Par Lyazid Khaber
«En dépit de son poids prédominant dans les pays en transition et en développement (PED), l’économie informelle est longtemps restée largement méconnue, constituant un angle mort des politiques publiques.»
François Roubaud
Parler de l’informel que certains qualifient tout bonnement d’économie, est un peu hasardeux, tout comme lorsqu’on reprend les chiffres galvaudés ici et, parfois même par des responsables dont les fonctions leur accorde la qualité de source autorisée. Voilà, dans notre pays ou ailleurs, l’informel pose un double défi, à savoir définir de quoi parle-t-on et savoir par quel moyen le mesurer ? Pour la définition, l’élément essentiel se trouve dans la structure même des entreprises ou des individus qui opèrent sur ce marché de l’ombre. Opérant souvent à petite échelle, ces «opérateurs minuscules» ne manquent pas de brasser d’énormes sommes d’argent. Un peu partout dans le pays, la pratique est monnaie courante, et le marché noir est souvent la destination préférée, tant des consommateurs que des producteurs. Ainsi, et en l’absence d’un véritable marché structuré, situation qui se trouve aggravée par l’absence d’homogénéité dans les politiques d’imposition décidées et appliquées par l’Etat, les «petits roublards» de l’informel trouvent leur compte, mais pas que… Ceux-là ont la possibilité d’imposer leurs propres lois, et les producteurs, eux-mêmes pris dans l’étau des impôts d’un côté, et de l’autre, celui de l’informel, n’ont d’autre choix que celui de se plier aux à leurs caprices. Les nouveaux producteurs, arrivant fraichement sur le marché, sont condamnés à faire escale sur le marché informel avant d’espérer intégrer la grande arène du marché dit visible. Toutefois, si toutes ces carences sont connues de tous, pourquoi personne ne bouge le petit doigt. Pourquoi faut-il passer par le Hamiz, faire «griller» (c’est le mot utilisé chez ces bons vendeurs) sa marchandise à Oued Smar ou encore, louer les services des grands pourvoyeurs d’El-Eulma ou de Ain Mlila, pour se faire une place au… marché ? Tout le mal est là, et si nous allons chercher à comprendre, on saura que c’est tout un système qui est fait pour arranger le développement de l’informel. Sinon, ne faut-il pas réguler le marché et mettre en place une politique des prix adaptée qui assurerait une marge raisonnable aux différents intervenants (producteur, grossiste, détaillant), et de plafonner les prix à la vente, du moins pour les produits de large consommation ? Toutefois, si cette démarche est généralisée, faudrait-il penser à supprimer certaines taxes pour assurer une marge bénéficiaire aux producteur/transformateurs, auxquels on pourra aisément demander des comptes par la suite. Ceci dit, sans une politique homogène, impliquant l’ensemble des services concernés (DCP, Impôts, Services de sécurité et collectivités locales), l’informel aura encore de beaux jours devant lui.
L. K.