Le défi de l’emploi : Les nouveaux termes du débat

Campagne présidentielle : Le caractère social de l’Etat au centre des discours des candidats

L’emploi, le chômage et le caractère social de l’État sont, dans le volet socioéconomique, les principaux thèmes de la campagne pour les présidentielles du 7 septembre prochain. Les sujets abordés par les candidats s’imposent d’eux-mêmes et s’invitent avec des angles d’attaque différents selon l’un ou l’autre des trois candidats en lice. Dans tous les cas de figure, ces problématiques sont plus complexes que ne les laissent entendre un discours de campagne, fût-il le plus sincère, et pour cause…

Par Amar Naït Messaoud

Le caractère social de l’État et les attributs qui lui sont rattachés (subventions à certains produits alimentaires, soutien du système d’assurance-maladie, aides à la caisse de retraite, crédits bonifiés à l’acquisition d’un logement, dégrèvements fiscaux pour certains investissements économiques, selon la nature d’activité ou selon la zone géographique,…) tirent leurs ressources de la plus-value sociale de l’économie nationale.

Autrement dit, ces transferts sociaux, pour user du concept que lui réservent la comptabilité publique et le budget de l’État, dépendent étroitement de la bonne santé de l’économie nationale.

Cette dernière, qui essaie de se désengluer de la rente pétrolière, a besoin d’efforts supplémentaires pour acquérir une certaine assurance et devenir, grâce à une plus grande diversification de ses activités, moins sensible aux fluctuations de la bourse de l’or noir.

De tous les aspects du dossier social, celui qui présente le plus de visibilité est sans doute l’emploi.

Mais, en réalité, l’emploi présente deux façades : l’une économique, liée à la création des postes de travail par les opérations d’investissement (industrie, agriculture, agroalimentaires, services,…), et l’autre, social, liée à la composante qui a pour nom chômage.

La collectivité nationale, à travers les politiques publiques, est devoir de prendre en charge la catégorie de chômeurs par des mécanismes sociaux, mais aussi, progressivement, par des mécanismes de création d’emplois avec des formules diversifiées, outre celle de l’investissement en bonne et due forme.

De là, sont venues toutes les formules de la micro-entreprise, de microcrédits, de l’auto-entreprenariat,…etc. Le taux de chômage se stabilise, à quelques décimales près, autour de 12%, de la population active.

Le regain d’activité économique, qui est enregistré d’abord au niveau des zones industrielles et des zones d’activités, présage sans doute une bonne perspective en matière de création de postes de travail.

DES ACTIFS SAISIS POUR BOOSTER L’ÉCONOMIE ET L’EMPLOI

Par ailleurs, l’État compte aussi sur la formule du partenariat public-privé, qui en est encore à ses premiers pas, pour booster l’emploi, aussi bien dans les postes d’exécution que ceux de l’encadrement/conception.

En outre, l’un des principes fondateurs du partenariat public-privé, c’est la complémentarité et les synergies susceptibles de se créer entre les deux types d’entités économiques, de façon à ce que le niveau technique, technologique et managérial de l’entreprise algérienne en général aille de l’avant et puisse faire face aux défis, non seulement aux éventuelles difficultés financières, mais également à ceux qu’impose la mondialisation et la course effrénée, mais bien légitime, vers la compétitivité.

Bien encadrées et soumises à des cahiers de charges rigoureusement élaborés, les participations d’entités économiques de statut privé dans les entreprises publiques peuvent être un heureux déclic à la dynamique de croissance, laquelle, nécessairement, se couronnera par la création d’emploi.

Évidemment, l’expérience de la première décennie des années 2000, menée par des apprentis responsables à la tête des Participations de l’État, ne peut pas être le bon exemple dans ce domaine.

La précipitation, le manque de maturation de certains dossiers et le déficit de capacités de négociations, ont fait que la plus grande partie des opérations de privatisations avaient tourné court ou fait carrément « chou blanc ».

Le fait est que même les objectifs de telles opérations n’ont pas été fixés de manière claire dès le départ.

Par la suite, on a beau déplorer le non-maintien de l’emploi ou le détournement de la vocation de l’entreprise cédée (complètement ou partiellement), le coup était déjà parti, et l’acte lui-même laisse une mauvaise image de ce que peut signifier le terme de privatisation.

Par la suite, l’État a fait ce qu’il pouvait faire pour reprendre les unités cédées et les assister dans leur redémarrage.

Mieux encore, l’État est en train de récupérer les biens et les actifs des entreprises dont la saisie est prononcée par un verdit de la justice.

À ce jour, ce sont 108 entités économiques de cette catégorie qui sont concernées par l’opération de récupérations.

Les actifs vont rejoindre les groupes publics (ancien holdings), chacun dans la nature d’activité qui le concerne (industrie, travaux publics, habitat, culture, tourisme,…).

Ces actifs qui vont renforcer le secteur public dans ses différentes composantes, vont également contribuer à booster la croissance économique et créer de nouveaux emplois.

Une partie des employés sera constituée des anciens travailleurs affectés par le chômage après que ces unités, touchées par les enquêtes judiciaires dans le cadre des biens et des fonds mal acquis, ont été fermées.

DES PERSPECTIVES À LA PORTÉE DE L’ALGÉRIE

L’on voit bien que l’un des grands défis économiques et sociaux des gestionnaires de l’économie nationale pour les prochaines années, sera l’emploi ; l’emploi sous toutes ses déclinaisons : poste de travail, formation, nouveaux temps de travail et mode d’intervention (par télétravail notamment), promotion, années de cotisation pour la retraite, assurance-maladie,..).

Pour l’entreprise, pour l’employeur, outre un salaire et des primes par lesquels est rétribué l’effort du salarié, cette problématique prend un nom : c’est la gestion des ressources humaines.

C’est là le pari auquel devra faire face l’entreprise algérienne- publique ou privée- et qui, plus est, se négocie dans un contexte où se croisent et s’imbriquent les problématiques de la formation, de la mise à niveau et de la spécialisation.

Le discours politique, de campagne électorale ou dicté par une autre circonstance, gagnerait à s’imprégner de pédagogie, en intégrant tous les éléments liés à la problématique de l’emploi.

Le résultat n’en sera que bénéfique pour tout le monde, gouvernants et gouvernés, en installant de la transparence, de la sincérité et des perspectives réalistes qui sont à la portée de notre pays.

A. N. M.

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