Les agences de tourisme dans la capitale font face depuis quelques années déjà, à une forte concurrence d’offres de particuliers par internet. Si le tourisme d’affaires se porte bien, (hormis l’épisode de la pandémie), le tourisme proposé par les agences de voyages se meurt. La seule offre crédible et qui connait un franc succès, et celle proposé par des personnes par le biais d’internet.
Par Réda Hadi
La révolution numérique a énormément modifié l’écosystème touristique et pas qu’à Alger. Cette nouvelle technologie a remodelé les offres de distribution, offrant par-là même un nouveau champ, que beaucoup d’agence de voyage n’ont pas mis à profit ou n’ont pas su le faire.
Face à ce qui est considéré comme une concurrence déloyale, certains gérants d’agence, se sont reconvertis dans d’autres créneaux, particulièrement la restauration rapide, dont les bénéfices sont pratiquement immédiats.
«Les pertes engendrées par la concurrence sur internet sont énormes», révèle Kaci Zoubir, gérant d’une agence immobilière à Mohammadia. «Les agences sont confrontées à une concurrence déloyale, de la part d’opportunistes, qui louent un minibus, et proposent des séjours sans aucune assurance, ni garantie des prestations, et cela sans payer d’impôts. Comment voulez-vous alors qu’on s’en sorte?»
Pour beaucoup de spécialistes, le tourisme à Alger s’est focalisé sur le tourisme d’affaires, et a délaissé les autres activités annexes.
Sur internet, beaucoup ont donc saisi l’opportunité et proposent ce que les agences de voyage ne font pas. On peut y trouver des excursions d’une journée, des séjours plus ou moins longs, vers d’autre villes, des activités très diverses aussi, et cela à des coûts très intéressants.
«Or c’est le facteur coût, qui détermine l’option» soutient Kamel Anniche, un habitué des séjours contractés sur internet. «Quand j’ai découvert cette facilité d’accéder au tourisme, je n’ai pas hésité une seconde, et globalement, j’en suis satisfait. Bien que je reconnais que faute de garantie et d’assurance j’ai eu plusieurs couacs, et personne à qui me plaindre».
La nécessaire adaptation…
La situation était telle que des agences se sont mises à offrir des prestations sur internet, mais avouent que la marge bénéficiaire reste exagérément faible.
Pour M. Kaci, «L’équation était simple. Pour survivre il fallait s’adapter. On nous a souvent reproché de ne pas vouloir ou pouvoir le faire. Mais quand nous l’avons fait, c’est pratiquement à notre détriment. Nous avons des charges à payer, ce que les individuels sur internet n’ont pas. Pour un séjour de 4 nuitées à Biskra par exemple, il faut compter le prix du voyage, les nuitées, les assurances, les frais connexes, et toutes les charges. Alors il faut débourser au minimum 14.000 DA, avec une marge bénéficiaire proche du zéro. Par contre c’est vrai, des séjours identiques sont proposés sur internet, mais avec moins de frais et de charge, des hôtels de moindre catégorie, et aucune assurance sur les personnes, les prestations et la prise en charge, et cela au prix de 9000 DA. Impossible de les combattre» a-t-il conclu.
Pourtant, les opportunités ne manquent pas pour diversifier l’offre, l’adapter et surtout la vulgariser. Certes c’est un travail de longue haleine, que les gérants d’agence de voyage peinent à entreprendre.
Devant ces opportunités, M. Kaci reconnait les difficultés d’adaptation de ses confrères et avoue: «beaucoup d’entre nous, n’ont pas réussi à aller au-delà, de la gestion à laquelle ils entaient habitués. Pour eux c’était un virage à 360 degrés, et ils n’ont pas osé franchir le pas. C’est ce manque de résilience qui a causé leur perte. Il faut savoir s’adapter avec son temps et comprendre la demande. Le tourisme peut ne peut réussir en effet, que si l’offre répond à la demande. De nos jours, le client veut connaitre de nouvelles sensations, de nouveaux horizons et des activités nouvelles, et ceci avec une grande exigence de qualité. Nous les professionnels, nous devons répondre à ces critères pour réussir», a-t-il dit
A Alger, des agences, au vu de l’urgence, proposent des randonnées pédestres dans les montagnes, des séjours à moyenne durée, des visites guidées à la Casbah, à des prix qui restent relativement élevés.
C’est une question qui doit être absolument solutionnée, cat il y va de la survie du secteur.
R. H.