Après Italien Sergio Mattarella, et le français Emmanuel Macron, voilà qu’hier, le Président du Conseil Européen, Charles Michel, arrive à Alger, pour une visite où il devrait parler «énergie». La fermeture par les russes du gazoduc Nord Stream 1, depuis vendredi, accentue la panique européenne qui, désormais tient pour sérieuse cette crise énergétique qui menace tant les industries que les ménages qui risquent de passer un hiver sans chauffage.
Par Nadjib K.
Certes les européens sont loin de s’avouer vaincus, assurant même –ou du moins pour certains d’entre eux-, que grâce au stockage et aux mesures d’économie d’énergie prises ces derniers mois, les membres de l’Union européenne «son bien préparés» à l’éventualité d’un arrêt total des livraisons de gaz russe.
Hier, le Président du Conseil Européen, Charles Michel, reçu par les hautes autorités du pays, était venu parler de «la crise énergétique qui affecte l’Europe ainsi que la flambée des prix du gaz sur le marché européen», apprend-on. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, l’a même reçu lors d’un entretien en tête à tête au siège de la Présidence de la République, où un accueil officiel a été réservé.
Il y a certainement d’autres questions, au demeurant «annexes» qui sont évoquées, à savoir notamment la situation au Sahel, ou encore la coopération économique entre Alger et l’Union Européenne, mais il demeure que pour l’UE, la sécurisation de l’approvisionnement en gaz, à partir d’Algérie, demeure une urgence.
Ainsi, et même si plusieurs responsables européens tentent de rassurer, la menace est déjà ressentie partout, et particulièrement l’opinion publique qui commence à s’impatienter.
C’est ainsi que le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni a assuré avant-hier que l’Union européenne n’a pas «peur des décisions de Poutine, nous demandons aux Russes de respecter les contrats, mais s’ils ne le font pas, nous sommes prêts à réagir», avant d’ajouter que «le stockage de gaz est actuellement à environ 80%, grâce à la diversification des fournitures, même si la situation diverge d’un pays à l’autre».
«L’heure est grave»…
Toutefois, la réalité est tout autre, puisque des experts et autres analustes européens estiment que «l’heure est grave». C’est le cas, entre autres, de Ben McWilliams, Analyste de recherche à Bruegel, Simone Tagliapietra, Chercheur à Bruegel et professeur à l’Université catholique de Milan, et Georg Zachmann, Chercheur à Bruegel qui estimaient, dans une tribune publiée la semaine dernière dans Le Monde, que «La crise de l’énergie représente le plus grand risque systémique pour l’Europe». Les trois économistes appellent, ainsi, à un accord historique des pays de l’Union européenne sur l’énergie créant «un grand marché» pour «mettre en échec le chantage énergétique de Poutine et, à long terme, réduire la consommation de combustibles fossiles.»
Entre temps, les dirigeants européens rodent du côté d’Alger, puisqu’en dépit de l’existence d’autres fournisseurs de gaz, l’Algérie demeure la plus sûre et la plus fiable pour les européens. La visite d’hier du Président du Conseil Européen, s’inscrit donc en droite ligne de cette démarche européenne qui se veut salvatrice.
N. K.