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Le Programme de dessalement de l’eau de mer compte intégrer les énergies renouvelables : La stratégie innovante de l’Algérie - ECOTIMES

Le Programme de dessalement de l’eau de mer compte intégrer les énergies renouvelables : La stratégie innovante de l’Algérie

Le Programme de dessalement de l’eau de mer compte intégrer les énergies renouvelables : La stratégie innovante de l’Algérie

L’Algérie poursuit sa stratégie ambitieuse de sécurisation de l’alimentation en eau potable, en s’appuyant massivement sur le dessalement de l’eau de mer. Six nouvelles usines de dessalement seront, en effet, lancées dès 2026, avec pour objectif de porter la contribution des eaux non conventionnelles à 60 % d’ici 2030. La nouveauté de ce programme réside dans sa capacité à conjuguer sécurité hydrique et respect de l’environnement, en intégrant les énergies renouvelables (EnR).

Par Akrem R.

Consciente des enjeux climatiques, l’AEC, (Directeur de Développement à l’AEC (Algerian Energy Compagny /Compagnie Algérienne de l’Énergie) qui fait de la décarbonation un axe structurant de sa politique, prévoit d’intégrer entre 30 et 35 % d’énergies renouvelables dans les six nouvelles stations de dessalement actuellement en cours de maturation. 

«Parmi les mesures adoptées dans la réalisation des futurs projets, nous avons décidé d’intégrer 30 à 35 % d’énergies renouvelables dans les stations de dessalement», a déclaré Sofiane Zamiche, directeur du développement à l’AEC, s’exprimant sur les ondes de la Radio algérienne, chaîne III.

Cette orientation vise à réduire la consommation d’électricité conventionnelle, à diminuer l’empreinte carbone et à inscrire ces projets dans la dynamique nationale de transition énergétique. 

Ce taux, validé par des études internationales, est considéré comme un objectif «optimiste mais réaliste» en matière d’intégration des énergies renouvelables dans la production d’eau dessalée. 

Selon M. Zamiche, les appels d’offres pour la réalisation des six nouvelles stations imposeront, à travers leurs cahiers des charges, la construction de fermes photovoltaïques et/ou éoliennes afin de réduire le coût élevé de la consommation énergétique, dans le cadre d’un projet intégré sous la formule EPC (Engineering, Procurement and Construction).

«Nous sommes actuellement dans la phase de maturation des six nouvelles stations, d’une capacité de 300 000 m³ chacune, qui seront implantées dans les wilayas de Skikda, Jijel, Tizi Ouzou, Chlef, Mostaganem et Tlemcen», a-t-il précisé. Les nouveaux projets seront conçus sous forme de complexes EPC, associant unités de production d’énergie renouvelable et stations de dessalement.

Dans une première phase, des études ont été lancées par l’AEC pour évaluer la contribution des panneaux photovoltaïques installés sur les toitures des stations de dessalement. Toutefois, les résultats se sont révélés décevants : la part d’électricité couverte n’atteindra que 0,2 % de la consommation énergétique totale.

Face à ce constat, l’AEC entend aller plus loin, en construisant des fermes photovoltaïques et éoliennes dans le Grand Sud et les Hauts-Plateaux, afin de compenser une partie de la consommation des stations de dessalement par une production d’énergie électrique verte. L’objectif est double : réduire la dépendance aux énergies fossiles et abaisser le coût de revient du mètre cube dessalé.

Ce vaste programme prévoit l’implantation de six stations, d’une capacité individuelle de 300 000 m³/jour, soit 1,8 million de m³/jour au total. 

Ces installations alimenteront non seulement les villes côtières, mais aussi des zones situées jusqu’à 150 km à l’intérieur des terres, garantissant une répartition plus équitable de l’eau potable à l’échelle nationale.

Vers la valorisation de la saumure 

Parallèlement, une réflexion est en cours pour valoriser les 5,5 à 6 millions de m³/jour de saumure rejetés à terme. Objectif : extraire des minéraux tels que le lithium, le sodium, le bore et le magnésium, et développer des partenariats industriels, notamment dans le secteur des batteries électriques (lithium-ion et sodium). 

Des études de faisabilité sont menées avec des bureaux d’études algériens pour évaluer la viabilité de cette filière. «Nous avons assisté à plusieurs séminaires consacrés aux batteries au lithium et au sodium. Il faut réfléchir à des synergies avec les acteurs économiques pour valoriser cette ressource», a expliqué le directeur du développement de l’AEC, soulignant une convergence naturelle entre dessalement, transition énergétique et industrialisation verte.

Par cette démarche, l’Algérie ne se contente plus de répondre à l’urgence hydrique. Elle propose un modèle durable, où l’eau dessalée devient un vecteur de développement écologique et industriel. 

En intégrant les énergies renouvelables, en maîtrisant les coûts, et en valorisant les sous-produits, l’AEC trace les contours d’un avenir où l’eau potable et l’énergie propre avancent main dans la main.

Hydrogène vert : une contribution indirecte via l’eau ultra-pure

Concernant l’hydrogène vert, l’AEC ambitionne de contribuer indirectement à sa production. Bien que les contraintes de sécurité (ATEX) rendent difficile l’intégration directe de cette technologie dans les stations, l’entreprise se positionne comme fournisseur d’eau ultra-pure nécessaire à l’électrolyse.

«Pour produire 1 kg d’hydrogène vert, il faut 10 litres d’eau ultra-pure et 50 kWh d’énergie verte. Nos stations peuvent fournir cette eau», a-t-il affirmé.

L’intervenant a également affiché l’ambition de l’AEC d’exporter son savoir-faire vers l’Afrique. Initialement centrée sur l’approvisionnement national en eau potable via des ressources non conventionnelles, l’entreprise élargit désormais son action à l’intégration industrielle : membranes d’osmose inverse, filtres, anthracite, produits chimiques…

L’Algérie prête à exporter son savoir-faire vers l’Afrique

«Nous avons lancé un processus de partenariat avec les pionniers du secteur pour implanter cette industrie localement», explique M. Zamiche, précisant que l’objectif est de sécuriser les approvisionnements sur 25 ans, tout en stimulant le tissu industriel national.

L’AEC ambitionne aussi de conclure des contrats 100 % algériens, avec l’implication des universités et des centres de recherche. Cette stratégie permettra de maîtriser la chaîne de valeur et d’asseoir une souveraineté technologique.

«Pourquoi ne pas aller vers le développement de cette industrie avec les pays de la région ? Nous voulons maîtriser ici en Algérie, mais aussi acquérir de nouvelles expériences à l’international», poursuit-il. 

Le groupe prévoit également d’impliquer les filiales de Sonatrach, notamment pour les travaux de canalisation et de génie civil. À terme, l’objectif est clair : faire de l’Algérie un leader africain du dessalement, capable d’exporter technologies et expertise dans la gestion durable de l’eau.

Avec la réception récente de cinq nouvelles stations, l’Algérie se classe premier pays africain investisseur dans cette technologie, deuxième au niveau arabe et méditerranéen, atteignant une capacité totale de 3,75 millions de m³/jour d’eau dessalée.

A.R.

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