Après avoir fortement secoué le transport de marchandises l’an dernier, la pandémie de la Covid-19 continue de peser sur ce segment du fret maritime qui voit maintenant ses prix au départ d’Asie vers l’Europe décoller, faute de conteneurs disponibles. Ils ont tous simplement triplé.
Akrem R.
Le coût de l’acheminement d’un conteneur de 40 pieds, selon le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, est passé de 1 700 dollars à 7 800 ! «Ceci a un impact direct, dira-t-il, sur les prix des produits finaux au niveau des marchés». L’Algérie, pays importateur de plusieurs produits, notamment, de matière première n’est pas épargnée par cette flambée des prix du fret maritime. En effet, un conteneur de 30 à 40 pieds arrivera en Algérie avec plus de 12 000 dollars !
C’est un véritable calvaire pour les opérateurs économiques et industriels algériens. Cette hausse du prix du fret impactera leur plan d’investissement et réduira la compétitivité de leur produit sur le marché, notamment, à l’international.
Dans ce cadre, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri a indiqué que cette situation aura des répercussions «néfastes» sur la balance commerciale de notre pays. Il a estimé que malgré la chute du volume des importations de l’Algérie, la facture allouée au fret maritime connaitra une hausse vertigineuse. Elle devrait osciller entre 7 à 8 milliards de dollars. «On va débourser des sommes faramineuse», a-t-il dit, lors d’une intervention médiatique, hier, dimanche.
En effet, les effets de la flambée des prix du fret sont visibles sur le marché national. Les produits issus de l’importation ont connu une hausse vertigineuse. À titre d’exemple, les prix des produits de la quincaillerie ont enregistré une augmentation de 300%. Même chose pour les pièces de rechange et autres articles. S’agissant des produits alimentaires, leurs prix ont connu une hausse, mais plus ou moins modérée. L’Etat intervient dans la régulation des prix grâce aux dispositifs mis en place.
Par ailleurs, le président de l’Anexal a rappelé que le trafic maritime de marchandises est dominé par les armateurs étrangers et que le pavillon national, déstructuré depuis des années, n’assure qu’une part infime, ne dépassant pas les 3%, du marché du fret maritime en Algérie. D’ailleurs, certains l’ont estimé à 12 milliards de dollars et de 3 milliards de dollars de surestaries. Il est dominé en grande partie par les armateurs étrangers qui détiennent 95% des parts.
Consacrer 3 milliards de dollars pour l’acquisition de navires
A titre d’exemple, la Compagnie maritime d’affrètement-Compagnie générale maritime (CMA-CGM) détient, à elle seule, 35% des parts. M. Nasri a plaidé pour la réservation de 2 à 3 milliards de dollars pour l’achat des navires, notamment, des céréaliers pour réduire nos dépenses dans ce créneau. Il est préférable de décaisser jusqu’à 3 milliards de dollars de nos réserves de changes avoisinant les 45 milliards de dollars pour l’acquisition de nouveaux navires, au lieu de perdre chaque année 5 à 6 milliards de dollars uniquement pour le fret. « Nous devons consacrer des investissements allant vers la substitution des importations», a-t-il préconisé. Le gouvernement qui se dit conscient de l’ampleur de la situation du fret maritime et aérien sur l’équilibre de la balance des paiements du pays, a décidé d’ouvrir l’investissement au secteur privé. Toutefois, les opérateurs privés se sont montré réticents, du fait que ce domaine nécessite des investissements colossaux. Depuis l’annonce de cette nouvelle en 2018, aucun opérateur privé n’a encore investi dans ce domaine. Ceci impose à l’Etat de mettre, encore une fois, la main à la poche pour combler ce déficit. D’ailleurs, le Groupe algérien de transport maritime (GATMA), compte acquérir six navires pour le transport des céréales afin d’accroitre sa part en cette matière contrôlée par des sociétés étrangères. Ainsi, la société a élaboré un projet pour acquérir des porte-conteneurs en vue de se lancer dans la forte compétition imposée par les sociétés étrangères. Le Groupe GATMA avait tracé un objectif pour atteindre 25 % dans le domaine du transport des céréales d’ici à 2025, mais qu’il n’a réalisé qu’à un taux oscillant entre 4 et 5 %, en raison du monopole sur ce marché.
Selon le président directeur général du Groupe, Smain Larbi Ghomri, en 2014, le groupe a procédé au renouvellement de sa flotte à travers un budget affecté par l’Etat pour acquérir 25 navires. A ce jour, «10 navires ont été acquis et un seul pour le transport des voyageurs, ce qui a permis de renouveler toute la flotte de la compagnie de navigation maritime». Selon M. Ghomri, toutes ces réalisations entrent dans le cadre de l’octroi à la flotte algérienne l’opportunité pour qu’elle soit un transporteur maritime pour près de 25 % des exportations et des importations hors hydrocarbures, ainsi que des campagnes publicitaires pour mettre en évidence les avantages et les services proposés par les sociétés algériennes dans le domaine du transport maritime.
A R.