Conformément à la nouvelle Constitution, le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane devra présenter la politique générale et le plan d’action de son gouvernement lors de la session parlementaire d’automne (septembre prochain).
Par Akrem R.
En effet, et face à la conjoncture économique difficile que traverse le pays, l’Exécutif est appelé à apporter des ajustements au plan de relance économie qui a été élaboré en août 2020, soit un an après. La situation sanitaire et son impact socioéconomique exige la redistribution des cartes, selon les priorités. Certes, ce plan de relance, visant à la diversification de l’économie nationale est ambitieux, mais sa concrétisation nécessite des réformes structurelles et un travail de terrain. Des observateurs et experts en économies sont unanimes à dire que le plan d’action du gouvernement s’inscrit étroitement dans la concrétisation du programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Autrement dit, il n’y aura pas de grands changements dans la feuille de route tracée déjà depuis un an. Toutefois, il est impératif de lui apporter des ajustements, en tirant des leçons de l’impact de la pandémie sur les plans socio-économiques.
Dans ce cadre, l’économiste, Abdelkader Beriche, a souligné la nécessité de procéder, en premier lieu, à l’actualisation des données de ce plan de relance économique et de changer carrément son appellation, par : « Le plan de décollage économique». Ce plan doit contenir, ajoute-t-il, des mesures urgentes pour faire face aux défis sanitaires, économiques et sociales sur le court terme, et l’engagement pour des réformes économiques structurelles dans le moyen terme.
«Le plan d’action du gouvernement doit accorder la priorité à la question de la sécurité sanitaire. Un grand travail reste à faire en matière d’amélioration du service public et de la prise en charge des malades, de renforcement des structures de santé en moyens matériel et humain nécessaires et donner plus de facilitations pour le modernisation et le développement de l’industrie pharmaceutique locale », a-t-il recommandé. Ainsi, le gouvernement est appelé à apporter son appui aux secteurs de l’agriculture et de l’agro-alimentaire dans le but de garantir la sécurité alimentaire du pays. Dans ses différentes interventions, le chef de l’Etat insiste sur cette question, en ordonnant à son Exécutif de se lancer dans les cultures stratégiques afin de réduire, au moins de moitié, notre facture d’importation alimentaire. Près de 10 milliards de dollars sont consacrés annuellement à cet effet. Une feuille de route 2020-2024 dans le domaine agricole est en cours de concrétisation.
Le ministre Abdelhamid Hamdani avait déclaré, récemment à la presse, que la priorité de son secteur, est d’augmenter la production nationale en produits agricoles et en céréales notamment, de développer une véritable industrie de transformation et d’aller à la conquête des marchés à l’international.
Relancer l’investissement et accélérer les réformes
Outre la sécurité alimentaire, le gouvernement est confronté à une autre urgence. Il s’agit de la question de la sécurité hydrique et énergétique. Des efforts doivent être consenties dans ces deux domaines afin d’accélérer notre transition énergétique, à travers le développement des EnR et de développer l’industrie du dessalement de l’eau de mer, afin d’en finir avec l’importation de stations clés en main. D’ailleurs, les capacités financières du pays ne le permettent pas. Sur un autre plan, le gouvernement de Benabderramane aura la mission de relancer l’investissement, à l’arrêt depuis plus de 16 mois, et de créer une nouvelle dynamique dans les différentes activités économiques et commerciales. « Il est impératif de se préparer à l’après covid-19, à travers la mise en place d’un cadre incitatif à l’investissement. Nous souhaitons également que les nouveaux codes de l’investissement, de la réforme fiscale, bancaire et financière soient promulgués incessamment. Cette batterie de mesures est susceptible de garantir le décollage économique réel sur le moyen terme», a préconisé le professeur en économie. Pour sa part, l’enseignant universitaire en économie, Ahmed Saouahlia, a laissé entendre que la tâche du gouvernement sera «rude» et que « nous risquons de ne pas dépasser cette profonde crise avec le staff actuel», en ajoutant que le gouvernement de Aïmene Benabderrahmane n’a pas droit à l’erreur dans l’engagements des réformes réelles. Les défis sont énormes. Le pouvoir d’achat des ménages ne cesse de se détériorer d’un jour à un autre. La priorité du gouvernement, c’est de trouver une solution à cette question, afin d’éviter une éventuelle crise sociale.
A. R.