En dépit des incertitudes qui pèsent encore sur l’économie mondiale, l’Algérie maintiendra sa croissance pour les deux années à venir. En effet, selon les derniers chiffres de la Banque mondiale (janvier 2025), l’Algérie, qui a enregistré un taux de croissance estimé à 3,1 % en 2024, devrait connaître une augmentation de 0,3 % en 2025 pour s’établir à 3,4 %, soit le même niveau de prévision de croissance pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, avec la perspective d’atteindre 3,3% en 2026.
Par Akrem R.
Cette prévision de la Banque mondiale témoigne de la résilience de l’économie nationale, qui s’est mise sur la voie de la croissance depuis 2020, grâce aux réformes engagées par le gouvernement. La politique de diversification de l’économie nationale engagée commence, en effet, à donner de résultats sur le terrain, avec l’émergence de nouveaux secteurs hors hydrocarbures, tels que l’agriculture, l’industrie et les services.
L’Etat table sur une croissance économique de 4,5% en 2025, tandis que la croissance hors hydrocarbures serait de 5%, selon les prévisions du la loi de finances 2025.
Ainsi, le produit intérieur brut (PIB) devrait se situer, en valeur nominale, à 37.863 milliards DA (278,71 milliards de dollars) en 2025, passant à 40.850,54 mds DA (300,71 mds USD) en 2026 et à 41 859,30 mds DA (308,13 mds USD) en 2027.
Concernant la croissance réelle par secteur d’activité, le LF prévoit un taux de 6,2% pour le secteur industriel, 4,4% pour l’agriculture, 4,3% pour le BTPH, tandis que le secteur des hydrocarbures devrait connaître une croissance de 2,4%.
Dans son rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie pour l’automne 2024, la BM avait mis en avant la solide performance économique du pays, assurant que la croissance au premier semestre de l’année précédente était robuste, atteignant 3,9%.
«Qu’après une accélération à 4,1% en 2023, la croissance du PIB a légèrement ralenti au premier semestre 2024 (+3,9% en glissement annuel), soutenue par une croissance non extractive dynamique. Cette croissance est diversifiée et soutenue par un secteur agricole résilient», indique le même rapport.
L’Agriculture arrive en seconde position en termes de contribution au PIB, après celui des hydrocarbures, avec une production globale de plus de 37 milliards de dollars.
«L’agriculture a réalisé, cette année, une production de 37 milliards de dollars, ce qui est de bon augure et constitue la bonne approche que notre pays adopte pour se libérer de la dépendance aux hydrocarbures», avait déclaré le Président Abdelmadjid Tebboune lors d’une cérémonie organisée à ‘occasion de la célébration du cinquantième anniversaire du l’union nationale des paysans algériens (UNPA).
Dans ce cadre, la BM avait indiqué que la croissance de l’investissement s’est accélérée, stimulant les importations, tandis que la consommation privée et publique est restée robuste.
D’autre part, le PIB extractif est resté également stable au cours du premier semestre (+1%) après une nouvelle réduction du quota de production de pétrole brut de l’Algérie en janvier et une baisse de la demande européenne de gaz, a mentionné l’institution dans son rapport.
Tout en relevant une stabilisation des prix des produits frais, la modération des coûts d’importation et un taux de change stable durant cette période, l’institution financière internationale a précisé également que les réserves de change demeurent «confortables», représentant l’équivalent de 16,2 mois d’importations de biens et services en septembre 2024.
L’autre indicateur positif souligné dans le rapport est celui de la baisse de l’inflation qui a «nettement ralenti en 2024, grâce à la production agricole résiliente, la stabilisation des prix des aliments frais, la modération des prix à l’importation et la stabilité du taux de change», avait affirmé la BM.
Les incertitudes planent sur la région MENA
La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) est marquée par un climat d’incertitude croissante lié à l’intensification des tensions géopolitiques et des conflits.
La situation de conflit au Proche Orient continue d’affecter les économies de la région. En effet, la croissance devrait s’accélérer pour s’établir à 3,4% en 2025 et atteindre 4, 1% en 2026.
«Les projections pour 2025 sont plus faibles que celles anticipées en juin, du fait principalement de la prolongation des coupes volontaires de production pétrolière par plusieurs grands pays exportateurs. Les perspectives économiques régionales sont particulièrement incertaines, dans un contexte marqué par la poursuite des conflits armés et des tensions toujours vives dans plusieurs pays», lit-on dans le rapport de la BM (synthèse régionale MENA).
Dans les pays du CCG, la croissance devrait se consolider, pour atteindre 3,3 % en 2025. Les projections ont toutefois été revues à la baisse par rapport aux prévisions de juin (-1,4 point de pourcentage), en raison de la prolongation des baisses volontaires de la production de pétrole.
Parmi les exportateurs de pétrole non membres du CCG, l’activité devrait rester faible dans les pays concernés par ces ajustements.
En ce qui concerne les pays importateurs de pétrole, la croissance devrait repartir à la hausse pour s’établir en moyenne à 3,9 % en 2025-2026, sous l’effet principalement d’une demande intérieure plus soutenue sur fond d’atténuation des pressions inflationnistes.
Par ailleurs, la BM a fait savoir que dans les pays exportateurs de pétrole, une baisse de la demande mondiale et des prix du pétrole pourrait retarder encore davantage la fin des ajustements de production, ce qui pèserait sur les perspectives de croissance de l’ensemble de la région.
Les pays importateurs de pétrole pourraient quant à eux pâtir d’une recrudescence des mesures protectionnistes chez leurs partenaires commerciaux, qui entraînerait une baisse de leurs exportations.
Dans ces pays, une inflation mondiale plus tenace que prévu et des conditions monétaires plus restrictives qu’anticipé sont en outre susceptibles de grever le coût des financements étrangers.
Parmi les autres risques de révision à la baisse des perspectives de croissance régionale figurent également la montée des troubles sociaux et la survenue plus fréquente de phénomènes météorologiques extrêmes et autres catastrophes naturelles.
À l’inverse, une politique monétaire mondiale plus accommodante qu’attendu pourrait conduire à un assouplissement des conditions de financement.
De même, une croissance plus forte que prévu dans les grandes économies pourrait stimuler l’activité dans la région MENA à travers l’augmentation de la demande mondiale.
A. R.