En quête de fonds pour assurer son plan de relance économique, particulièrement après la période Covid 19, l’Algérie peine toujours à lancer une dynamique propre à attirer des investisseurs étrangers. La récente abrogation de la loi 49/51 n’a pas suffi à rassurer les marchés. En 2020, les IDE (investissements directs étrangers), ont baissé de 19%, reculant à 1,1 Milliard, contre 1,382 milliard de dollars durant l’année 2019, selon un rapport publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) portant sur les investissements dans le monde en 2021.
Par Réda Hadi
En matière d’investissements étrangers, les hydrocarbures représentent la part du lion. Au cours les prochaines années, « l’Algérie va faire face à des besoins de financement importants pour prendre en charge les triples défis de la stabilisation macroéconomique, de la diversification de la structure de l’économie, de l’amélioration de la productivité et de la résilience aux chocs extérieurs », affirment des économistes qui soulignent aussi que « l’abrogation de la règle 49/51, n’a pas suffi, et ne suffira pas tant qu’existera une dichotomie entre les annonces de principe et les actes sur le terrain. La mainmise d’une machine bureaucratique, trop lourde est le premier reproche des investisseurs, qui demandent plus de clarté dans les démarches, et une plus grande ouverture de l’économie.
Avis d’économistes
Pour Billel Aouali expert en économie, « cette baisse est principalement due aux désinvestissements dans les secteurs gaziers et pétroliers », nous a-t-il affirmé tout en soulignant que ce n’est pas le seul obstacle. Et de souligner : « Les mesures protectionnistes, ainsi que la corruption, la bureaucratie, un secteur financier faible et l’insécurité juridique en termes de droits de propriété intellectuelle sont de sérieux obstacles à l’investissement.», et de poursuivre : « Jusqu’en 2019, la participation d’un investisseur étranger dans une entreprise algérienne était limitée à 49%. Cette exigence est maintenant levée mais maintenue pour les secteurs stratégiques identifiés, comme les hydrocarbures, les mines, la défense et la production pharmaceutique. Le gouvernement a également approuvé une nouvelle loi sur les hydrocarbures, améliorant les conditions fiscales et la flexibilité des contrats afin d’attirer de nouveaux investisseurs internationaux. Suite à la promulgation de cette loi, les grandes compagnies pétrolières internationales ont signé des protocoles d’accord avec la compagnie nationale d’hydrocarbures Sonatrach. L’Algérie était classée 157e sur 190 pays dans le rapport Doing Business 2020, publié par la Banque mondiale, au même endroit que l’année précédente. Pour le moment, il n’y a pas d’estimation officielle de l’impact de la crise du Covid-19 sur les investissements étrangers en Algérie, bien qu’un effet négatif soit attendu. »
Pur Nabil Djemaa, expert agrée en économie, souligne de son côté «que si l’Algérie veut attirer des IDE plusieurs réformes devraient être lancées et effectuées sur plusieurs plans, économiques, financiers, juridiques et fiscaux» faisant remarquer que la suppression des « 49/51 devrait permettre plus de créations de joint-ventures, ce qui devrait impliquer, ipso facto, une stratégie de mobilisation de toutes les ressources domestiques mais également de l’épargne et de l’investissement étrangers.»
Pour sa part, le président du Conseil économique, social et environnemental (CNESE), Reda Tir, dans un communiqué de son institution, estime que « les atouts multiples de l’Algérie (la position stratégique, la richesse des ressources humaines et naturelles et aussi son climat favorable), vont permettre d’attirer les IDE. Mieux, l’Algérie a toutes les chances de rivaliser avec les autres pays pour attirer les grandes puissances économiques mondiales qui envisagent la délocalisation de leurs industries très affectées par la pandémie du Covid-19. », estimant que la baisse des IDE dans notre pays « devrait être une opportunité pour aller de l’avant et marquer notre résilience »., soulignant au passage la nécessité d’aller de l’avant et de mettre en place un code du commerce en adéquation avec les perspectives envisagées ».
R. H.