Le développement et la dynamisation du marché boursier sont plus que nécessaires pour accompagner l’économie nationale. En effet, l’ambitieux programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à créer 450 000 emplois, 20 000 entreprises et à réaliser d’importants projets d’investissement dans divers secteurs durant ce deuxième quinquennat, nécessitera des financements considérables, que le Trésor public et les banques algériennes ne seront pas en mesure de couvrir seuls.
Par Akrem R.
Ainsi, l’émergence d’un marché boursier fort et solide est considérée comme une nécessité absolue. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les réformes profondes engagées dans le domaine financier et boursier.
Depuis le début de l’année en cours, d’importantes mesures ont été prises pour stimuler ce marché complémentaire au financement classique, assuré jusqu’à présent principalement par les banques publiques, à hauteur de 90 %.
Cette situation est qualifiée « d’anormale », car ces financements sont captés en grande partie par le secteur privé !
Le Chef de l’Etat a exprimé, d’ailleurs, son mécontentement, en appelant les investisseurs privés à mettre la main à la poche pour garantir les financements nécessaires à leurs projets.
Des orientations claires ont donc été données pour développer le marché boursier, considéré comme une véritable alternative pour le financement bancaire, en donnant le feu vert pour l’introduction progressive d’entreprises publiques.
Une première banque, le Crédit populaire d’Algérie (CPA), a été introduite sur la place financière d’Alger début 2024, en attendant l’arrivée de la deuxième banque, à savoir la BDL, dont le dossier est finalisé.
Ces introductions devraient stimuler davantage le marché boursier et lui permettre de prendre la place qui lui sied.
Lancement d’une plateforme numérique
À cet effet, de nouvelles mesures incitatives ont été annoncées, hier à Alger, lors de la 2e Conférence annuelle du marché financier algérien, tenue au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal (CIC, Alger), placée sous le thème : «Nouveaux horizons pour le financement de l’économie nationale à travers le marché financier».
Ainsi, le président de la COSOB, Youcef Bouzenada, a dévoilé une série d’initiatives stratégiques destinées à transformer le paysage financier du pays.
L’une des annonces phares concerne le lancement d’un portail électronique, visant à regrouper tous les acteurs du marché sous une seule entité.
Cette initiative simplifie considérablement les démarches pour les entreprises désireuses de s’introduire en bourse ou d’accéder à des financements alternatifs.
Elle vise également à renforcer l’intégration et la transparence entre les différents intervenants du marché, tout en améliorant son attractivité et sa profondeur.
«À travers ce portail électronique, il sera possible aux personnes souhaitant exercer les métiers du marché, ainsi qu’aux entreprises voulant être cotées en Bourse, de déposer leurs candidatures par voie numérique, ce qui contribuera à faciliter les démarches et à améliorer le niveau de services rendus par la COSOB», précise l’intervenant, expliquant que cet outil digital, qui s’inscrit dans la démarche de l’État concernant la transition numérique, permettra également aux investisseurs d’accéder à toutes les données et informations liées à l’activité des marchés financiers grâce à une coopération future avec la société de gestion de la Bourse des valeurs (SGBV).
Mise en place d’un guichet unique
Cette rencontre a également été l’occasion de mettre en place officiellement le guichet unique du marché financier, regroupant tous les acteurs clés sous une seule entité.
Il s’agit, outre la COSOB et la SGBV, d’Algérie Clearing, du Crédit populaire d’Algérie (CPA), de Tell Market, d’Invest Market, ainsi que de la société Grant Thornton en tant qu’évaluateur des compagnies souhaitant être cotées en Bourse, et qui ont signé une convention en ce sens.
Dans le même contexte, un accord de coopération a été signé entre la COSOB et la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI) afin d’orienter les PME adhérentes vers cette fenêtre unique et de «les familiariser avec les mécanismes de financement alternatifs via le marché financier, contribuant ainsi à élargir leur accès aux opportunités de financement disponibles», a-t-on souligné.
L’objectif de cette convention est d’accompagner les opérateurs économiques dans la compréhension des mécanismes de financement alternatif, tels que le capital-risque, et de les encourager à rejoindre la Bourse, dans le cadre des efforts visant à renforcer l’économie nationale et diversifier les sources de financement.
Cette initiative s’inscrit dans le soutien à la coopération entre les différentes entités économiques et financières en Algérie et dans la recherche d’une synergie entre les institutions pour favoriser la croissance économique.
Création d’un conseil scientifique
Autre nouveauté majeure annoncée lors de cette conférence, la mise en place d’un conseil scientifique regroupant 12 experts reconnus en finance et en économie.
Cette instance aura pour mission, selon Bouzenada, d’assister la Commission dans l’élaboration de la vision stratégique du marché financier algérien, de proposer des solutions et des idées innovantes pour améliorer sa performance et sa compétitivité, afin de «développer un environnement de marché financier efficace et dynamique».
Par ailleurs, la COSOB et l’Autorité du marché financier tunisienne ont signé un avenant à leur convention de coopération en vue d’organiser une session de formation spécialisée au sein des institutions du marché financier tunisien, afin de promouvoir les compétences des intervenants du marché financier national.
Ce partenariat prévoit l’organisation de formations spécialisées en Tunisie pour renforcer les compétences des professionnels algériens, dans le cadre du programme «Certificat des professionnels du marché financier», développé en partenariat avec l’Institut de formation bancaire.
Vers une internationalisation du marché financier
Le président de la COSOB a également mis l’accent sur la volonté d’intégrer le marché financier algérien dans l’écosystème international.
La présence d’experts internationaux venus de plusieurs pays arabes et africains, ainsi que d’institutions telles que le Fonds monétaire arabe, témoigne de cette ambition.
Les discussions porteront sur les meilleures pratiques et les opportunités de développement afin de positionner l’Algérie comme un acteur clé dans la région.
Bouzenada a, d’autre part, souligné que la tenue de cette conférence d’une journée intervient dans un contexte économique «prometteur pour notre pays, marqué par des indicateurs positifs attestant de la croissance continue de l’économie algérienne, grâce à la politique ambitieuse menée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune».
De son côté, Jalil Tarif, secrétaire général de l’Union des autorités arabes des valeurs mobilières, a relevé l’évolution remarquable des marchés boursiers, aussi bien en Algérie qu’au niveau arabe, notamment dans les Sukuks, la diversification des produits, la création de fonds d’investissement et la fintech. Il a affirmé que la capitalisation des marchés boursiers arabes a atteint, à la fin de 2023, 4,6 trillions de dollars, soit 4,1 % de la capitalisation des marchés financiers mondiaux.
A. R.
