Les travaux des assises nationales du cinéma qui ont débuté le dimanche 19 janvier 2025, sous l’égide du ministre de la culture et des arts, Zoheir Belalou. Organisées au centre international des conférences « Abdelatif-Rahal » à Alger, ont réuni un large éventail de professionnels du cinéma, allant des réalisateurs aux producteurs, en passant par les artistes et techniciens. Ce rassemblement met en lumière l’engagement des autorités algériennes à moderniser et à structurer le secteur cinématographique national.
Par Houria Mosbah
La première journée des assises a été marquée par une participation exceptionnelle de la part des acteurs du cinéma algérien. Réalisateurs, producteurs, artistes et techniciens ont investi les cinq ateliers thématiques proposés, abordant des questions cruciales pour l’avenir du cinéma en Algérie. Cette diversité de participants montre l’intérêt croissant pour la construction d’une industrie cinématographique durable et compétitive.
Zoheir Belalou, ministre de la culture et des arts, a activement pris part aux discussions, échangeant des idées et des perspectives pour alimenter les réflexions sur l’avenir du secteur.
Cinq ateliers thématiques : définir les bases d’une industrie cinématographique algérienne
Les ateliers organisés lors de ces assises ont couvert des domaines essentiels pour le développement du secteur cinématographique. Parmi les sujets traités, l’économie et le financement du cinéma ont été au cœur des échanges, afin de définir des solutions concrètes pour assurer la viabilité financière des projets.
D’autres ateliers ont porté sur la gouvernance du secteur, l’éthique professionnelle, ainsi que sur la distribution des œuvres cinématographiques au sein du pays et à l’international. Un focus particulier a été mis sur la numérisation et la préservation du patrimoine cinématographique, afin de maintenir une mémoire cinématographique vivante et accessible aux générations futures.
Ces assises s’inscrivent dans un contexte plus large. En octobre 2021, une étude de l’UNESCO a réalisé une cartographie détaillée de la production cinématographique et audiovisuelle en Afrique, mettant en évidence les défis auxquels fait face l’Algérie pour industrialiser ce secteur.
Le rapport a révélé qu’en Algérie, il existait en 2021 plus de 1 000 sociétés de production et de distribution, dont une grande partie est dédiée à la distribution. Il a aussi souligné l’importance historique de films emblématiques, comme Chronique des années de braise (1975), Palme d’Or à Cannes, et L’Oranais (2014), plusieurs fois primé.
Toutefois, le rapport a mis en lumière l’absence de vision économique claire pour l’industrialisation du secteur, tout en soulignant son énorme potentiel de croissance, à condition que des efforts soient déployés pour en structurer efficacement le développement.
Ces dernières années, le cinéma algérien a également connu des succès modernes, comme le film La dernière reine, réalisé par Adila Bendimerad et Damien Ounouri. Ce film, sorti en 2022, a été salué sur la scène internationale et avait rejoint la course aux nominations, pour les Césars 2024, notamment dans la catégorie du meilleur film étranger, attestant ainsi de la vitalité et du potentiel de la production cinématographique algérienne contemporaine.
Lors de l’ouverture des assises sur le cinéma, le président de la République a souligné l’importance de soutenir le cinéma algérien par des financements ciblés, la modernisation des infrastructures, et la simplification des démarches administratives pour les cinéastes.
Cette volonté se traduit par la création d’un environnement plus propice à l’émergence de projets cinématographiques, tout en mettant en place des mécanismes de soutien à la production locale.
Le président a également mis en avant la nécessité de former de nouveaux talents par la création d’écoles spécialisées, un facteur clé pour la pérennité du secteur à long terme.
Objectifs et ambitions : une feuille de route pour l’avenir du cinéma algérien
Les assises nationales du cinéma visent avant tout à élaborer une feuille de route opérationnelle pour le secteur.
Les discussions des ateliers devraient aboutir à des recommandations précises qui guideront la politique culturelle et cinématographique du pays dans les années à venir.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté de renforcer l’infrastructure du cinéma national, tout en favorisant un environnement propice à la créativité et à l’innovation.
En mettant l’accent sur une industrie moderne et compétitive, les autorités espèrent doter l’Algérie d’un secteur cinématographique capable de se distinguer d’avantage au niveau régional et international.
Cette démarche prend tout son sens dans le cadre de l’étude de l’UNESCO, qui estimait que l’industrie cinématographique et audiovisuelle en Afrique représentait en 2021, 5 milliards de dollars de revenus et générait environ 5 millions d’emplois.
L’étude prévoit qu’en exploitant pleinement son potentiel, ce secteur pourrait contribuer jusqu’à 20 milliards de dollars au PIB du continent et créer 20 millions d’emplois. Ces perspectives illustrent l’immense potentiel que pourrait offrir l’Algérie, si des efforts suffisants sont déployés pour structurer et industrialiser son secteur cinématographique.
En outre, le soutien à la production locale et la formation des professionnels sont perçus comme des leviers stratégiques pour promouvoir la culture algérienne à l’international, stimuler le tourisme et générer des retombées économiques positives.
Le développement de l’industrie cinématographique est ainsi vu comme une opportunité de diversification économique, offrant des emplois et renforçant l’image de l’Algérie à l’échelle mondiale.
Un exemple significatif de l’impact culturel sur le tourisme est le clip de DJ Snake pour son morceau « Disco Maghreb ». Ce clip a attiré l’attention de millions de spectateurs à travers le monde, suscitant un intérêt croissant pour l’Algérie.
Les travaux des assises se sont poursuivis jusqu’à hier, lundi 20 janvier 2025, avec l’ambition de produire des résultats concrets qui bénéficieront directement aux professionnels du cinéma, de la culture et des arts en Algérie.
H. M.
