Les projets de la transition énergétique n’avancent pas au rythme escompté. Plusieurs contraintes persistent encore sur le terrain et entravent l’avancement du projet phare «Solar 1000 MW». Un avis d’appel d’offres international a été annoncé pour le mois de juin 2021, avant que ne soit publié, le 29 décembre 2021, ouvert aux investisseurs nationaux et étrangers. Ils avaient donc jusqu’au 30 avril 2022 pour envoyer leurs offres techniques et financières.
Par Akrem R.
Cette date a été prorogée encore une fois par la Société algérienne des énergies renouvelables (Shaems), chargée de la gestion de la réalisation dudit projet, laquelle avait fait l’annonce dans un communiqué en juin dernier. Cette décision de prorogation de délai «fait suite à la demande des investisseurs nationaux et internationaux participants au projet Solar 1000 MW, souhaitant approfondir leurs études techniques et financières», avait précisé la société. Une centaine d’investisseurs locaux et étrangers ont retiré le cahier des charges, rappelle-t-on. Mais à ce jour, les entreprises retenues ne sont pas encore connues. Un retard qui reste sans explication et les investisseurs semblent découragés.
Selon les observateurs et les experts du domaine, la question du financement et la non-promulgation des textes d’application de la nouvelle loi sur l’investissement sont à l’origine des blocages et non ouverture des plis des soumissionnaires.
Le retard dans la concrétisation de ce projet amitieux fait perdre beaucoup d’argent au Trésor public, notamment durant cette conjoncture. Il est à noter que la réalisation de ce projet garantira une économie de 550 millions m3 en gaz naturel, soit l’équivalant de 100 millions de dollars! A cet effet, il est plus que nécessaire de remédier à cette situation pénalisante pour l’économie nationale et au processus de la transition énergétique engagé par l’Etat Algérien. Un domaine auquel le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, accorde un intérêt particulier.
Des orientations ont été, en effet, données pour accélérer la cadence dans la concrétisation du programme national EnR, permettant la production de 15.000 MW d’électricité à horizon 2035, dont 4000 MW d’ici à 2024. Dans cette perspective, 11 sites pour la réalisation du projet de «Solaire 1000», qui comprend des stations de production d’énergie solaire d’une capacité globale de 1000 mégawatts, ont été retenus. D’emblée pour l’expert en énergie renouvelable, Toufik Hasni, ce retard s’explique par des contraintes techniques et autres ayant un lien avec le climat des affaires et autres exigences imposées par le gouvernement.
Concernant le premier point, Hasni Toufik a indiqué qu’il faut savoir que les EnR ne sont pas réparties équitablement sur le territoire national. Donc, dira-t-il, «lorsque vous dites 1000 MW sur un site, l’investisseur a besoin de faire des tests tout au long de l’année pour vérifier sur le potentiel et s’engager réellement.»
Le climat des affaires n’est pas encore propice
Deuxième point, ajoute-t-il, il concerne l’environnement des affaires. Une loi sur l’investissement est certes promulguée, mais les textes ne sont pas encore fin prêt. «Tant qu’il n’y aura pas ces texte d’application, aucun investisseur ne pourra s’engager dans ce domaine», souligne-t-il.
En clair, ceci retardera les investisseurs à venir investir, en proposant des projets dans ce créneau. Et de l’autre côté, il y a également les exigences du gouvernement qui veut la concrétisation des projets EnR avec une industrie locale. Les investisseurs sont tenus d’investir d’abord dans la fabrication des kits en local.
Le financement extérieur… une obligation
Notre interlocuteur a fait remarquer que malgré la suppression de la règle dite 49/51, la tâche s’avère toujours difficile pour les investisseurs notamment les étrangers. A tous cela s’ajoutent les difficultés dans la mobilisation des financements et crédits bancaires. Les banques sont de plus en plus exigeantes.
En plus, l’avis d’appel d’offres a été reporté et de l’autre côté le ministère de la transition énergétique négocie en gré-à-gré avec les turcs, les hindous…etc. «Ceux qui ont pris le cahier des charges se posent la question et s’interrogent sur leur sort? Voilà les raisons qui sont à l’origine du retard dans le lancement de ce projet», précise Toufik Hasni.
S’agissant de la question du financement extérieur, notre interlocuteur a indiqué que ce dernier n’est pas une condition mais une obligation pour la réalisation de ce projet. «Actuellement, nous ne disposons pas des devises nécessaires pour ce projet d’une valeur d’un milliards de dollars et plus», conclu-t-il.
A. R.