Forte augmentation attendue de l’offre mondiale de pétrole pour 2025. Elle atteindrait potentiellement son plus haut niveau depuis dix ans. Le retour en force des schistes américains sur fond de recompositions géopolitiques est déjà intégré par les marchés (1).
Par Dr. Mourad Preure
L’augmentation de la production de l’OPEC+ risque d’entrainer les prix dans un sentier baissier robuste et imprévisible. L’économie américaine donne des signes d’essoufflement, aggravés par la guerre commerciale engagée par le président Trump (2) dont l’imprévisibilité affecte de plus en plus sérieusement l’économie mondiale.
L’Europe communautaire en pleine crise systémique qui menace de la faire voler en éclats est un facteur d’incertitude majeur.
De l’autre côté, la Chine peine à faire du marché intérieur le moteur de sa croissance. Autant d’incertitudes qui ne manqueront pas d’affecter les prix pétroliers et gaziers.
Il est important pour nous d’observer une politique prudentielle stricte associée à une impulsion de l’offre nationale hors HC dans une logique d’import-substitution.
La crise qui affecte les économies occidentale est structurelle, affectant en premier lieu l’Europe communautaire. Il nous faut réduire nos vulnérabilités (et donc les identifier d’abord), ensuite profiter des opportunités qu’ouvre toute crise de ce calibre. Notre
pays doit implémenter deux fonds souverains. Un fond souverain national pour soutenir l’investissement privé dans l’import-substitution, voire l’exportation. Un fond souverain international pour acquérir des actifs en international, en Europe particulièrement car les entreprises sont très affectées par la crise, les deux plus importants pays européens qui sont l’Allemagne et la France sont quasiment en récession, avec pour la France une situation excessivement précaire (endettement de 3 200 milliards d’euros, déficits publics de 6%, déficit commercial important, risque de voir sa note souveraine dégradée par les agences de rating à simple A, ce qui précipitera sa crise) au moment où le président Trump décide de leur mener une guerre économique.
Nous devons saisir cette chance, profiter de cette fenêtre d’opportunités pour prendre des participations dans des entreprises européennes stratégiques en mesure de générer des synergies avec nos entreprises et nos universités. Nous avons des ressources pour mener une offensive et générer des moteurs de croissance hors hydrocarbures.
Il faut agir vite et avec détermination avec un fond souverain dirigé par des compétences nationales, dont celles exerçant à l’étranger. Un fond souverain qui serait suivi par une cellule dépendant du président de la République.
La seconde moitié de la décennie risque fort d’être périlleuse pour le marché pétrolier, et partant pour nos équilibres macroéconomiques. Nous avons les moyens financiers et humains d’être proactifs et tirer avantage des transformations en cours. Il nous faut agir avec intelligence et détermination.
M. P.
(*) Enseignant et Consultant en Stratégie et géopolitique. Expert dans les questions énergétiques
Notes :
(1)Bien avant le début de la décennie les shale oils américains se sont imposés comme swing producer et ont confisqué à l’OPEC ce pouvoir de cartelliser le marché.
L’OPEC balance en réalité entre une ligne de défense des prix ou défense des parts de marché depuis les années 1980 où les pétrodollars placés dans les banques occidentales ont financé la découverte de gisements dans les zones hors OPEC et donc une offre concurrente.
Avec les schistes américains et le ralentissement de la demande la situation devient très difficile et impose une solidarité et une discipline très fragiles vu les divergences d’intérêt entre pays à réserves longues et ceux à réserves courtes mais à forts besoins financiers qui constituent L’OPEC.
En novembre 2016 l’Algérie a réussi à rassembler autour d’une ligne de défense des prix (et donc de limitation de la production) 10 pays non OPEC autour de la Russie avec L’OPEC.
L’OPEC+ qui en a résulté a joué au cartel avec plus ou moins de succès. Aujourd’hui, par son injonction et son soutien à la production américaine, Trump veut faire éclater ce cartel. Attendons pour voir.
(2)L’offre pesait sur le marché bien avant Trump sans compter les capacités inutilisées spare capacities de L’OPEC. La preuve, la crise géopolitique sévère du Moyen-Orient, voire, la guerre entre l’Iran et l’entité sioniste a laissé indifférents les marchés.
Tout de même les missiles survolaient parmi les plus grands gisements dans le monde Burgan au Koweït et Ghawar en Arabie Saoudite ainsi que les installations et ports pétroliers de Doha, Jubail et Ras Tanura