L’Algérie accuse un énorme déficit en matière de stockages des produits alimentaires, notamment en céréales. Des programmes pour l’augmentation des capacités de stockage (28 millions de qx actuellement pour atteindre 41 millions), ont été lancés depuis 2012, notamment, pour la réalisation de 30 silos de stockage (blé der, blé tendre et orge), dont des enveloppes financières conséquentes avaient été allouées à cet effet.
Par Akrem R
Deux avis d’appels d’offres nationaux et internationaux restreints, ont été lancés par voie de presse, pour la réalisation, clés en main, de ces structures de stockage, rappelle-t-on. Toutefois, et depuis l’attribution de ce marché, la cadence de réalisation de ces projets confiés à des sociétés étrangères (chinoises et italiennes) n’avance pas au rythme escompté. Selon les chiffres avancés par le ministre de l’agriculture et du Développement rural, Abdel Hafed Hani, 14 silos sur les 30 prévus, accusent un retard de plus de 15 mois et seulement 16 ont été déjà réceptionnés ! C’est le cas, d’ailleurs, du projet de réalisation du silo d’Aflou (Laghouat). Ce dernier est à l’arrêt en raison du non-respect par la société contractante des engagements contractuels, a expliqué le ministre de l’Agriculture.
Ces retards contractuels accusent souvent des surcoûts considérables pour le Trésor public autant que des difficultés pour l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), pour la gestion de ses stocks afin de répondre à la demande du marché local, en pleine expansion. Lors de sa réponse à une question d’un député à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a déploré le fait que ces entreprises étrangères ne cherchent que la préservation de leurs intérêts. Et d’ajouter : «Nous, en tant que pouvoirs publics, nous devons impérativement préserver les intérêts de la nation».
Dans ce cadre, il a expliqué que toutes les possibilités sont disponibles pour la construction d’entrepôts avec les capacités locales, sans recourir ni l’expertise ni aux fonds étrangers. « Nous n’avons pas besoins d’entreprises étrangères. Nous avons les capacités nécessaires (humaines, techniques et financières) pour la construction de silos de stockage par nous-même», souligne-t-il.
C’est un message clair que vient d’adresser le ministre, notamment, aux entreprises étrangères qui n’honorent pas leurs engagements contractuels, se cachant derrière des problèmes qui ne concernent qu’eux-mêmes, à l’instar du problème de la disponibilité de la matière première et autres problèmes techniques.
Ainsi, cette décision ne pourrait qu’être une bouffée d’oxygène pour les entreprises algériennes, notamment celles du secteur public ayant l’expertise et les moyens pour la construction de ce genre d’entrepôts avec les capacités et moyens nationaux. Pour l’expert en économie, Ishak Kherchi, la décision de ne plus faire appel à des entreprises étrangères dans ce segment, est une bonne chose et est purement économique. Selon lui, les coûts de la construction de silos connaitront une forte hausse dans l’avenir. En effet, les prix des matériaux et les intrants nécessaires pour la construction de silos issus, notamment, de l’importation vont grimper encore, précise-t-il. En somme, confier les travaux de réalisation de ce type de projets à des entreprises algériennes, sera bénéfique pour l’économie nationale, à travers le développement et la valorisation de nos compétences et surtout, en matière de gains de délais et de coûts. Toutefois, la question qui se pose est, est-ce que nos entreprises seront en mesures de relever le défi et d’en finir avec la dépendance de l’expertise étrangère ?
A. R.