L’importation des produits finis du marbre et de la céramique interdite : Un coup de fouet pour la production locale

L’Algérie poursuit sa politique de préservation de la production nationale. De nouvelles mesures «protectionnistes» viennent d’êtres annoncées par le gouvernement.  En effet, l’importation des produits finis du marbre et de la céramique est désormais interdite.  C’est ce que l’Association des banques et des établissements financiers (ABEF) a indiqué dans une Note n° 64/DG/2024   adressée aux directeurs généraux des Banques et des établissements financiers en date du jeudi 18 janvier 2024.

Par Akrem R.

« J’ai l’honneur de vous informer que l’ANEB a été rendue destinataire d’une correspondance n°116/MC/SG/2024 DU 15/01/2024, reçu ce jour, émanant de Monsieur le Secrétaire Général du Ministère du Commerce et de la Promotion des Exportations, nous informant qu’il est demandé aux banques de ne plus accepter les demandes de domiciliation bancaire liées à l’importation de produits en marbre et en céramique, sous leur forme finale», lit-on dans cette Note signée par le Délégué général de l’ABEF, Rachid Belaid, que nous avons consultée. à cet effet, ajoute la même source, « il vous est demandé d’instruire vos services concernés, à l’effet de prendre toutes les dispositions nécessaires, pour l’application de cette mesure».

En effet, à travers cette décision, le gouvernement veut booster la production nationale, notamment celle du marbre et de la céramique, d’autant que notre pays est riche en matière première de ces produits. C’est, doc, une mesure qui s’inscrit en droite ligne avec la vision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à savoir, la valorisation de nos richesses naturelles en finir avec l’exportation ou l’importation de matériaux en l’état brut. 

Cette décision d’interdire l’importation des produits finis en céramique et en marbre survient dans un contexte où l’Algérie a mis en place une nouvelle politique de relance de l’investissement à grande échelle, en ciblant des créneaux d’activités pour, d’abord, la réduction de la facture d’importation et la promotion de la production «made in algeria», dont le but est de s’inscrire dans les chaines de valeurs, la création de richesse et de l’emploi et d’aller, par la suite, vers l’exportation.

Ce dernier est considéré comme comme levier de la diversification de l’économie nationale et facteur de réduction de la dépendance du pays de la manne pétrolière.

Des experts estiment que cette interdiction stimulera davantage l’investissement dans la filière marbre et céramique afin de répondre à la demande locale, avant de s’orienter vers l’exportation.

L’Algérie dispose de cinq gisements en activité, trois de marbre et deux de granit dans les wilayas de Tlemcen, Ghazaouet, Tamanrasset et Saïda. D’autres projets sont en cours d’études.

Concernant la céramiques, les producteurs locaux au nombre de 65 sociétés affirment qu’ils disposent d’une capacité totale installée de 200 millions de m²/an, ce qui représente selon eux, «plus 200% des besoins du marché national, en prenant en compte le programme d’1 million de logements par an». 

Booster la production nationale 

Il est à rappeler que le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait ordonné l’interdiction d’importation du marbre prêt à l’emploi, avec l’autorisation de l’importation du marbre brut jusqu’à fin juillet 2023.

Intervenant au terme d’un exposé sur la filière marbre, lors du Conseil des ministres qu’il a présidé le 30 avril 2023, le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait enjoint au Premier ministre «d’interdire l’importation du marbre prêt à l’emploi et d’autoriser uniquement l’importation du marbre brut jusqu’à fin juillet, sans pour autant que cette mesure n’engendre une pénurie».

Une décision qualifiée de très favorable au développement de la filière, avaient déclaré des industriels activant dans la production et la transformation de marbre.

«C’est une décision très importante qui permettrait aux opérateurs activant dans la filière d’investir davantage dans la transformation et la production», avait estimé Djallal Guitoune, secrétaire général de la Fédération algérienne des minerais, des mines et de l’industrie de la pierre.

Pour ce professionnel de la pierre, l’importation des dalles brutes et semi-finies «tue carrément l’industrie du marbre et pénalise ceux qui ont fait de gros investissements dans la transformation et la fabrication des dalles».

Outre l’encouragement des investisseurs à se lancer davantage dans la transformation et la fabrication de marbre, il a estimé que cette mesure devrait également pousser les investissements dans les carrières pour rechercher la matière première localement, en précisant que la production actuelle de marbre brut est bien en deçà des potentialités existantes.

«Contrairement à certains pays exportateurs qui exploitent leurs carrières de marbres depuis des siècles, l’Algérie dispose d’importants gisements sous exploités et de meilleure qualité», avait-t-il fait valoir dans une déclaration à l’APS, en assurant que le développement de la filière devrait permettre au pays de satisfaire le marché local et dégager des excédents pour l’exportation.

Faire barrage aux produits espagnols 

Cette décision d’interdiction d’importation de produits finis en marbre et céramique survient aussi, rappelle-t-on, cinq jours après le rétablissement des relations commerciales avec l’Espagne, après 19 mois de rupture, suite à la crise diplomatique qui a éclaté entre les deux pays après la décision du gouvernement espagnol en mars 2022 de changer de position sur le conflit au Sahara occidental en apportant son soutien au Maroc.

En terme clair, l’Algérie a pris ses devants afin de préserver la production nationale en marbre et céramique, en fermant la porte aux produits espagnols de reprendre place sur le marché algérien.

En somme, à travers ce genre de décisions conforment aux pratiques commerciales partout dans le monde, l’Algérie vise la protection de son outil de production et la préservation de ses devises et que le recours à l’importation ne doit être qu’en complément à la production nationale.

Pour 2024, la balance commerciale devrait être excédentaire entre 2024 et 2026, en atteignant 6,3 milliards de dollars d’excédent en 2024, puis 5,0 milliards et 6,6 milliards en 2025 et 2026, respectivement.

Quant aux importations de biens, au titre de l’année 2024, elles devraient augmenter en dollar courant de +4,4% par rapport aux prévisions de clôture 2023, pour atteindre 42,4 milliards de dollars, puis 45,3 milliards en 2025 et 45,0 milliards en 2026, selon les prévisions du ministère des Finances.

A.R.

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