En ces temps de crise sanitaire, beaucoup d’Algériens préfèrent effectuer leurs achats en ligne. Même si on est encore loin des standards internationaux, cette progression a été accentuée chez nous avec la pandémie que nous subissons, et l’approche de la fête de l’Aid El fitr. Mais peut-on parler d’achat en ligne, quand le paiement se fait en cash et à la livraison ? De plus beaucoup d’économistes rappellent que ce genre de transaction ne peut en aucun cas être assimilé à un achat en ligne et ne peut être considéré que comme une commande en ligne. Des commandes effectuées au risque et péril de la clientèle, car à la clé il n’y a aucune garantie ni protection.
Par Réda Hadi
Si les statistiques officielles données par l’administrateur du GIE Monétique, (Groupement d’intérêt économique de la monétique), Madjid Messaoudene, montre une hausse certaine de ces transactions, elles ne concernent pratiquement que des établissements étatiques, ce qui fait dire à M. Nabil Djema, expert financier agréé que «le terme « transaction » est galvaudé. On ne parler d‘achats en ligne que si il y a paiement en ligne. Or chez nous mis à part pour régler la facture de la Seeal, Algérie Telecom ou Sonelgaz, les paiements se font en cash dès la réception du produit. En fait ce sont juste des commandes que l’on effectue par internet. Commandes qui, soit dit en passant, n’offrent aucune garantie sur le produit et aucune assurance pour le service après vente qui n’existe pratiquement pas»
Les cas d’arnaques sur le produit sont légions et l’expert de souligner que «souvent la qualité des produits commandés, n’a rien à voir avec le produit exposé sur le site».
Produits non conformes
Samira, mère de 3 enfants se souviendra toujours de la malencontreuse histoire d’une commande en ligne : «Avec mon mari nous avons repéré un artisan qui vendait des meubles. Une fois notre choix défini, nous nous sommes déplacés pour mieux choisir et apporter quelques modifications. Lors de la livraison c’est un autre produit que nous avons reçu et nos plaintes n’ont rien donné. Le fabricant se contentant de revenir à chaque fois remonter les meubles».
Kader a, lui, commandé une paire de lunettes, mais quelle ne fut sa surprise de voir que ce n’était nullement celle qu’il avait commandée, avec en prime 800 DA de frais de livraison pour le trajet Ben Aknoun-Bab Ezouar ! Ces différents appels au numéro par lequel il a passé commande, n’ont rien donné, «heureusement que j’ai payé par cash, sinon par carte bancaire le problème aurait été plus grand», nous a-t-il dit
En vérité, selon M. Djemaa, les gens n’ont aucune assurance sur leur paiement en ligne et ont peur pour leurs données, c’est pour cela qu’il faut parler de commandes en ligne et non pas de transactions», nous a-t-il souligné.
Pour M. Djemaa, ces achats dont la livraison n’est pas comprise dans le prix, «excède très souvent celui du même produit sur le marché».
Ce sont des revendeurs !
Certes, ces dernières années, les sites spécialisés dans la vente en ligne foisonnent sur internet, mais pour cet expert, «ce ne sont que des revendeurs qui ne sont même pas au courant des spécificités du produits qu’ils vendent et avec en sus, des frais de livraison qui dépassent l‘entendement». «Il faudrait pouvoir et savoir accompagner ces personnes qui mettent des produits en ligne»
Pour cet expert, c’est un milieu non organisé qu’il faudrait régenter. Pour lui, «il serait judicieux de regrouper tous ces sites de vente en un seul lieu afin de permettre au client de savoir à qui s’adresser en cas de litige; et surtout, élaborer une loi avec cahier de charges pour quiconque vendrait des affaires en ligne».
Pour lui, d’ailleurs, «même les sites déjà connus et aux activités internationales doivent obéir à la loi, mais pour cela, celle-ci doit exister» a –t-il conclu.
Par ailleurs M. Djemaa a insisté sur le fait que le vide juridique qui entoure les «achats en ligne» ont fait proliférer beaucoup de personnes non expérimentées.
Si certaines gens sont de bonne foi, beaucoup ne le sont pas. Des commerçants et souvent, ce sont des particuliers, mettent en ligne leur production dans une certaine anarchie. «L’organisation de tout ce système de vente doit être régi par la loi» nous a-t-il dit, tout en accentuant sur le fait que «les sites de vente en ligne conquièrent la toile en Algérie et se sont multipliés ces dernières années notamment, depuis le lancement de la 3G en 2014 et 4G en 2016»
Si les arnaques sur internet en Algérie sont fréquentes, le manque de sensibilisation et d’informations de la part des pouvoirs publics ajoutent au problème.
R. H.