L’Etat veille à assurer l’autosuffisance en blé : Une nouvelle stratégie dévoilée

Céréales : Vers l'autosuffisance en blé dur d'ici à 2027

L’Algérie veut renforcer sa sécurité alimentaire. Une nouvelle stratégie pour les céréales a été élaborée à cet effet par le gouvernement. Présenté hier à Alger par un groupe de réflexion composé de chercheurs universitaires et d’experts agricoles, ce nouveau plan stratégique vise à relever le défi de l’autosuffisance en blé. Avec une production annuelle de près de 4 millions de tonnes, l’Algérie est contrainte de recourir aux marchés mondiaux pour combler les déficits et répondre aux besoins des populations. 

Par Akrem R.

Selon les données de l’USDA, le pays qui a importé 8 millions de tonnes de blé en 2021-2022, et 7,5 millions en 2022-2023, devrait en faire venir 8,7 millions de l’étranger en 2023-2024: c’est plus que le dernier pic de 8,4 millions qui a été atteint en 2016-2017. Ces importations sont coûteuses et pèsent lourdement sur la balance commerciale du pays.

Conscient de cette réalité «amère», le gouvernement s’est lancé dans une course contre la montre afin de mettre en place une nouvelle stratégie pour le développement de la céréaliculture et le renforcement de la sécurité alimentaire du pays. Elle est placée au centre des préoccupations des pouvoirs publics. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a instruit son Exécutif afin de trouver des solutions adaptées à la réalité algérienne pour l’augmentation des superficies réservés aux céréales et surtout augmenter les rendements, dont actuellement ne dépassent pas les 30 quintaux/hectares !

C’est dans ce cadre que s’inscrit le nouveau Plan stratégique pour les céréales, dont ses contours ont été dévoilés par le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Badari. Lors d’un Séminaire à l’Ecole nationale supérieure d’agriculture, le ministre a précisé que ce plan quinquennal sera lancé en octobre 2023 et s’étalera jusqu’à juin 2028.

Soulignant que la consommation des céréales notamment le blé est en évolution constante, soutenue par la croissance démographique du pays et la culture de consommation des algériens, Kamel Badari a souligné la nécessité de réfléchir à une stratégie pour répondre à cette demande en explorant nos potentialités locales. Selon le ministre, cette commission qui a étudié les forces et les faiblesses, les opportunités et les menaces, a préparé un projet de recherche. Le groupe de réflexion a identifié trois défis à relever, qui sont l’organisation, les techniques à utiliser, ainsi que la recherche scientifique et le développement technologique. Ce plan quinquennal s’appuie, ajoute le ministre, sur trois (3) axes stratégiques et plusieurs mesures qui permettront d’œuvrer ensemble pour atteindre l’autosuffisance.

Un Plan d’urgence pour les céréales

Pour sa part, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a détaillé le plan d’urgence de son département pour l’augmentation de la production nationale en blé. Il a rappelé dans ce cadre les principales mesures prises à cet effet. Le ministre a rappelé que le gouvernement a décidé d’augmenter le prix d’achat des céréales auprès des producteurs de près de 30%.  

Une décision qui permettra, selon lui, la collecte de toute la production nationale par l’OACI pour une meilleure gestion et approvisionnement du marché local, surtout durant cette période où les marchés mondiaux sont en tension, suite aux bouleversements géopolitiques que connait le monde. D’ailleurs, et suite aux restrictions sur l’exportation des céréales par certains pays producteurs, les prix ont flambé. Une situation qui va rendre la tâche des pays importateurs, à l’instar de l’Algérie, plus difficile. Le gouvernement a décidé également d’augmenter sa subvention aux produits fertilisants. Selon le ministre, l’Etat assure désormais 50% de ces produits au lieu de 20% auparavant.

L’accompagnement et l’aide de l’Etat ne s’arrêtera pas uniquement à la subvention des produits et intrants, mais il a décidé également de faciliter l’octroi de permis et d’autorisation pour la réalisation de forages. Depuis le début de la saison agricole courante, près de 6500 forages ont été déjà réalisés avec une aide financière allant jusqu’à 60% de son coût. Le ministre a cité également la réalisation d’une banque pour les semences et une pour les gènes, dont l’entrée en service est prévue pour le mois d’octobre 2023.

D’autres mesures ont été également prises en matière de la collecte et stockages des céréales, le renforcement du transport, où plusieurs conventions ont été signées avec des opérateurs économiques, le recours à des nouvelles technologies (numérisation et satellite) pour connaitre les potentialités de production des fermes agricoles et l’orientation du plan de culture de chaque wilaya.

Augmentation des superficies irriguées à 500.000 ha d’ici 2025

Par ailleurs, le ministre a précisé que son département œuvre à l’augmentation des superficies irriguées. Un programme a été tracé pour atteindre un million ha d’ici 2025, en s’orientant vers l’agriculture saharienne. Déjà, dira le ministre, 460.000 ha ont été attribués à des investisseurs (privé, public et étranger). Suite à la sécheresse et les changements climatiques, le ministère travaille sur l’augmentation des terres irriguées.  Il est prévu de passer de 345.000 ha à 500.000 ha d’ici 2025, dont 200.000 ha avec l’irrigation d’appoint et 300.000 ha d’irrigation complète.

Concernant l’assurance agricole des investissements et des produits agricoles, le ministre a confirmé que l’assurance est obligatoire conformément à la loi d’orientation agricole 08/16, qui contient les conditions pour que l’agriculteur assure les produits qui sont obligatoires s’il y a un soutien de l’État. Un programme de travail visant à garantir une aide de la part du Fonds national de soutien à l’agriculture. Des experts en assurance et des conseils professionnels plaident pour l’assurance obligatoire et un soutien de 30 à 50% pour l’assurance des investissements ou des récoltes. Sans oublier de reconsidérer les textes appliqués pour la généralisation de l’assurance agricole.

A. R.

Quitter la version mobile