Le potentiel gazier algérien alimente l’intérêt de grandes compagnies pétrolières dont, selon le Wall Street Journal, Exxon Mobil et Chevron, sont actuellement en pourparlers avec Sonatrach et proches de signer des accords, notamment sur le gaz. Les deux compagnies étant intéressées par l’énorme potentiel algérien en la matière, le Wall Street Journal rappelant dans ce sens les propos du ministre de l’Énergie et des Mines algérien qui a souligné que sur les 1,5 million Km2 du domaine minier qui renferme les importantes réserves prouvées de l’Algérie en pétrole et en gaz, 53% ne sont pas explorés. Egalement l’Italien Eni qui a multiplié les accords de partenariat afin de renforcer sa présence en Algérie et l’Américain occidental qui misent sur le renforcement de leurs investissements en Algérie, d’autant plus que des incitations aux investisseurs ont été introduites par la loi sur les hydrocarbures de 2019.
(2ème partie et fin)
2.- Quelles perspectives ?
Le Centre international d’information sur le gaz naturel, Cedigaz, évalue les réserves mondiales prouvées de gaz naturel à 205 507 milliards de mètres cubes, la structuration du Mix énergétique mondiale au 01 janvier 2023 étant composée du pétrole à 32%, du gaz naturel à 24%, du charbon à 27%, du nucléaire à 3% , du renouvelable, y compris, l’énergie hydraulique à 14%.
Cette structure est appelée à évoluer entre 2030 et 2050 avec une croissance du gaz qui représenterait plus de 30% du mix, le pétrole 25% , le nucléaire 10% , l’hydraulique et, les énergies renouvelables dans toute leur composante y compris l’hydrogène vert et bleu 35% et à cet horizon environ 60 à 65% de la consommation mondiale d’énergie sera constituée de la combinaison du gaz naturel, des énergies renouvelables, énergie hydraulique, énergie éolienne, énergie solaire, la Biomasse, la géothermie et le développement de l’hydrogène vert et bleu.
Quelle sera la place du gaz de schiste décarboné au sein de la structure du gaz dans le cadre de la transition énergétique pouvant être une opportunité, mais devant évaluer les risques, les Etats Unis d’Amérique étant devenus le premier producteur mondial grâce à cette ressource.
Selon l’Agence américaine de l’Énergie, les réserves rentables au cours du prix actuel dans le monde du gaz de schiste seraient d’environ 207 billions de mètres cubes répartis comme suit :
- la Chine 32 billions de mètres cubes,
- l’Argentine 23 billions de mètres cubes,
- l’Algérie 20 billions de mètres cubes,
- les USA 19 billions de mètres cubes,
- le Canada 16 billions de mètres cubes,
- le Mexique 15 billions de mètres cubes,
- l’Australie 12 billions de mètres cubes,
- l’Afrique du Sud 11 billions de mètres cubes,
- la Russie 8 billions de mètres cubes
- le Brésil 7 billions de mètres cubes
où pour l’Afrique, d’autres pays, comme la Libye, le Maroc, l’Egypte, la Tunisie, le Soudan et le Botswana possèdent des réserves non négligeables mais les études de faisabilité sont toujours à un stade embryonnaire.
Aujourd’hui, pour récupérer le gaz de schiste, la technique utilisée est la fracturation hydraulique, consistant à injecter un fluide consistant d’environ 90% d’eau, 8 à 9,5% de « proppants » (sable ou billes de céramique) et 0,5 à 2% d’additifs chimiques – sous très haute pression. Les recherches s’orientent sur la réduction de la consommation d’eau, le traitement des eaux de surface, l’empreinte au sol, ainsi que la gestion des risques sismiques induits.
Nous avons la fracturation exothermique non-hydraulique (ou fracturation sèche) qui injecte de l’hélium liquide, des oxydes de métaux et des pierres ponce dans le puits, la fracturation à gaz pur peu nocive pour l’environnement est surtout utilisée dans des formations de roche qui sont sensibles à l’eau à maximum 1500 m de profondeur ; la fracturation pneumatique qui injecte de l’air comprimé dans la roche-mère pour la désintégrer par ondes de chocs, n’utilisant pas d’eau, remplacée par l’air mais utilisant certains produits chimiques en nombre restreints ; enfin la stimulation par arc électrique (ou la fracturation hydroélectrique) qui libère le gaz en provoquant des microfissures dans la roche par ondes acoustiques, utilisant selon les experts pas ou très peu d’eau, ni proppants ou produits chimiques, mais nécessitant beaucoup d’électricité.
Concernant le problème de l’eau qui constitue l’enjeu géostratégique fondamental du XXIème siècle (l’or bleu), selon les experts, trois types de fluides peuvent être utilisés à la place de l’eau : le gaz de pétrole liquéfié (GPL), essentiellement du propane, les mousses (foams) d’azote (N2) ou de dioxyde de carbone (CO2) et l’azote ou le dioxyde de carbone liquides. L’utilisation des gaz liquides permet de se passer complètement ou en grande partie d’eau et d’additifs.
Pour les mousses, par exemple, la réduction est de 80 % du volume d’eau nécessaire étant gélifiées à l’aide de dérivés de la gomme de Guar.
Aussi, la question de l’exploitation du gaz de schiste doit être l’objet d’un débat reposant sur les arguments, pour ou contre , des experts de l’énergie et non aux généralistes qui ne connaissent pas ce dossier complexe et en associant la société civile dont les association chargées de la protection de l’environnement face aux impacts du réchauffement climatique.
Et en dernier lieu seul le conseil national de l’Énergie sous la haute autorité du président de la République est habilité à trancher.
A. M.