En dépit des efforts et mesures prises par les pouvoirs publics pour favoriser l’émergence d’une nouvelle économie, basée sur la connaissance et startups, un grand travail reste, cependant à faire.
Par Akrem R.
Depuis son arrivé au Palais d’El-Mouradia, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a inscrit la transition numérique dans son programme pour la diversification de l’économie nationale. En effet, l’économie numérique et du savoir est l’un des leviers sur lequel l’Algérie se focalise pour augmenter sa croissance PIB hors hydrocarbures. Alors que les prévisions donnes un taux de plus de 25% du PIB mondial à l’horizon 2025, provenant de l’économie numérique (plus de 22 000 milliards de dollars), en Algérie, le taux n’arrive pas à atteindre les 5% du PIB national. Ainsi, des études ont montré que les investissements dans le numérique sont six (6) plus rentables que dans les autres secteurs.
C’est dans ce souci d’y remédier, que de nouvelles propositions ont été présentées, avant-hier lors d’une réunion du gouvernement, par le ministre délégué auprès du Premier Ministre chargé de l’Economie de la Connaissance et des Start-up. Il s’agit, selon un communiqué des services du Premier ministre, de l’amélioration du cadre juridique relatif aux Start-up et à l’économie de la connaissance; le financement des startups et de l’innovation et encouragement du capital risque; la promotion des structures d’accompagnement des Start-up et les actions transversales pour renforcer le rôle des startups dans le développement économique du pays.
Malgré qu’il y ait eu beaucoup d’actions qui ont été déclenchées par rapport aux Start-up, notamment en matière de définition générale de cette filière et de cette économie, maintenant «on doit être un peu plus audacieux sur l’ouverture du champ d’activité pour ces startups qui ont une organisation assez particulière, exigeant un écosystème propre leur permettant d’évoluer dans des conditions ultra favorable», dira dans ce cadre, l’expert en économique Abderrahmane Hadef. Notant que l’environnement d’affaires actuel présente déjà certains dysfonctionnements, notre interlocuteur dans une déclaration à Eco Times, a estimé donc, nécessaire de mettre en place un écosystème favorable pour les Star-up.
« Si on veut se lancer dans ce nouveau challenge, le développement de l’économie du savoir nécessite un écosystème favorable pour les Start-up, il faut le faire sur de bonnes bases. Et delà, je pense qu’il faut mettre l’entreprise, le promoteur, les porteurs de projets au centre de cette réflexion et ne pas trop mettre la présence des instruments des pouvoirs publics comme gardes-fou», a-t-il souligné, en affirmant que trop de régulation et d’encadrement n’est pas de tout un élément positif pour l’écosystème.
Beaucoup de facilités et moins d’encadrement…
L’écosystème des Start-up est basé sur la liberté d’entreprendre et d’initiative et surtout la facilité d’accès aux commandes (marché public) et aux besoins de grands donneurs d’ordres aussi, pour la résolution des problématiques socio-économiques. A cela, préconise-t-il, il faut ajouter un élément majeur, c’est la spécificité du financement de ce genre d’activités.
« Là je pense que nous avons beaucoup à travailler sur l’encouragement de cette économie à travers beaucoup de facilités, plus d’encouragement mais moins d’encadrement. C’est là où se trouve aujourd’hui le challenge. C’est bien qu’il yait un encadrement, mais pas trop en faire parcequ’il risque de devenir contraignant pour l’émergence d’un écosystème adéquat», détaille-t-il.
Ainsi, le développement et l’émergence de l’économie de la connaissance nécessite l’implication des acteurs du monde du savoir et de l’université. Ces derniers doivent les mettre au service de cette économie. En effet, c’est un monde où les gens, dira l’expert, doivent apprendre à entreprendre et devenir des entrepreneurs créateurs d’emplois et de richesse et ne pas rester seulement des prestataires du savoir. « On a, tout simplement, à changer ce paradigme en encourageant les gens de la recherche à devenir de véritables acteurs économiques et entrepreneurs», insiste-t-il.
Faire appel à des leaders mondiaux dans le numérique
Vu les changements et le saut qu’a connus ce domaine, l’Algérie est appelée à prôner une démarche pragmatique en allant doit au but, et ce, dans l’objectif de ne pas perdre énormément de temps à se chercher dans un monde qui a pris de la vitesse en matière d’évolution. Donc, estime-t-il, il serait très intéressant de créer des alliances et des partenariats avec des leadeurs mondiaux dans certains domaines qui «vont nous permettre de réussir d’abord, dans notre transition numérique, en préparant l’Algérie à ce genre d’économie et apprendre également de leur expérience».
Toutefois, il faut que les initiateurs de ce projet évitent de calquer ou de transférer des modèles d’autres pays qui ne peuvent pas réussir chez nous. A cet effet, il faut faire très intention, dira-t-il d’emblée. La solution est de nouer des alliances avec des leaders mondiaux installés ici dans notre pays. Ceci, « nous permettra de travailler sur beaucoup de projets, tout en prenant en considération les spécificités de notre pays».
Précisant que l’économie de la connaissance est transversale, touchant l’ensemble des secteurs d’activité, Abderrahmane Hadef a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un mécanisme assez flexible et agiles pour répondre aux besoins de l’ensemble des secteurs, en plus de ce secteur lui-même, qui est créateur de technologie. Et aussi, ajoute-il, mettre cette technologie au service de l’industrie, l’agriculture, l’intelligence artificielle et autres. «Tout cela doit être fait selon des schémas pragmatiques et ne pas rester dans les discours et les slogans», a-t-il souligné.
Libérer et faciliter le financement des porteurs de projets
Questionné, par ailleurs, sur le financement de ce genre d’activités et Start-up notamment, dont les risques du non remboursement de crédits sont élevés, l’intervenant a estimé qu’il faut absolument libérer et faciliter au maximum ce type de financement, tout en évitant une réglementation et un encadrement rigides. Cela est considéré comme étant un obstacle à l’initiative et l’entreprenariat et ne peut être qu’un frein à l’attractivité des investissements étrangers, surtout pour les Fonds d’investissements qui peuvent avoir l’intention de s’implanter en Algérie. Au contraire, il faut leur préparer un terrain attractif et assez stimulant. Pour cela, il faut mettre les mécanismes adéquats. C’est le rôle des pouvoirs publics, indique-t-il, qui ne doivent pas se mêler outremesure, des activités des incubateurs, accélérateurs et espaces d’accompagnements. «Il faut les laisser à la portée de tous les jeunes, porteurs de projets et entrepreneurs, parce que, eux-mêmes, sont des activités qu’il faut encourager. Mais ne pas trop les encadrer surtout», conclut-il.
A. R.