L’Algérie consolide sa place sur le marché gazier en Europe, notamment en Italie. Courtisée par plusieurs pays du vieux continent, l’Algérie a trouvé déjà un compromis avec le géant italien «Eni» pour l’augmentation de ses livraisons en gaz dans les deux prochaines années.
Par Akram R.
En effet, les accords signés entre la Sonatrach et son partenaire historique «Eni» au courant de 2022, portant notamment sur des investissements colossaux qui seront concrétisés, participeront à l’augmentation des livraisons du gaz algérien vers l’Italie.
Selon le directeur de l’exploitation d’Eni, Guido Brusco, le volume du gaz algérien doublera d’ici 2024, en passant de 9 milliards de m3 actuellement à 18 milliards m3.
Guido Brusco qui s’exprimait hier à Milan en marge d’une conférence internationale «GASTECH» a fait savoir également que «la société recevra cette année quatre milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires en provenance d’Europe du Nord».
«L’Algérie, qui entretient des relations distinguées avec l’Italie, est devenue son principal fournisseur de gaz ces derniers mois», après avoir été longtemps dépassée par la Russie, puisque 45% des importations italiennes de gaz provenaient de ce pays.
Depuis le début de l’année, l’Algérie a envoyé à l’Italie 13,9 milliards de mètres cubes de gaz, soit 113% de plus que prévu. Elle compte lui fournir 6 milliards de mètres cubes supplémentaires d’ici la fin de l’année, selon l’APS. C’est dans ce cadre que le directeur de l’exploitation d’Eni, Guido Brusco a annoncé que le pipeline Eastmed sera entièrement achevé d’ici 2025.
Cette augmentation des livraisons en gaz algérien devient possible grâce à l’accord conjoint signé entre Occidental, Eni et Total en juillet 2022. D’une valeur de 4 milliards de dollars, cet accord porte sur l’exploitation des gisements gaziers et pétroliers du bassin de Berkine, au sud-Est de l’Algérie.
L’accord vise en effet à récupérer «plus d’un milliard de barils équivalents pétrole d’hydrocarbures, ce qui augmentera le taux moyen de récupération ultime [indicateur qui donne une estimation du pourcentage de récupération final de pétrole extrait d’un puits, (ndlr) à 55%», avait indiqué Sonatrach dans un communiqué.
En somme, l’Italie et depuis le déclenchement du conflit entre l’Ukraine et la Russie, a multiplié ses efforts pour trouver des alternatifs pour le gaz russe. A cet effet, le groupe énergétique italien Eni prévoit d’investir environ 4,5 milliards d’euros (4,47 milliards de dollars) dans des activités en amont chaque année d’ici 2025 en se concentrant sur plusieurs pays.
4,5 milliards d’investissement/an par Eni
«Nous nous engageons pleinement à investir 4,5 milliards par an dans l’amont pour mettre en ligne de nouveaux approvisionnements en gaz», a déclaré son directeur général adjoint pour les ressources naturelles, Cristian Signoretto.
L’Algérie qui reste un des partenaires fiable pour l’Italie améliorera certainement son attractivité en matière d’investissement, notamment avec le nouveau Code de l’investissement et également la nouvelle loi sur les hydrocarbures en vigueur depuis 2019. D’ailleurs, plusieurs contrats ont été déjà signés avec des partenaires mondiaux ces deux dernières années. L’Algérie approvisionne l’Italie en gaz naturel depuis 1983 via le gazoduc Transmed de 775 kilomètres.
En déplacement, à la fin du mois de mai dernier en Italie, le Président Abdelmadjid Tebboune a renouvelé «l’engagement de l’Algérie à satisfaire tous les besoins énergétiques de l’Italie».
Les responsables des deux pays se sont engagés à rendre l’Italie comme étant «hub gazier» pour l’Europe. L’exclusivité de la vente et commercialisation du gaz algérien est accordée au géant italien Eni.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, rappelle-t-on, les autorités italiennes se sont tournées vers l’Algérie pour lui demander d’augmenter ses livraisons de gaz. Les Italiens veulent obtenir la livraison de 10 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires, sachant qu’en 2021, l’Algérie a acheminé, via le gazoduc transméditerranéen, un total de 22 milliards mètres cubes de cette énergie.
Outre cet accord, le Président Tebboune avait fait état, en mai dernier à Rome, de la proposition de l’Algérie de réaliser un câble sous-marin entre l’Algérie et l’Italie, en vue d’approvisionner l’Italie et une partie de l’Europe en énergie électrique. Concernant les énergies renouvelables, le chef de l’État avait annoncé le lancement par les deux pays de la production de panneaux solaires dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès et d’autres produits par deux sociétés, algérienne et italienne.
A. R.