Par Lyazid Khaber
«La haute politique n’est que le bon sens appliqué aux grandes choses.»
Napoléon Bonaparte
La dernière «crise» de l’huile, créée de toute pièce, mais surtout mise à profit de part et d’autre pour régler des comptes, révèle le degré de décrépitude d’un marché livré aux charognards, et d’institutions qui peinent à sortir des mauvais réflexes hérités. Le ministre du Commerce qui, en réponse à un sénateur qui l’interpellait sur les raisons de cette situation kafkaïenne, n’a pas trouvé mieux, faute d’argument massue, que de parler à l’imparfait en désignant l’ennemi invisible : cette pègre de «issaba», désormais insaisissable dans le langage de certains responsables qui ont du mal à assumer leurs échecs. Pis, le ministre révèle, par la même occasion, la vraie raison, démontrant en même temps qu’il est effectivement au courant de la réalité qu’il tentait de cacher. Voilà, la raison, selon ce responsable, réside dans le fait que l’un des producteurs que tout le monde peut deviner, a commencé d’imposer la facturation, ce qui, par conséquent, aurait provoqué la pénurie. Car, bien évidemment, les grossistes n’aiment pas les factures, préférant évoluer à la lisière du circuit formel et profitant des largesses des services de contrôle qui, visiblement, peuvent être encore rassurés de ne pas être inquiétés de sitôt. Sinon, pour bien comprendre le ministre, faut-il incriminer le producteur qui impose la facturation ou plutôt les grossistes. C’est à n’y rien comprendre ! Sachant que les producteurs dépendent de la nature du marché en face, on ne peut que les comprendre, surtout que pour le commun des spécialistes du marketing, la logique fait que c’est le producteur de biens et de services qui s’adapte au marché et jamais le contraire. Le ministre qualifié d’expert avant son arrivée au gouvernement, aura bien la gentillesse de nous expliquer sa nouvelle théorie. Autrement, ce n’est que du verbiage inutile, et les hautes autorités du pays, tout comme la nation aura besoin de quelqu’un de plus habile pour réguler un marché pris en otage par de vrais Caïds qui se partagent le terrain en coupes réglées. La solution est pourtant simple : la loi doit impérativement s’appliquer.
L. K.