La nouvelle liste des matières et marchandises interdites à l’importation sauf, sous conditions, suscite déjà l’opposition d’acteurs de la scène socio-économique. En effet, dans un communiqué de presse conjoint rendu public, hier, par l’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE) et l’Union national des commerçants et artisans (UGCA), ces deux associations interpellent le gouvernement, notamment le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, sur la nécessité du geler les nouvelles taxes douanières (DAPS) imposées au 2608 produits au lieu de 992 en 2021.
Par Akrem R.
Les signataires, appellent, également, à procéder à la révision de la liste et des taux des taxes, qui varient actuellement entre 30 à 100%, du fait que la production locale n’arrive pas à satisfaire les besoins du marché en certains produits, à l’instar des vêtements du prêt-à-porter et textiles. Cette filière d’activité ne couvre que 20% des besoins du notre marché ! Et dépit de cela, elle est soumise à une taxe de sauvegarde additionnelle (DAPS) de 30%, s’insurgent-ils !
Une fois ces taxes applicables, les produits et marchandises issues de l’importation connaitront sans doute une flambée, notamment durant cette période de pandémie ou les prix du fret enregistrent des seuils historiques. Les prix de la plupart des produits sur le marché algérien augmentent crescendo et sans répit. Cette hausse généralisée a anéanti, pratiquement, le pouvoir d’achat des ménages, et ce, malgré le maintien du système des subventions de l’Etat pour les produits de large consommation et les mesures pour l’amélioration des salaires. Une situation qui a obligé les chefs de famille de revoir leur mode de consommation et la gestion de leur budget. Le résultat est là : la consommation se trouve à son plus bas niveau et des activités commerciales sont au bord de la faillite. Le chiffre d’affaires de beaucoup de commerçants a été divisé par deux. En clair, l’activité commerciale qui fait face déjà à une concurrence déloyale imposé par les acteurs de l’informel se trouve dans une situation «lamentable». C’est pour cela, estiment l’APOCE et l’UGCA, qu’il est plus que nécessaire d’élargir les membres de la commission consultative chargée d’étudier les moyens de protection des produits «made in algeria».
Limiter les importations à tout prix
Les mesures de sauvegarde instaurées par le gouvernement, en imposant les droits additionnels provisoires de sauvegarde (DAPS) allant de 30 à 200% sur les produits importés, ont impacté négativement le produit algérien et, également, le pouvoir d’achat des ménages, avait déclaré Ismaïl Naâmane, président de l’Association nationale des opérateurs économique algérien (ANOEA). Ce dernier avait, par ailleurs, interpellé le gouvernement sur l’ouverture du marché nationale à la concurrence, à travers la libération des importations.
Pour sa part l’expert en économie, Ishak Kherchi a qualifié l’appel de l’APOCE et l’Union des commerçants, de revendication «légitime», précisant que c’est le seul moyen pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, le retour de la consommation et enfin, la relance de l’activité commerciale. Toutefois, précise-t-il, le gouvernement veut à tout prix préserver les réserves de change à plus de 40 milliards de dollars. D’ailleurs, «cet objectif est perçu comme étant un projet économique d’Etat. L’imposition de taxes douanières de sauvegarde, vise la limitation de la consommation de ces produits et à dissuader les importateurs de ces marchandises. En somme, la préservation des réserves de change est la finalité principale des pouvoirs publics». Et d’ajouter : « L’Algérie ne veut plus recourir à l’endettement extérieur. C’est pour cela qu’elle a durci ses mesures sur le commerce extérieur en limitant les importations. La baisse des réserves de change en-dessous de 40 milliards de dollars, un montant suffisant pour satisfaire nos besoins pour une période de 10 à 12 mois, ferait que la Banque mondiale classera notre pays sur la liste des pays à risque».
Il est à noter que le Ministère du Commerce et de la Promotion des Exportations a achevé l’élaboration de la liste des matières et marchandises importées concernées par la redevance supplémentaire temporaire de protection du produit national, qui comprend cette année 2 608 produits publiés sur 65 pages, couverts par la redevance à des taux variant entre 30 et 100%.