Un nouveau partenariat se dessine entre Alger et Rome. Les deux pays l’Algérie et l’Italie se rapprochent de plus en plus et aspirent bâtir des partenariats stratégiques dans divers domaines, notamment, économique.
Akrem R
Plusieurs questions d’intérêts communs ont été à l’ordre du jour de la visite d’Etat de deux jours (6 et 7 novembre) du président de la République italienne, Sergio Mattarella avec son homologue algérien, Abdelmajdid Tebboune.
Depuis son arrivé au Palais d’El-Mouradia, le chef de l’Etat a affiché les ambitions de l’Algérie de renforcer son partenariat, notamment, économique avec l’Italie, en avouant vouloir s’inspirer du modèle italien dans la relance et la diversification de l’économie nationale. Il est à noter que le tissu industriel algérien est composé de 98% de petites et moyennes entreprises (PME). Un tissu qui a, par conséquent, besoin d’un véritable appui, en termes de technologies et d’innovations afin d’atteindre les niveaux de compétitivités requis et tenter de s’imposer sur le marché international. Des objectifs chiffrés sont d’ores et déjà fixés par le président Tebboune. Ce dernier table sur l’exportation de 4,5 à 5 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures, courant 2021 et de le doubler durant les deux prochains années. En somme, la diversification de l’économie nationale nécessite des investissements dans des secteurs biens précis, créateurs de richesses et de valeur ajoutée, notamment en devises et en emplois. Et sur ce plan le salut pourrait venir de l’Italie. Les entreprises italiennes et les hommes d’affaires de ce pays se disent, en effet, prêts à venir investir dans notre pays dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant.
M. Mattarella a, ainsi, exprimé l’intérêt de l’Italie de «diversifier le partenariat bilatéral en explorant de nouvelles collaborations avec des entreprises algériennes, dans les secteurs (présentant) de nouvelles opportunités, telles que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Ce sont des secteurs qui sont, notamment, au cœur des stratégies de transition énergétique italienne et algérienne et dont les opportunités économiques vont se multiplier dans les prochaines années», a-t-il fait valoir dans un entretien accordé à El Moudjahid. Qualifiant le plan d’action du gouvernement de M. Benabderrahmane d’«ambitieux» qui vise à améliorer le climat des affaires dans le but d’accompagner les perspectives de diversification de l’économie algérienne, l’hôte de l’Algérie a affirmé que son pays souhaite accompagner l’Algérie dans ce parcours.
Premier client de l’Algérie, l’Italie achète annuellement plus du tiers du gaz algérien exporté, tandis qu’elle occupe la deuxième place parmi les pays de l’Union Européenne (UE) fournisseurs de l’Algérie. Le secteur des hydrocarbures occupe une place importante dans la relation économique algéro-italienne, grâce notamment, au partenariat entre le Groupe Sonatrach et le groupe énergétique italien Eni, présent depuis 1981 en Algérie.
Nabil Djemaa, expert financier : «L’Italie un partenaire incontournable»
L’économiste et l’analyste financier, Nabil Djemaa, a indiqué que l’Italie est un partenaire intournable pour l’Algérie. Avec des échanges commerciaux dépassant les 6 milliards de dollars, ce pays peut désormais apporter un plus à l’économie nationale, notamment, dans les domaines de l’industrie, et de la transition énergétique. Notre interlocuteur a rappelé que ce pays est plus qu’un partenaire, un vrai ami de l’Algérie. Durant les années 90, où l’Algérie était isolée économiquement et face à une crise financière sans précédent (la dette dépassait 80% de nos recettes), l’Italie était le seul pays qui dmeurait à nos côtés, a-t-il souligné.
Ainsi, les Italiens ont joué un rôle important dans le developpement et le financement de projets industriels en Algérie. D’ailleurs, 70% des équipements industriels proviennent de l’Italie. « Les Italiens aident l’industrie algérienne d’une manière significative. Ils ont financé les semouleries de Sim à Blida. C’est un partenaire qu’on ne doit pas négligé», a-t-il indiqué. Avec leur tissu industril de petites et moyennes entreprises, ils (les Italiens) peuvent nous aider à développer le nôtre, outre l’agriculture, et le commerce. Même, ajoute-t-il, dans le domaine de l’investissement, IDE, les entreprises italiennes peuvent venir investir et aider l’Algérie dans la reconstruction de son industrie, surtout avec la nouvelle loi signée par le président Tebboune concernant l’importation du matériel et machines rénovées de moins de 5 ans. «Ceci nous permettra d’importer à des prix intéressants (compétitifs) et convenables. C’est un partenaire très prisé, mieux que les Français et sont moins chers que les Allemands. Ils sont les meilleurs dans le domaine de l’industrie. Nous pouvons même miser sur eux pour ce qui est de l’industrie automobile», indique M. Djemaa.
Questionné sur l’apport de l’Italie dans les domaines des EnR, l’expert a indiqué que «ce pays a le savoir-faire nécessaire et peut nous accompagner dans notre transition énergétique, conclure des partenariats dans les énergies renouvelables, notamment, Eni. Ces sociétés ont la technologie qu’il faut à cet effet. Ils peuvent nous aider à démarrer notre transition énergétique».
Pour capter l’investissement, l’expert a recommandé d’améliorer le climat des affaires, la révision de la législation régissant le contrôle des changes, la domiciliation, transfert de capitaux vers l’étranger.
« Aujourd’hui, les responsables de la B. A. refusent de se développer et de changer. La domiciliation est un acte administratif et bloquent les investisseurs, les industriels. Le contrôle des changes est le plus grand handicap qui bloque l’investissement et le développement économique en Algérie. La BA parle du contrôle de changes, mais en réalité, ne contrôle rien. Durant les 30 dernières années, même avec la domiciliation, les gens ont pu transférer avec la 300 milliards de dollars. La réglementation des changes et la domiciliation doivent être assouplies par la BA», a-t-il suggéré. Nabil Djemaa a fait savoir, par ailleurs, qu’actuellement «nous avons des blocages pratiquement à tous les niveaux. Il faut aller vers un guichet unique et encourager l’acte d’investir pour les investisseurs notamment étrangers. L’Algérie a besoin de l’investissement direct étranger (IDE)».
A.R.