A quelques semaines du mois de Ramadhan, les prix de produits de large consommation connaissent déjà la flambée. Les prix des viandes rouges sont déjà hors de portée, notamment, des ménages, à faible revenus. La situation risque de s’aggraver durant le mois de Ramadhan, où la demande sur ce produit dépasse de loin l’offre n’excédant pas les 100 000 tonnes.
Par Akrem R.
Ce qui va certainement mettre le marché des viandes en déséquilibre et faire flamber les prix. Afin d’éviter ce scénario des plus préjudiciables pour les ménages, le président du comité national des distributeurs de viandes rouges, Khir Merouane, a interpellé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune sur la situation qui nécessite son intervention, en personne, afin de remettre les choses à l’ordre, en préservant le pouvoir d’achat des ménages. En effet, le recours à l’importation est une condition, sine qua non pour répondre à la demande, variant entre 120 à 130 000 tonnes, prévue durant le mois du carême et, ainsi, stabiliser les prix, oscillant actuellement entre les 1200 à 1600 DA, le Kg.
Pour le représentant des distributeurs des viandes rouges, affilié à l’Association nationale des commerçants et arrisant (ANCA), « sous les conditions actuelles, il est pratiquement impossible que les prix des viandes baissent ou se stabilisent! Les éleveurs font face à une hausse vertigineuse des aliments, dont l’orge qui est passé de 2500 DA/qx à 5000 DA et l’aliment d’engraissement, également, de 4800 DA à 7500 DA/qx». C’est un message adressé directement aux pouvoirs publics afin de trouver des solutions efficaces avant que les choses ne s’aggravent.
«Nous sommes entièrement d’accord avec le président Tebboune qui veut réduire la facture d’importation. Mais l’interdiction doit concerner seulement les produits que nous produisons suffisamment», lance-t-il. Selon les chiffres officiels, la production nationale en viande rouge est de 1 million de tonnes/ an, alors que les besoins du marché sont de l’ordre de 1,2 million de tonnes.
En dépit de ce déficit, le ministère du Commerce avait élargi la liste des produits interdits à l’importation, sauf sous condition, à 2602 produits, dont 36 types de viandes d’agneau, de volaille, qu’elles soient congelées ou fraîches, pour lesquelles la taxe est fixée à 70%. Khir Merouane a estimé nécessaire d’accorder des dérogations d’importation temporaire et immédiatement, pour les viandes rouges.
Dérogation d’importation d’aliment bétail pour le privé
«Des autorisations d’importations doivent être accordées aux importateurs dans les meilleurs délais afin de se préparer et d’être au rendez-vous avec le début du mois de ramadhan auquel il ne reste que 7 semaines», a –t-il appelé. Ainsi, les distributeurs ont souligné, également, la nécessité d’accorder des autorisations à l’importation d’animaux vivants et de la viande fraiche et congelée. Ceci, dira le conférencier, permettra d’en finir avec les situations de monopole. Dans ce cadre, M. Khir a estimé qu’il est inconcevable d’autoriser l’importation de taurillons pour l’engraissement, alors que nous avons un déficit énorme en matière d’aliment. Outre, ajoute-t-il, que l’entreprise publique chargée de la distribution d’aliments est défaillante et n’a pas pu répondre à la demande des éleveurs. C’est pour cela, estime-t-il, qu’il est nécessaire d’autoriser des opérateurs privés à l’importation d’aliments, en attendant le développement de cette culture dans notre pays. La sécheresse et la hausse des prix d’aliments a conduit des éleveurs à sacrifier des femelles, déplore-t-il, en qualifiant ces pratiques de crimes contre l’économie nationale et d’espèces en voie de disparation. D’ailleurs, c’est ce qui explique la baisse des prix de viandes chez certains bouchers, dont le kilo de viande d’agneau est à 700 DA, soit une différence de moins 500 DA par rapport au prix réel. Sur ce point là, le conférencier a appelé au renforcement du contrôle au niveau des abattoirs et de lutter contre l’informel, tout en déplorant, au passage, l’inexistence d’un marché de gros pour les viandes rouges ! C’est la seule filière qui ne possède pas un marché digne de son nom, depuis la démolition de l’abattoir de Ruisseau.
Un nouvel abattoir moderne est prévu dans la localité de Chebli, mais les travaux n’ont pas encore commencé pour diverses raisons. Le président de l’ANCA, Hadj Tahar Boulenouar, a, par conséquent, interpelé les pouvoirs publics sur la question, tout en assurant que son association travaille en étroite collaboration avec les autres ministères, notamment celui du Commerce, pour la préparation de ce mois de ramadhan, en garantissant la disponibilité des produits à des prix raisonnables.
A.R.