Les défis de l’Algérie 2025/2030 : La bonne gouvernance globale fondement de son développement

Abderrahmane Mebtoul

Toute démarche opérationnelle devant partir du général au particulier de s’attaquer à l’essentiel et non au secondaire, face aux nouvelles mutations mondiales et aux contraintes internes, le principal défi de l’Algérie pour son développement doit être axé dans le cadre d’une planifications stratégique, sur la bonne gouvernance globale, territoriale et d’entreprise, facteurs solidaires objet de cette présente contribution.

Par Abderrahmane Mebtoul

1.-La bonne gouvernance globale Selon les Nations unies, la bonne gouvernance comprend les éléments suivants : – (voir l’intervention ronéotypée du professeur Abderrahmane Mebtoul donnée devant les ministres africains et les institutions internationales FMI/BM à l’invitation de l’’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA 27 janvier 2014 reproduite dans la revue internationale panafricaine CAFRAD :-intervention, Ecole Supérieur de Guerre MDN, plusieurs universités et institutions nationales et devant les ambassades accrédités à Alger 2019/2021) :

la participation : donner à tous, hommes et femmes, la possibilité de participer au processus décisionnel ; la transparence : découlant de la libre circulation de l’information ; la sensibilité : des institutions et des processus vis- à-vis des intervenants ; le consensus : des intérêts différents sont conciliés afin d’arriver à un vaste consensus sur ce qui constitue l’intérêt général ; l’équité : tous, hommes et femmes, ont des possibilités d’améliorer et de conserver leur bien-être ; l’efficacité et l’efficience : les processus et les institutions produisent des résultats qui satisfont aux besoins tout en faisant le meilleur usage possible des ressources ; la responsabilité : des décideurs du gouvernement, du secteur privé et des organisations de la société civile ; une vision stratégique : des leaders et du public sur la bonne gouvernance et le développement humain et sur ce qui est nécessaire pour réaliser un tel développement ; et très récemment la prise en compte la préoccupation, environnementale.

Pour l’ONU, les acteurs de la bonne gouvernance sont les différents groupes « Porteurs d’intérêts », « Preneurs de décision » et « Fournisseurs d’opinion », ce que l’on appelle généralement les « Stake Holde» , impliquant donc les modalités de prise de décisions qui sont les « Fournisseurs de services », les « Détenteurs de la technologie » :le gouvernement ; les collectivités Territoriales ; le pouvoir Législatif ;les associations d’écologistes et de la société civile ; les investisseurs ; les universités et autres centres de décision , le secteur des Affaires ; le secteur Bancaire ; les institutions internationales internationale dont les organisations à vocation universelle , l’organisation des Nations- Unies, les institutions économiques internationales ex : CEE, BM, FMI, BRI et OMC et des organisations multilatérales : OCDE, l’Union Européenne…

Pour mesurer la bonne gouvernance, sur le plan politique et institutionnel, il y a plusieurs critères : la voix citoyenne et la responsabilité qui mesurent la manière dont les citoyens d’un pays participent à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d’expression, d’association et de presse ; la stabilité politique et l’absence de violence qui mesure la perception de la probabilité d’une déstabilisation ou d’un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme ; l’efficacité des pouvoirs publics qui mesure la qualité des services publics, les performances de la fonction publique et son niveau d’indépendance vis-à-vis des pressions politiques ; la qualité de la réglementation qui mesure la capacité des pouvoirs publics à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations favorables au développement du secteur privé ; l’Etat de droit ,à ne pas confondre avec la démocratie occidentale, chaque pays devant concilier la modernité et son authenticité, qui mesure le degré de confiance qu’ont les citoyens dans les règles conçues par la société et la manière dont ils s’y conforment et en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la violence ; la maîtrise de la corruption qui mesure l’utilisation des pouvoirs publics à des fins d’enrichissement personnel.

2.-La gouvernance territoriale

La gouvernance territoriale désigne un mode de gestion politique locale, s’appuyant sur la mobilisation des ressources humaines et naturelles, sur la capacité à réguler un territoire dans le cadre d’un système partenarial avec des acteurs multiples.

Selon l’analyse dans Froger, 2006) et des professeurs Leloup, Moyart et Pecqueur (2005), les crises financières des États, le changement idéologique du politique vers la sphère marchande comme espace de régulation, la globalisation avec le développement d’institutions transnationales et la montée en puissance d’acteurs non étatiques, les critiques envers l’État et ses échecs dans la gestion des problèmes collectifs, l’émergence d’une nouvelle gestion de l’action publique, le changement social et les complexités croissantes, l’importance grandissante accordée aux modes de régulation à l’échelon régional et international (ou global), sont autant d’éléments qui justifient la gouvernance territoriale gouvernance où l’État n’aurait plus le monopole de l’expertise, ni des ressources économiques et institutionnelles nécessaires pour gouverner…

La gouvernance territoriale consiste à faire du citoyen un acteur important du développement de son territoire où ’État est comparable à un écosystème associe des dimensions sociales, culturelles, environnementales, économiques, politiques, etc., à des acteurs variés dans un jeu d’interactions complexes.

Ainsi le territoire ne s’entend pas comme un simple échelon spatial parmi d’autres mais comme un construit social permanent, en constante appropriation, étant par essence ouvert, nourri par les échanges et les relations, emboîté dans un ensemble d’autres espaces qu’il influence et qui l’influencent réciproquement, les limites du territoire n’étant plus définies en référence à un périmètre politico administratif (aspect politique) ou comme un fragment d’un système productif national (aspect économique) mais le lieu d’intersection de réseaux (physiques ou humains, formels ou informels), de stratégies et d’interdépendances entre partenaires reliés entre eux, le lieu de production, de négociation, de partage d’un devenir commun.

Le système est bâti sur la proximité géographique de ses acteurs mais aussi sur la dynamique commune qui les rassemble, le construit – les actions – qui résultent de ces relations, voire les règles, normes et principes acceptés et mis en œuvre ensemble.

Cela rejoint mes propositions opérationnelles formulées depuis de longues années dans mes ouvrages ( voir Pr Abderrahmane Mebtoul les défis de l’Algérie développement et démocratie OPU 1980 – casbah Éditions 2002 le Maghreb dans son environnement régional Institut Français des Relations Internationales IFRI Paris 2013-synthèse reproduites dans PressReader et Institut du monde arabe-imarabe.com – contributions diverses sur ce sujet disponibles au niveau national et international sur www.google.com ).

Il s’agit de procéder à une autre organisation institutionnelle, souple avec comme rôle essentiel la prospective du territoire en évitant le centralisme administratif, afin de construire un socle productif sur plus d’individus et davantage d’espace, qui ne sera efficace que sous réserve d’objectifs précis, d’opérer un nécessaire changement qui passe par une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités administratives, financières, techniques et économiques.

Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites mais d’organiser leurs solidarités.

Pour cela, il s’agira de favoriser une armature urbaine souple à travers les réseaux, la fluidité des échanges, la circulation des hommes et des biens, les infrastructures, les réseaux de communication étant le pilier impliquant une nouvelle architecture des villes, des sous-systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs décisions.

Cette organisation institutionnelle implique d’avoir une autre organisation tant des ministères que des wilayas par des regroupements évitant les micros institutions budgétivores, incluant la protection de l’environnement…

Après le tout Etat, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale et c’est aux collectivités locales que reviendra ainsi la charge de promouvoir son espace pour l’accueil des entreprises et de l’investissement devant se constituer en centre d’apprentissage de la démocratie de proximité qui la tiendra comptable de l’accomplissement de ses missions qui doivent apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d’un espace.

En bref, il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale.

Car une centralisation à outrance favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c’est-à- dire une gouvernance qui s’impose par la force et l’autorité loin des besoins réels des populations et produit le blocage de la société.

A. M.
La suite dans notre édition de demain

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