Des sommes d’argents conséquentes circulent dans le circuit hors bancaire, estimées à des dizaines de milliards de dollars. Un fléau décennal pour l’économie nationale et dont il semble qu’aucun moyen de lutte n’est assez efficace pour en venir à bout, même si ce ne sont ni les tentatives, ni les options pour y parvenir qui ont fait défaut jusqu’ici.
Par Akrem R.
Sur le volume de ces sommes astronomiques en circulation hors circuit économique légal, le chef de l’Etat bien qu’ayant avoué, dimanche dernier, que «nul ne détient le chiffre exact de l’argent en circulation en dehors du circuit officiel», l’estimera néanmoins « entre 6.000 et 10.000 milliards de DA», soit l’équivalent de…100 milliards de dollars !
Le gouvernement s’active pour sa bancarisation, notamment au regard de l’ «inefficacité» de l’option de changement de monnaie. D’ailleurs, le chef de l’Etat a estimé qu’une telle démarche sera «sans résultat», expliquant qu’un changement de la monnaie nationale «entrainerait de longues files de citoyens modestes et non d’hommes d’affaires venant échanger des montants à coup de milliards».
Le département de Aymen Benabderrahmane qui se dit conscient de l’ampleur de la situation, a entamé des démarches pour tenter de convaincre les détenteurs de ces capitaux de rejoindre le circuit bancaire.
L’Etat et les banquiers sont appelés, d’abord, à gagner la confiance des Algériens qui hésitent jusqu’à présent à déposer leur argent dans les banques. En effet, c’est le véritable défi pour le ministère des Finances, dira le premier argentier du pays.
À cet effet, «nous devons mettre en place les mécanismes adéquats pour la bancarisation de cet argent, à travers notamment, l’introduction de nouveaux modes de paiement». Dans une déclaration à une chaine de TV privée, Yamen Benabderrahmane a rappelé que des orientations ont été données afin de sensibiliser les citoyens sur la nécessité d’utiliser et de généraliser la monétique. Un moyen sécurisé et efficace.
Rétablir la confiance entre l’opérateur et la banque
« Nous devons mettre à la disposition du grand public les moyens de paiement électronique (TPE, carte CIB et autres moyens), la dynamisation de la bourse et l’activation de nouvelles mécanismes bancaires innovantes. Tous cela, permettra de drainer l’argent de l’informel et celui thésaurisé par les ménages», a-t-il détaillé. Et d’ajouter : « Notre premier défi, en tant que ministère des Finances est de rétablir la confiance entre l’opérateur économique et le système bancaire». L’introduction de la finance islamique avait déjà donné ses fruits. Déjà, quelque 100 milliards de centimes ont été bancarisés en un seul mois, selon le président Tebboune, espérant que davantage de fonds pourront être introduits dans le circuit bancaire après les prochaines élections et une meilleure stabilité du pays.
Pour sa part, Yazid Benmihoub le DG de la plate forme financière algérienne (La Bourse d’Alger), a estimé que pour drainer ces sommes d’argent, dont l’économie nationale a vraiment besoin pour son décollage, nécessite la confiance. Cette dernière, ne pourrait cependant survenir, sans le développement et la modernisation de notre système bancaire. Selon lui, toutes les parties doivent travailler en synergie afin de développer le paiement électronique dans notre pays. Pour lui, la digitalisation est le seul moyen pour lutter contre le recours excessif au cash. «Le paiement en ligne garantira la disponibilité de l’argent en H 24, avec rapidité et sécurité dans les transactions», a indiqué, hier, lundi, M. Benmihoub dans une déclaration à la radio nationale « chaine II». Ainsi, il a insisté sur l’innovation financière, en proposant de nouveaux produits et modes de paiement pour drainer l’argent de l’informel. À cette occasion, la Bourse d’Alger se prépare au lancement de Sukuk (crédits avec des dividendes), conformément à la finance islamique, en rappelant que l’épargne de l’argent au niveau de la bourse garantira des bénéfices nets. Le DG de la bourse a rappelé également que les redevances d’accès à la bourse sont exonérées d’impôts jusqu’en 2023. Par ailleurs, et afin de dynamiser la plate-forme financière, Yazid Benmihoub annonce l’entrée en service, prochainement, d’un nouveau système pour l’achat et vente des actions à distance. Dans une récente déclaration accordée à notre quotidien, l’expert financier international, Omar Berkouk a indiqué qu’il faut inciter les agents de l’informel à contribuer à l’effort national en souscrivant à un Emprunt National COVID 19, pour la relance économique à deux tranches. L’un, sans intérêt mais avec une participation indexée sur le taux de croissance du PIB, et l’autre, portant un taux d’intérêt de 7% à 7 ans. Ces emprunts seront cotés à la Bourse d’Alger pour assurer la liquidité aux porteurs. «La souscription à ces Emprunts Publics serait un moyen commode de « rentrer » dans les circuits financiers officiels l’immense quantité de monnaie « capturée » par les activités informelles», avait-il souligné.
A.R.