournira un reçu. Ce récépissé sera utilisé à l’aéroport ou au port après avoir obtenu votre carte d’embarquement et passé le contrôle de la police des frontières et des douanes, c’est-à-dire une fois qu’ils auront confirmé que vous partez en voyage. Vous recevrez un montant de 750 euros aux guichets de la Banque d’Algérie situés dans la salle d’embarquement de l’aéroport ou du port», a détaillé Zoheir Nasri.
En somme, à travers cette nouvelle organisation, la Banque d’Algérie veut lutter contre les fraudeurs de devises, dont certaines personnes bénéficient de l’allocation sans toutefois quitter le pays.
Dans cette démarche, les autorités visent également à collecter des devises au niveau des gares maritimes et des aéroports. Les voyageurs arrivant de l’étranger peuvent y échanger leurs devises contre des dinars en toute sécurité, d’autant que l’Algérie ambitionne de devenir, dans les prochaines années, une destination touristique de choix.
Ces dernières années, et grâce aux mesures de simplification, de nombreux touristes ont visité l’Algérie, notamment le grand sud, sans compter les membres de la communauté nationale établis à l’étranger.
Il convient de rappeler qu’une autre mesure importante a été prise en 2024 par la BA, en plafonnant à 7 500 euros le montant en devises que les résidents et non-résidents peuvent exporter par an, au lieu de cette même somme par voyage, et en augmentant considérablement l’allocation touristique.
A. R.
