7ème fournisseur du marché algérien en 2012 (avec 3,6% des importations), la Turquie a gagné une place pour accéder au 6ème rang (avec 5,11% des importations) en 2019, derrière la Chine, la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne ». Elle s’impose, ainsi, de plus en plus au sein du marché algérien. Pour beaucoup d’observateurs, l’Algérie et la Turquie sont deux pays frères au destin uni. L’Algérie entend intensifier encore plus ses relations avec ce pays, et l’appel de notre ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, à plus d’investissements turcs en Algérie, est l’expression de la satisfaction des deux pays quant au rythme de leur partenariat.
Par Réda Hadi
Les relations entre les deux pays, sont unanimement saluées au plus haut degré des deux Etats. De la maroquinerie importée « made in Turkey » à la restauration du palais du Bey et de la mosquée Hassan Pacha à Oran, en passant par le succès d’audiences des séries télévisées, et le boom du tourisme en mer de Marmara (avant l’épidémie), car le durcissement de l’octroi de visas européens a détourné les touristes algériens vers la destination turque. Le fait que l’Europe se soit transformée en « forteresse » a eu pour effet collatéral, que le nombre de touristes algériens visitant la Turquie n’a eu de cesse d’augmenter, pour atteindre 300.000 à la veille de la crise liée à la pandémie de la Covid-19, et les liaisons aériennes entre les deux pays ont quadruplé en 10 ans, atteignant les 40 vols hebdomadaires.
Un partenaire « agressif »
L’Algérie est de plus en plus intéressée par le partenaire turc, qui s’impose dans l’économie du pays. Il faut dire aussi que les entreprises turques sont très actives dans le bâtiment, les travaux publics, et les infrastructures, au point de concurrencer celles chinoises. En 2018, l’Agence nationale de développement des investissements (Andi) a déclaré que la Turquie a dépassé la France en tant que premier investisseur étranger en Algérie, et, depuis, la tendance va crescendo. La Turquie est très compétitive sur la vente de ses équipements dans les secteurs du textile, de l’agro-alimentaire, ou des cosmétiques.
Ramtane Lamamra veut, encore plus, développer cette relation mais souhaite la diriger vers d’autres pôles, tels que l’agriculture, les mines et le tourisme, « car la Turquie a une grande expérience dans ce domaine ». a-t-il affirmé a l’issue de sa rencontre avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, qui effectue une visite de deux jours en Algérie.
A ce propos, le chef de la diplomatie algérienne a dit: « Nous sommes parvenus à la conviction que les orientations données par les deux Présidents, MM. Abdelmadjid Tebboune et Recep Tayyip Erdogan, lors de leur rencontre en janvier 2020, ont aidé les deux gouvernements à cristalliser les bases de ce partenariat stratégique ainsi que les objectifs fixés à chaque étape de sa mise en œuvre ».
Pourquoi donc, les relations entre nos deux pays sont-elles au beau fixe ? Pour, l’économiste, Billel Aouali, «la diversité des implantations turques (textile, sidérurgie, industrie pharmaceutique, sous-traitance automobile) fait de la Turquie, l’un des tout premiers investisseurs hors hydrocarbures en Algérie ». Celui-ci a tout de même tenu à préciser que « notre pays est la porte d’entrée du marché africain. Notre pays n’est pas terra incognita pour la Turquie. Diplomatie, commerce, soft power… l’Algérie– jadis ottomanes – est depuis plusieurs années, l’objet d’une attention particulière de la part d’Ankara. Ce désir d’instaurer un climat de confiance redouble aujourd’hui ».
Billel Aouali précise aussi que «la restauration, par la Tika (l’agence turque de développement), de la mosquée Ketchaoua d’Alger, illustre le rôle que la Turquie entend jouer en Algérie qui fut province ottomane. Cinq cents ans d’histoire lient, en effet, nos deux pays depuis ce jour de 1519, quand le corsaire Barberousse proposa le rattachement de la régence d’Alger à la Sublime Porte, jusqu’à ce 30 juin 2020, quand Ankara a fait don à l’Algérie de tout un arsenal médical de lutte contre le coronavirus ».
Quatre voyages officiels de Recep Tayyip Erdogan en qualité de Premier ministre (2006 et 2013), puis de président (2014 et 2020), ainsi que la signature d’un accord d’amitié et de coopération (2006), ont consolidé la relation bilatérale et dynamisé les échanges commerciaux, lesquels s’élèvent à environ 4 milliards de dollars, ce qui fait de l’Algérie le deuxième partenaire (après l’Égypte) de la Turquie en Afrique.
R. H.