Hier, mercredi, les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont entamé l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2025. Sous la présidence de Brahim Boughali, cette session a vu la présence du ministre des Finances, Laaziz Faid, ainsi que de plusieurs membres du gouvernement. Le PLF sera étudié et voté article par article, après l’intégration de 90 amendements proposés par les députés dans le rapport complémentaire de la commission des finances et du budget de l’APN.
Par Houria Mosbah
Le projet de loi a pour objectif de soutenir une croissance économique durable et de répondre aux priorités stratégiques du pays, notamment la diversification de l’économie, la préservation du pouvoir d’achat, et la promotion de la numérisation.
Le Dr. Houari Tigharsi, professeur en sciences économiques, a été invité à apporter un éclairage pertinent sur ces mesures lors de son intervention sur la chaîne 1, soulignant l’importance de ces orientations pour l’avenir économique de l’Algérie.
Une feuille de route pour la croissance et la transformation économique
Le PLF 2025 se fixe l’ambition de stimuler l’investissement, soutenir les projets publics et améliorer le climat des affaires.
L’un des axes principaux du projet est la préservation du pouvoir d’achat des citoyens, tout en favorisant la transition numérique, sans pour autant alourdir la fiscalité.
Le Dr. Tigharsi a souligné que «l’absence de nouvelles charges fiscales est un signe de stabilité, ce qui est important dans un contexte où l’économie doit se redresser après plusieurs années de crise».
Il ajoute également que ce projet vise à maintenir une dynamique économique en s’appuyant sur des secteurs stratégiques comme la sécurité alimentaire, la justice sociale et l’intégration des nouvelles technologies.
En parallèle, le gouvernement met en place une stratégie de développement à moyen terme, avec des prévisions jusqu’en 2027.
Selon le Dr. Tigharsi, cette approche à long terme est essentielle, car elle permet de «planifier l’économie de manière durable et d’orienter les ressources là où elles sont les plus nécessaires».
Ce cadre budgétaire repose sur des indicateurs favorables : une croissance soutenue par les activités hors hydrocarbures, un excédent de la balance des paiements, et des réserves de change solides. L’objectif de consolider la base fiscale est également une priorité, avec des mesures pour formaliser le marché informel et améliorer le recensement des contribuables.
Optimisation des dépenses publiques
Le contrôle des dépenses publiques est un autre aspect fondamental du PLF 2025. Le gouvernement vise à optimiser les coûts, améliorer l’efficacité des dépenses et renforcer la transparence budgétaire.
Le Dr. Tigharsi a souligné l’importance des réformes proposées, notamment l’adoption d’un nouveau plan comptable et le passage à une comptabilité d’engagement, qui devraient «améliorer la gestion des ressources publiques et mieux allouer les financements aux projets les plus porteurs».
En ce qui concerne les dépenses de personnel et les projets d’investissement, le projet prévoit une gestion plus rigoureuse, en mettant l’accent sur les projets dont l’avancement dépasse 70 %, pour garantir une exécution efficace.
Mesures économiques et sociales : soutien à l’investissement et renforcement de la sécurité alimentaire
Pour encourager l’investissement, le PLF 2025 propose plusieurs mesures, dont la prolongation de la réduction de 50 % de l’impôt dans les wilayas du sud, l’exonération de TVA pour certains équipements industriels et des mesures incitatives pour les entreprises labellisées « Incubateur » et « Startups », qui bénéficieront désormais d’une réduction de 30 % sur leur bénéfice imposable, contre 10 % précédemment, dans la limite de 2 millions de dinars, au lieu de 1 million.
En outre, ces entreprises pourront être exemptées de la taxe sur le transfert de propriété pour les activités industrielles, et les porteurs de la mention « Projet innovant » bénéficieront également d’une exonération des droits d’enregistrement, en cohérence avec les projets soutenus par l’ANADE et l’ANGEM.
En parallèle, le Trésor public pourrait émettre des «obligations souveraines» exonérées d’impôts pour financer des infrastructures publiques.
Le Dr. Tigharsi a mis en avant l’importance de ces instruments financiers, comme les sukuks souverains, pour diversifier les sources de financement : «Ces initiatives permettent de capter les fonds non déclarés du secteur informel et de rediriger l’épargne nationale vers des projets structurants.»
Concernant la sécurité alimentaire, le PLF introduit des exonérations fiscales sur les importations de viandes blanches et de légumes secs jusqu’à fin 2025, et maintient les droits de douane réduits sur les importations de bé- tail et de viande bovine fraîche.
Le Dr. Tigharsi a ajouté que «l’agriculture représente un pilier clé de la croissance nationale, avec un potentiel de 4,4 % de croissance si les terres sont pleinement exploitées.»
Incitations à la consommation et au logement
Le projet de loi prévoit des incitations pour stimuler la consommation des ménages, notamment par l’octroi de crédits à la consommation.
Ces mesures permettront d’aider les familles à accéder plus facilement à des services essentiels, comme la santé et le tourisme.
Le PLF prévoit aussi une réduction de 10 % pour les bénéficiaires de logements AADL 3 qui ont réglé 38 % du prix du logement et qui souhaitent régler leur bien en avance.
Pour le Dr.Tigharsi, ces initiatives sont une manière de «stimuler la demande intérieure tout en soutenant les secteurs clés de la consommation».
Objectifs financiers et perspectives de croissance
Le projet de loi de finances 2025 prévoit des objectifs ambitieux, dont une augmentation des recettes fiscales de 9 % pour atteindre 1 156 milliards de DZD et une croissance du PIB estimée à 4,5 %.
Les dépenses des transferts sociaux représentent près de 35 % du budget, ce qui montre un engagement fort du gouvernement à soutenir les populations vulnérables.
Le Dr. Tigharsi insiste sur le fait que ces transferts sont «une mesure indispensable pour maintenir la cohésion sociale, tout en soutenant les secteurs qui permettront à l’Algérie de diversifier ses sources de revenus».
Le PLF 2025 constitue une avancée stratégique pour l’Algérie, en renforçant ses bases fiscales, en favorisant l’investissement et en s’orientant vers une économie plus diversifiée et durable. Le projet, tel que l’a souligné le Dr. Tigharsi, est un pivot pour « passer d’une économie de rente à une économie plus dynamique, inclusive et résiliente ».
H. M.