Depuis le début du mois de juillet, le nombre des contaminations ne cesse d’augmenter. L’explosion de ces contagions a obligé le gouvernement à prendre des mesures exceptionnelles, pour ne pas se voir dépasser. A problème exceptionnel, mesures exceptionnelles. Les pouvoirs publics veulent faire preuve de maitrise, et ne pas subir le même scenario que la Tunisie. En effet, pour parer au manque de lits dans les hôpitaux, des structures hôtelières seront réquisitionnées dans les grandes villes, afin d’atténuer la pression sur les structures hospitalières. De même que l’Etat va acquérir progressivement des milliers de concentrateurs d’oxygène, et mieux encore, autoriser des laboratoires privés à en importer sans autorisation préalable. C’est dire combien la situation est devenue inquiétante.
Par Réda Hadi
Toutes ces mesures, affirme le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, s’inscrivent dans le cadre de l’application des instructions fermes du président de la République, notamment, celles données dimanche dernier, lors de la réunion périodique du Conseil des ministres, outre qu’elles interviennent, également, dans le cadre des efforts consentis par l’Etat en vue de soutenir et équiper les hôpitaux, parallèlement aux différentes mesures de riposte à la Covid-19.
Avec cette batterie de mesures, l’Algérie est-elle parée pour affronter une troisième vague qui s’annonce d‘ores et déjà terrible ? D’aucuns affirment qu’y faire face ne sera pas chose aisée et mettent en avant l’inconscience de beaucoup d’Algériens face au Covid et de rappeler surtout, que beaucoup de personnels soignants sont malades et contaminés. De plus, avec une campagne de vaccinations qui n’arrive pas a atteindre sa vitesse de croisière, il sera difficile d’avoir une immunité collective.
Le Dr Yahiaoui Abelouahab, médecin assermenté, juge que « ces mesures viennent plus, comme solution d’urgence que planifiée ». En effet, pour ce médecin, « la troisième vague était attendue, et tous les appels des médecins pour durcir un peu plus les mesures de confinement sont restés vains. Le confinement a été allége trop tôt. Il fallait atteindre un taux de couverture appréciable, pour le faire » et de préciser que maintenant «se pose la question d’un déconfinement total, avant d’atteindre le redoutable pic de l’épidémie » a-t-il conclu, tout en rappelant que les établissements hospitaliers enregistrent une forte demande au niveau des hospitalisations, notamment, en réanimation. Ce qui induit aussi, une hausse de la demande pour l’oxygène. »
Menace sur l’Hôpital
Il n’est nul besoin de rappeler un autre indicateur, en l’occurrence, le nombre de contaminations du personnel de la santé, tout corps et tout grade confondus, qui ne cesse d’augmenter. Selon des sources médicales à l’hôpital Mustapha, « il y aurait entre 7 et 8 contaminations par jour et ça n’épargne personne, médecins, infirmiers, ambulanciers et administrateurs».
De plus, des professeurs en médecine alertent sur la possibilité de l’avènement d’un nouveau virus mutant qui est en train de se propager avec plus de virulence, hautement transmissible et mortel même chez des jeunes en parfaite santé. « C’est quelque chose d’inquiétant, puisque au bout de 48 H le malade passe de 20 % d’atteinte pulmonaire à 60 % ».
La docteure Zerouala, du laboratoire éponyme, estime pour sa part « que le fait d’autoriser des importation d’oxygène, sans autorisation préalable, peut alléger les cliniques privées qui soignent la Covid. Bien sûr qu’il y aura des dérapages et des détournements, car déjà le prix de l’oxygène a flambé sans aucune raison. Le moment n’est pas pour rendre des comptes. Cela viendra en son temps, j’en suis sûre. L’urgence est de sortir de cette épidémie et au plus vite. C’est un combat à mener, et c’est l’affaire de tous » nous a-t-elle affirmé.
La situation est vraiment critique juge l’économiste, Billel Aouali, « l’Etat a pris ses dispositions, à notre tour de concourir au succès. Quel qu’en soit le prix, l’Algérie devra le payer, pour s’en sortir » déplorant au passage, la communication insuffisamment efficace du gouvernement pour sensibiliser les citoyens à adopter les mesures sanitaires. Si le gouvernement pense à réquisitionner des lits dans les hôtels, c’est que la situation est grave même si elle n’est pas désespérée » .
R. H.