Le foncier industriel demeure la principale contrainte pour l’investissement en Algérie. Une nouvelle réglementation et organisation est en cours de préparation, à travers la création prochainement de quatre agences pour la gestion du foncier économique.
Par Akrem R.
Avec plus de prérogatives et de transparence dans la gestion du foncier, ces agences vont certainement mettre de l’ordre dans ce domaine après tant d’années d’anarchie et d’argent gaspillé pour l’aménagement de ces zones industrielles. Mais, l’octroi d’une assiette foncière pour un investisseur nécessitera beaucoup de temps, variant entre 2 à 3ans pour sa viabilisation et la réalisation de l’infrastructure pour l’installation des machines de production.
En clair, le décollage effectif de l’investissement ne se fera qu’à partir de 2025, alors que l’Algérie a besoin d’une relance rapide de son économie pour répondre, d’abord, à la demande interne en pleine croissance et ensuite, atteindre les objectifs de la diversification des exportations, dont 7 milliards de dollars ont été fixés pour l’année 2022.
La solution c’est d’aller vers la réalisation de zones industrielles clés en main, recommande Mohamed Sayoud, expert international en investissement. Il a fait savoir que plusieurs pays à travers le monde ont recouru à cette méthode ayant donné des résultats probants. Ces pays ont réussi dans un court laps de temps à booster l’investissement et la croissance de leur économie.
«L’Algérie peut devenir, en effet, une très importante plaque tournante entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie, qui est susceptible de faire d’elle la locomotive du développement économique en Afrique, surtout avec l’ouverture de la zone de libre échange (ZLECAF) avec l’Algérie et les 54 pays signataires. L’émergence économique de l’Algérie doit être mise en œuvre dans les plus brefs délais car les alternatives existent aussi pour accélérer son développement, en l’occurrence, la construction rapide des zones industrielles «clés en main» et complètement viabilisées, une alternative qui permet de raccourcir les délais, d’anticiper sur les procédures administratives, d’optimiser les coûts et, ainsi, d’offrir aux investisseurs une disponibilité immédiate pour produire», a souligné, M. Sayoud.
Cette solution permettra, dira-t-il, aux promoteurs économiques nationaux et étrangers d’avoir accès aux sites industriels aménagés et dotés de toutes les commodités, répondant aux normes internationales.
De ce fait, l’intervention du gouvernement est plus qu’impérative pour débloquer cette situation. Mais pour ce faire, nécessité oblige : « Il faut passer à l’action pour écourter le temps d’attente et de réalisation d’un projet d’investissement afin de créer rapidement des emplois, de la richesse, réduire l’importation afin d’avoir une économie et une monnaie forte. Libérer l’acte d’investir c’est faire, comme partout dans le monde, l’investisseur n’ayant pas besoin d’aller frapper à la porte de l’administration pour avoir un terrain, des autorisations, etc .
C’est très simple, il loue avec paiement mensuel un ou plusieurs hangars de production selon l’ampleur de son projet, il met en place ses machines ou lignes de production et il commence rapidement la production».
Notre interlocuteur a précisé que ces écosystèmes (zones industrielles clés en main) contribuent, de manière efficiente, à générer des plus-values à l’Etat, notamment, la TVA sur les loyers et diverses taxes au Trésor public. De surcroît, ils constituent une solution pour booster rapidement la croissance économique nationale.
Ces derniers dotés de hangars de production de différentes surfaces seront loués à des prix attractifs pour les investisseurs nationaux ou étrangers selon un cahier des charges. Il s’agit seulement de placer les machines ou les lignes de production et commencer à produire de manière efficace. Cela apportera une technologie et un savoir-faire nécessaires, contribuant à la formation de la main d’œuvre locale véritablement qualifiée. « C’est la solution qui permet à l’Algérie une performance économique et un développement rapide et durable. Le constat est là, des centaines de milliards de dollars ont été consommés, durant ces deux dernières décennies, sans aucune valeur ajoutée sur la croissance économique du pays», estime-t-il.
3 milliards de dollars pour la construction de 10 000 Hangars
Alors qu’environ 3 milliards de dollars seulement suffirait à construire 10 000 Hangars de 1000 m2, financé par l’Etat algérien ou partiellement par des promoteurs immobiliers, affirme-t-il. Cela dit, ces derniers peuvent construire des Hangars de production en créant un écosystème adéquat.
L’amortissement d’un hangar de 1000 m2 qui coûte environ 20 000 000 DA, peut être fait dans un délai maximum de 6 ans en prenant en considération un loyer mensuel très abordable de 300 000 DA HT par mois. « Les recettes pétrolières permettent à notre pays d’injecter 10 milliards USD pour la construction des zones industrielles clés en mains avec hangars prêts pour la location et pour financer divers projets d’investissements afin de créer rapidement 1 à 2 millions de PME – PMI pour générer dans un à trois ans plus que 2 à 5 millions d’emplois et de richesse considérables et pérennes», souligne-t-il.
Dans ce sillage, les promoteurs immobiliers algériens et étrangers peuvent avoir accès à des terrains de l’Etat soit au dinar symbolique ou à un prix attractif afin de construire des zones de 30 à 100 Hangars et plus, de différentes surfaces pour la location aux investisseurs selon un cahier des charges.
Pour construire ces zones industrielles, la coopération avec les entreprises algériennes, chinoises et turques, serait hautement productive. Ces derniers peuvent construire une zone industrielle de 100 Hangars de 1000 m2 chacun dans un délai ne dépassant pas les 12 mois. Les Communes, à leurs tours, s’occuperont de la viabilisation de ces zones. «On doit accorder une importance au facteur temps time is money», insiste-t-il.
A. R.