Par Lyazid Khaber
«Il n’est plus acceptable et sans aucun doute dangereux pour le pays que son système économique et son modèle social dépendent lourdement d’une variable exogène sur laquelle nous n’avons aucune influence.»
Rachid Sekak
Notre économie, en dépit de tous les efforts consentis, pour notamment, réduire la facture d’importation, et de là économiser les ressources financières en devises, dépend toujours d’une grande inconnue : les fluctuations boursières et le prix du baril. Cette situation est pour le moins stressante. Les pouvoirs publics qui annoncent, d’ores et déjà, des déficits dans le budget, ne nous disent par pour autant, comment ils vont faire pour le financer. Les réserves de change, étant déjà très éprouvée, et se voient fondre comme neige au soleil, et les sources de financement hors-hydrocarbures ne sont même pas en mesure d’être comptabilisées. Ceci dit, la seule planche de salut, du moins pour l’année en cours, reste indubitablement le pétrole. En ce sens, un rapport du Fonds monétaire international (FMI), publié par l’agence américaine Bloomberg, note que «l’Algérie aurait besoin d’un baril de pétrole à 135,2 dollars, pour pouvoir équilibrer son budget pour l’année 2021.» Le rebond observé ces dernières semaines sur les prix de l’or noir n’étant pas pour rassurer, surtout que les bourses restent toujours frileuses, et loin de s’installer sur une «vraie» pointe positive. En effet, si dans les échanges d’hier, les cours du brut ont progressé, avec un baril de Brent proche des 70 dollars, il ne faut pas oublier que sur les autres marchés, où nous nous approvisionnons en denrées essentielles, les cours qui sont en plein renchérissement n’arrangent pas notre «maigre bourse». En effet, après une chute au premier semestre 2020, les prix des biens agricoles augmentent depuis la fin de l’année dernière, impactés par la crise sanitaire. En effet, l’indice agrégé des céréales est désormais 32% plus élevé que son niveau de 2019 d’avant la pandémie et l’indice agrégé des huiles et tourteaux, 56%. Si l’on va, comme préconisé par les experts boursiers, vers un nouveau boom des matières premières agricoles, qu’en restera-t-il comme marge de manœuvre ? Notre agriculture qui, en dépit de quelques performances à relever, demeure loin de constituer un secteur exportateur et pourvoyeur de devises. Et c’est là toute la question de savoir comment appréhender l’avenir, tant que nous dépendons encore du pétrole.
L. K.