La réforme du secteur des Assurances s’impose. Les performances réalisées jusque-là par ce secteur sont en deçà des attentes et ne reflètent pas le potentiel existant. Actuellement, les assurances ne contribuent qu’à 0,7 % au PIB national.
Par Akrem R.
Un taux marginal et loin de la moyenne mondiale qui est de l’ordre de 6% et même africain (3%) et maghrébin, dont le taux de contribution au PIB oscille entre 2,5 à 3 ,5%. C’est ce qu’a déploré, hier, dimanche, le vice-président de l’Union algérienne des sociétés d’Assurance et réassurances, Hassen khelifati.
Des chiffres qui renseignent sur la vulnérabilité du secteur des Assurances en Algérie, nécessitant une refonte profonde afin de le booster, et le mettre au diapason des nouvelles ambitions de l’Algérie, à savoir, promouvoir une économie diversifiée indépendante des hydrocarbures.
Les débats sur la réforme des Assurances sont, en fait, déjà lancés entre le ministère des Finances et les assureurs. D’ailleurs, un avant-projet sur la nouvelle loi sur les Assurances a été élaboré et présenté à l’approbation et aux débats à l’APN, avant d’être retirée. Cette décision a été prise, rappelle-t-on, suite aux réserves émises par les assureurs, du secteur privé, notamment.
«Nous avons participé aux différents débats et séances de travail, mais à notre grande surprise, la mouture finale du projet de loi en question n’a pas été présentée aux Assureurs par la tutelle. Cette dernière avait assuré que 90% de nos propositions avaient été prises en considération, mais on ne sait pas si les 10% restantes sont nos principales propositions», a rappelé Khelifati qui s’exprimait sur un plateau de télévision algérienne.
Création d’une autorité de régulation et de contrôle indépendante
L’intervenant a noté que l’ancien ministre des Finances, le Premier ministre Aïmene Benabderhamane, accorde un intérêt particulier à ce dossier, ayant fixé le 30 mars prochain, comme ultimatum pour la finalisation des travaux de ce chantier. «Nous espérons que le nouveau ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, accélérera l’opération de réformes et l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions, dont le but est la relance du secteur des Assurances. Nous accusons, déjà, beaucoup de retard», souligne-t-il.
Parmi les propositions-phares des assureurs, dira Hassen Khelifati, la création d’une autorité de régulation et de contrôle indépendante du ministère des Finances. Il est inconcevable, estime-t-il, que ce département qui détient 76% des parts du marché des assurances via les compagnies publiques, soit le régulateur.
En effet, et à travers la création de cet organisme, le secteur sera restructuré en instaurant un climat propice pour la concurrence loyale et transparente. Ainsi, cette autorité, une fois opérationnelle, aura de larges prérogatives, allant jusqu’au retrait d’agrément aux compagnies d’assurances ne respectant pas les règles du marché, détaille-t-il. L’autre réforme apportée à ce secteur, ajoute Khelifati, c’est la modification de l’article 17 concernant la vente par facilité de produits d’assurance. S’agissant des droits des citoyens, le DG d’Alliance Assurance, a fait savoir que les délais d’indemnisations seront écourtés. Une décision entrant dans le cadre de l’amélioration des services.
La branche automobile enregistre un taux négatif de 4%
Sur un autre registre, l’intervenant a laissé entendre que la situation du marché des Assurances est très difficile, et ce, malgré le rebond enregistré en 2021, avec une croissance de + 5%. « Après une année «morose» en 2020 avec -6% de croissance, en 2021, nous allons enregistré un taux de croissance positif de 5%, similaire à celui de 2019 qui était, lui aussi, en baisse par rapport à 2018», indique-t-il. La branche automobile est la plus impactée durant cette période (-4%), notamment avec la situation d’inertie du marché de voitures, dont l’importation et le montage sont à l’arrêt depuis 2017. « Le parc automobile est en situation de dégradation, le nombre d’accidents en hausse et la valeur des accidents est également en augmentation, suite, notamment, à la flambée des prix des pièces de rechange. Tous cela a un impact direct sur le chiffre d’affaires des compagnies d’assurances», explique-t-il. Et d’ajouter : «Nous sommes dans une situation, faisant, donc, que la relance de ce secteur est impérative. Il est le pourvoyeur du Trésor public et également acteur du financement de l’économie nationale. Nous pouvons facilement augmenter la participation du secteur à 5% du PIB si les réformes étaient menées à terme». Enfin, les assureurs s’attendent à une relance économique effective, avec l’entrée en production de nouveaux projets d’investissements et la libération de l’importation de voitures neufs. Ceci va certainement stimuler la consommation des produits d’assurances et donnera une nouvelle dynamique à l’économie nationale, «le secteur des Assurances étant la mémoire de l’économie», conclut-il.
A. R.