La pression sur les prix de nombreux produits alimentaires essentiels aux ménages algériens reste élevée. Comme à chaque évènement religieux, la mercuriale s’envole. Ces hausses attendues, ne semple nullement émouvoir les services de la répression, ce qui exaspère d’autant plus les citoyens qui ne voient aucun contrôle s’effectuer. En l’espace de moins d’une année, beaucoup de produits ont vu leur prix augmenter sans raison. Les problèmes de distribution et de logistique dans tous les secteurs, aggravent une situation économique aux mains de spéculateurs. La tension monte chez le citoyen et l’exaspération est à son comble.
Par Réda Hadi
Qu’il s’agisse de légumes, de fruits, de certains produits de première nécessité, rien en semble arrêter la spirale, et les pouvoirs publics semblent impuissants face aux spéculateurs. Certes, disent les économistes, la crise économique renforcée par la pandémie de la Covid-19 a provoqué une pénurie des denrées de base et une inflation galopante, mais tant que l’économie reste dominée par l’informel, le marché restera toujours aux mains de spéculateurs.
Un tour au marché de Bach Djarah nous donne un aperçu de cette flambée.
A cause de la Covid, le citron se vend allègrement à 900 DA dans ce marché réputé pas cher. «Les pommes de terre étaient accessibles à tous et puis d’un coup, elles sont devenues très chères. Pourquoi? Est-ce l’or? Non ! Tout est devenu hors de prix: le poulet, la viande rouge, tout. Il n’y a que le pain dont le prix n’a pas augmenté», nous dit une cliente. Le constat est identique pour Mohamed, un retraité de 68 ans: «tout le monde se rejette la balle. Personne n’est concerné. On ne sait pas qui sont les gens qui sont derrière tout ça. Le noyau, ils n’arrivent pas à le trouver. Qui est-ce qui tire les ficelles? On ne sait pas, mais le dindon de la farce c’est nous, nous les consommateurs.»
Au Marché du 8 Mai 45 (Sorecal), les mêmes propos sont tenus par les chalands et l’exaspération est à son comble. «Du jour au lendemain, les prix augmentent sans aucun contrôle. Et à chaque évènement, aucune surprise, les prix flambent», nous dit Samir, cadre dans une société nationale. «Les spéculateurs agissent à leur guise et font ce qu’ils veulent», enchaine Ali, jeune fonctionnaire dans une APC.
A qui la faute?
Les commerçants sont ciblés par les consommateurs, mais ceux-ci rejettent la responsabilité sur les producteurs. C’est le cas de ce vendeur de fruits: «C’est la faute des agriculteurs, personne d’autre, c’est l’agriculteur qui fixe le prix initial. Nous prenons juste un pourcentage sur la marchandise, c’est tout. Personnellement, je touche 20 dinars ou 50 dinars suivant le produit.»
Une thèse confortée par M. Hadj Tahar Boulanouar, président de l’Anca (Association nationale des commerçants et artisans) qui estime qu’«à part ceux des produits subventionnés, les prix des autres denrées alimentaires obéiront à la loi de l’offre et de la demande sur le marché. Le commerçant ne fait que prendre sa marge bénéficiaire. Il n’est en nul cas responsable d’une quelconque hausse.»
Dans une déclaration à Eco Times, M. Zebdi Mustafa, président de l’Apoce (Association de Protection et Orientation du Consommateur et son Environnement), soutient que le marché, faute de lois contraignantes et appropriées, ne peut être régulé. «Nous avons en amont, commis une erreur, en changeant d’économie sans y être préparé. De ce fait, nous n’avons aucune loi qui permet des contrôles, aucune loi sur la traçabilité des produits. En ce domaine c’est la jungle.»
De même que celui-ci nous a précisé que «tant que la traçabilité des produits alimentaires n’est pas établie, le marché national continuera à subir les fluctuations et les dysfonctionnements qui remettent en cause toute stratégie mise en œuvre dans le secteur de commerce. D’où la nécessité d’élargir l’application de l’utilisation de la facture dans le chaîne de distribution. Du producteur au détaillant, le circuit de commercialisation que suivent les denrées alimentaires doit être accompli» tout en spécifiant que «outre ce paramètre de traçabilité exigé pour lever toutes les irrégularités qui caractérisent le marché, notamment le hausse les prix, il est indispensable de plafonner les marges bénéficiaires des produits de première nécessité.»
Dans ce contexte, M. Zebdi nous a spécifié que «le contrôleur des prix n’a aucun argument juridique pour sanction un commerçant. Il faut se donner les moyens de sa politique, or chez nous ce n’est pas le cas.» «Une chose est certaine, le consommateur algérien n’est pas près de sortir de cette spirale dépensière d’autant plus que d’autres rendez-vous incontournables dont la rentrée scolaire, l’attendent dans les quelques jours.»
L’autre anomalie soulevée par le président de l’Apoce concerne la vente de jouets pour enfants sans que les normes européennes, adoptées depuis 17 ans par l’institut de normalisation (Ianor), ne soient appliquées. «Ces standards destinés à protéger davantage l’enfant, ne sont pas encore réglementés dans notre pays», constate-t-il. Pour lui, il n’existe aucun texte qui oblige l’importateur de ces jouets l’application de ces normes.
R. H.







