Le dernier rapport sur la démographie en Algérie publié par l ‘ONS (Office nationale des statistiques), fait ressortir que la population en âge d’activité, soit, les personnes âgées de 15 à 59 ans, s’élève à 26.364.088 personnes. Selon ce même rapport, il est constaté une décrue assez forte des personnes en âge de travailler en Algérie, pour représenter 59,6% du nombre global de la population résidente en juillet 2020 (44,3 millions), contre 60,0% à la même période en 2019. Si cette tranche de population diminue, l’offre de travail aussi. Des économistes font remarquer que cette décrue peut être un signe du vieillissement de la population active, même si pour le moment, ce n ‘est pas alarmant.
Par Réda Hadi
Dans le même ordre d‘idées, les personnes âgées de 60 ans et plus, représentent 9,8% de la population globale en 2020, contre 9,5% en 2019. Cette frange a atteint un effectif de 4,32 millions de personnes, dont 2,94 millions de personnes âgées de 65 ans et plus, détaille l’office.
Ainsi, la population en âge de travailler, diminue mais, sans pour autant que ne soit résorbé le chômage, du fait du rétrécissement de l‘offre du travail.
Un marché du travail que beaucoup d‘économistes jugent inadapté et qui «prèche par manque de vision projective».
Pour M. Haddad Mohamed, économiste, «certes, la population en âge de travailler décroît, mais l‘heure n‘est pas aux inquiétudes. Si le marché officiel n‘offre pas autant de postes souhaités, il n‘existe aucune statistiques fiable, hormis des supputations, pour connaître le nombre de personnes qui ont versé dans le marché informel», affirme l ‘expert ;
De plus, pour M. Haddad, plusieurs facteurs ont contribué à la baisse de cette frange de personnes, tels que «la baisse continue des natalités, l’année 2020 ayant été marquée par un recul des naissances sous le seuil d’un million, pour la première fois depuis 2014, une augmentation significative des décès, et par la poursuite du recul des mariages depuis six ans. Autant de facteurs sociologiques qui contribuent, à la longue, à l’appauvrissement de notre manne «ouvrière» explique l‘expert.
L‘expert souligne aussi, qu’il est difficile d’avoir une image réelle du nombre de demandeurs d ‘emplois «car dans beaucoup de situations, des personnes ne font pas cette recherche, même si elles sont disponibles pour travailler, en particulier lorsqu’elles pensent que les chances de trouver un emploi sont réduites ou nulles».
Des observateurs, pour leur part, analysent que cette décrue de personnes ayant l’âge de travailler «peut être une opportunité pour trouver un certain équilibre entre l’arrivée dans le monde du travail et les offres d’emplois».
Pour M. Haddad, «en Algérie la fécondité générale est aujourd’hui très basse (2,2 enfants), et l‘on devrait pouvoir, avec une politique adaptée, concilier cette baisse avec une augmentation de l‘offre du travail qui corresponde aux valeurs attendues. Ce qui permettra à beaucoup de personnes d’accepter un travail dans la sphère formelle plutôt que celle de l‘informel. Nous avons une chance de trouver un juste équilibre, et nous devons la saisir».
R. H.