L’industrie pharmaceutique algérienne compte s' »africaniser ». Après avoir atteint son niveau de maturité, en garantissant une autosuffisance à hauteur de 70% sur le marché local, l’industrie pharmaceutique nationale part à la conquête de parts de marché sur le continent africain.
Par Akrem R.
En effet, plusieurs pays de notre continent recourent à l’importation, pratiquement, de la totalité de leurs besoins en médicaments et autres produits pharmaceutiques. Ceci ne peut être qu’une opportunité en or qui se présente pour l’industrie pharmaceutique algérienne en mesure de se faire une place de choix au niveau de ces marchés, et ce, en dépit de la «rude» concurrence qui y prévaut. Il suffit juste de bien s’y préparer et d’y mettre tous les moyens, notamment, logistiques, bancaires et en termes de facilitations, pour les producteurs.
La création d’un ministère dédiée exclusivement à cette industrie témoigne de la volonté politique du gouvernement pour l’accompagnement de cette filière industrielle dans la promotion des exportations hors hydrocarbures, dont l’objectif d’atteindre les 7 milliards de dollars d’ici fin 2022, a été fixé.
En effet, et après avoir procédé à la réorganisation de cette industrie en local outre, la résolution pratiquement de tous les obstacles entravant les producteurs, auparavant, en matière d’enregistrement des médicaments et autres autorisations purement administratives, le ministre Dr. Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed oriente les efforts de son département vers le commerce extérieur, en réorganisant, d’abord, les importations, puis, en oeuvrant à l’activation des relais diplomatiques afin de faire connaitre le médicament «made in Algeria».
Aller vers des partenariats stratégiques
L’entrée en production de nouvelles unités, en nombre de 42, dont 06 unités de fabrication de produits d’oncologie et 01 unité de production d’insuline, au courant de ces deux dernières années, a permis la réduction de la facture d’importation avoisinant les 3 milliards de dollars/an, à 800 millions de dollars, tout en donnant des excédents de production pour certains médicaments, a souligné, Abdelkader Slimani, expert en économie et en investissement.
En dépit de tous cela, beaucoup reste à faire dans ce secteur, notamment, en matière de fabrication de médicaments innovants. « Il faut aller vers des partenariats stratégiques avec des firmes étrangères afin de produire ce genre de médicaments pour le marché local et, ensuite, pour l’exportation, notamment, vers le continent africain», souligne-t-il.
Et d’ajouter : « Les investissements engagés et l’entrée en production de 42 nouvelles unités de production, dont 6 de fabrication de produits d’oncologie et une unité de production d’insuline, permettra à l’Algérie de se positionner sur le marché africain, tout en en tirant profit des atouts et avantages (coût de production et de du transport, délai de livraison…)»
Notre interlocuteur a, par ailleurs, recommandé de revoir la politique de la fabrication de médicaments et de relancer les laboratoires nationaux en partenariat avec des instituts et universités afin d’atteindre une autosuffisance sur le marché interne et d’aller, ensuite, vers l’exportation. « la Création de l’agence nationale de la sécurité sanitaire a pour but de donner une stratégie claire pour la fabrication de médicaments et trouver une solution à l’excèdent en médicaments génériques».
Des discussions sont en cours entre le ministère de l’industrie pharmaceutique avec des pays africains dans le but de promouvoir la coopération, tout en la consolidant avec la réalisation de projets en commun.
Pour une intégration économique continental
Dans une récente déclaration à la presse, Dr. Benbahmed a plaidé pour «un changement de paradigme et une nouvelle approche axée sur l’intégration économique continentale dans les politiques d’appui des fonds multilatéraux et les centrales d’achat pour les inciter à acquérir des produits pharmaceutique issus de la production africaine pour soutenir et accompagner le développement industriel pharmaceutique du continent et garantir sa souveraineté sanitaire et pharmaceutique».
A rappeler que le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Djamel Lofti Benbahmed, s’est entretenu avec deux experts de l’Union africaine (UA), à savoir Dr. Luis Sambo, consultant auprès des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), et Dr Mosoka Papà Fallah, chef de l’équipe chargé de l’appui technique et engagement des pays membres de l’UA.
« L’audience a permis l’examen des opportunités de coopération entre l’Algérie et les différentes institutions africaines pour la mise en œuvre et l’appui d’un plan de développement d’une industrie pharmaceutique africaine intégrée et complémentaire à travers la création de pôles industriels régionaux spécialisés par gamme de produits, le co-développement de médicaments entre les producteurs des différents pays africains, particulièrement pour les pathologies qui touchent le continent africain et la sous-traitance entre les producteurs des différents Etats membres pour une meilleure exploitation des capacités de production», a fait savoir le ministère dans un communiqué.
Le représentant de l’UA «Africa CDC» a demandé, en marge de cette rencontre, un recensement précis des capacités de production des 196 unités de production installées sur le territoire national, ainsi que l’ensemble des aires thérapeutique qu’elles couvrent en vue de les transmettre aux différentes institutions et aux centrales d’achats africaines.
A. R.