Les transporteurs privés et publics, les chauffeurs de taxi se plaignent de difficultés et contraintes. Le secteur du transport tourne au ralenti, accentué par les effets de la pandémie du Covid 19. Aussi, le ministre des Transports, Aïssa Bekkaï, a initié une série de rencontres avec les représentants de cette filière, en vue de mettre en place une feuille de route pour la prise en charge de leurs revendications. Le renouvellement du parc autos (camions compris), figure parmi les priorités des professionnels du secteur.
Par Réda Hadi
Parmi les revendications exprimées par la corporation, celle des établissements de gestion des taxis. M. Bekkai s‘est félicité du fait que cette rencontre se soit déroulée dans un esprit constructif et de confiance, et ait permis de dégager des priorités. C‘est dans ce sens que le ministre du Transport a décidé de créer trois (3) commissions dans le domaine du transport terrestre de voyageurs, de marchandises et de l’activité taxi, composés de représentants des syndicats et de l’administration centrale, dans le but d’identifier tous les obstacles et difficultés constatés, afin d’élaborer une feuille de route pour trouver des solutions rapides et efficaces. Au cours de cette réunion, les représentants du partenaire social ont soulevé un certain nombre de préoccupations auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leurs activités, et les participants ont également présenté des suggestions professionnelles à travers lesquelles les obstacles peuvent être surmontés et une nouvelle dynamique pour le secteur, pourrait être enclenchée.
Les membres de la coordination nationale des travailleurs des établissements de transport urbain, ont appelé à encourager et faciliter la diversification et l’expansion des activités des établissements de transport urbain et semi-urbain.
Pour Tahar Bouamrane, un chauffeur de taxi inter-wilaya, la pandémie a laissé des effets durables sur son activité et selon lui, beaucoup de chauffeurs demandent dédommagements pour cette période de confinement; équivalant à une somme minimum de 200 000 DA et également, la révision à la hausse, de la tarification du compteur pour atteindre les 50 DA l’unité. De même que celui-ci demande des facilitations pour acquérir un véhicule neuf.
Les transporteurs de camions de gros tonnages se plaignent, pour leur part, de la mauvaise attribution d’autorisation de transporter le fret, ainsi que de la lenteur des procédures douanières qui augmentent la chaîne d’attente des camions.
Pour cela, M. Bekkai a appelé les représentants syndicaux à préparer une plateforme de revendications nationales et d’autres liées aux wilayas selon leurs spécificités, en tenant compte des priorités et des questions d’urgence, lesquelles seront examinées pour leur trouver des solutions efficaces durant la réunion; prévue dans les jours à venir.
Billel Aouali, économiste et consultant, estime que «la création de ces commissions n‘est qu’un préalable pour résoudre le problème du transport, mais, que cela ne peut se faire sans une approche de développement durable comme cela est voulu à travers les textes de loi et les dispositions réglementaires».
Celui ci, précise aussi, que le surnombre des transporteurs aggrave la crise, avec «en moyenne, 1,2 bus par opérateur, constitués autour d’entreprises de type familial, les opérateurs souffrent d’incapacité financière, rendant difficile le développement et le renouvellement de leur parc. A cela, il conviendrait de rajouter un déficit relatif en matière de professionnalisme et de savoir-faire».
Pour l’expert, outre le recensement des problèmes, «en Algérie, le problème a d’abord été de gérer la rareté de l’offre, le quantitatif. Dans un premier temps, la déréglementation a solutionné le problème. Le problème actuel est de gérer les impacts négatifs de la dérégulation. Il s’agit, notamment, de rechercher la qualité des transports : efficacité, fiabilité, meilleure organisation, professionnalisme, etc. Après la déréglementation qui a montré ses limites, une (re)réglementation semble nécessaire. Aujourd’hui, c’est pratiquement le cas».
L expert considère, aussi, que «dans l’optique de solutionner les problèmes vécus dans les transports routiers et dans les transports urbains en particulier, tout en s’inscrivant, autant que faire se peut, dans une configuration de développement durable, l’idée est qu’une dynamisation de la concurrence (avec les opérateurs privés) devrait s’opérer par la réintroduction d’une entreprise publique de transport urbain. La recréation d’une entreprise publique pourrait, par effet d’entraînement ou par un mécanisme de Benchmarking, améliorer la qualité de service, mieux organiser le marché et pousser, du coup, les opérateurs privés à d’éventuels regroupements».
R. H.