L’Algérie, qui ambitionne de devenir un pays émergent d’ici à 2027 et de porter ses exportations hors hydrocarbures à 29 milliards de dollars à l’horizon 2030, est appelée à moderniser sa logistique ainsi que ses terminaux portuaires.
Par Akrem R.
Des démarches, dans ce sens, ont déjà été engagées par le gouvernement afin de remédier aux problèmes de congestion portuaire, qui engendrent des surcoûts logistiques et réduisent la compétitivité de nos ports et de nos produits sur le marché international.
Dans ce contexte, le renforcement d’un partenariat gagnant-gagnant avec des armateurs de premier plan, tels que la Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale maritime (CMA CGM), devient plus que nécessaire. Le PDG de cette compagnie, reçu avant-hier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a souligné l’intérêt stratégique que porte CMA CGM à l’Algérie, ce qui pourrait marquer un tournant dans le renforcement des capacités logistiques du pays à l’échelle régionale et internationale.
D’ailleurs, cet armateur a affiché sa disponibilité pour accompagner l’Algérie dans sa nouvelle stratégie de diversification de son économie, et notamment le développement de ses ports, visant à positionner le pays comme un hub logistique régional.
Lors d’un entretien exclusif accordé à la chaîne « AL24 », Rodolphe Saadé a exprimé sa confiance dans le potentiel de l’Algérie à devenir une plaque tournante entre l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et la région du Sahel, dans un contexte géopolitique où la recherche de partenaires fiables devient cruciale.
«Il y a des difficultés, mais elles peuvent être surmontées. Il faut faire des ports algériens de véritables hubs régionaux. Nous sommes prêts à accompagner cette ambition», a-t-il souligné, en ajoutant que «le pays a une croissance soutenue. Il faut que les terminaux portuaires puissent suivre ce rythme. Avec des infrastructures adaptées, tout le monde y gagne.»
Le dirigeant a ainsi fait plusieurs annonces marquantes, témoignant de la place centrale qu’occupe l’Algérie dans la stratégie de développement de l’armateur, troisième mondial.
En visite en Algérie à l’invitation du président Abdelmadjid Tebboune, Rodolphe Saadé, PDG du géant français du transport maritime CMA CGM, a réaffirmé l’engagement de son groupe à renforcer sa présence dans le pays.
Présent en Algérie depuis plus de 35 ans, CMA CGM entend passer à une nouvelle étape de son implantation. «L’Algérie est un pays stratégique pour nous. Nous souhaitons continuer à nous développer dans le transport maritime, la logistique, mais aussi le transport aérien», a affirmé Rodolphe Saadé, soulignant la diversité des métiers du groupe et sa volonté d’investir sur tous les fronts.
Un projet d’envergure au port d’Oran
Le dirigeant a notamment évoqué les problèmes de congestion portuaire rencontrés actuellement et a annoncé l’intention du groupe de proposer au gouvernement algérien des solutions concrètes pour moderniser les infrastructures.
«Nous souhaitons développer des infrastructures portuaires capables d’accompagner la croissance du pays», a-t-il déclaré, faisant allusion à un projet majeur au port d’Oran, dont les détails devraient être précisés prochainement.
Interrogé sur l’ouverture de lignes maritimes algériennes vers la Mauritanie ou le Sénégal, le même responsable a affiché son soutien plein et entier. «Je crois beaucoup au commerce interafricain. CMA CGM, en tant que logisticien global, peut jouer un rôle clé dans le développement de ces partenariats», a-t-il affirmé.
L’intervenant a également salué la vision algérienne d’une intégration logistique incluant le rail : «Nous pouvons être un partenaire dans le développement des infrastructures ferroviaires liées aux ports, pour connecter les zones industrielles aux réseaux de transport».
Développer ensemble des projets
Le PDG de CMA CGM n’a pas exclu des collaborations avec des entités publiques algériennes telles que la GATMA ou Serport. «Nous travaillons déjà avec des partenaires locaux. Développer des projets ensemble, c’est la meilleure manière de réussir. Ensemble, on gagne plus», a-t-il affirmé.
En renforçant le partenariat avec l’un des principaux armateurs mondiaux, l’Algérie ambitionne de consolider sa position et de jouer un rôle clé dans les échanges commerciaux au sein du bassin méditerranéen, tout en se positionnant comme une porte d’accès vers l’Afrique.
Des investissements colossaux ont déjà été consentis par le pays, qui poursuit par ailleurs ses efforts pour moderniser la gestion des ports et développer la logistique.
Une batterie de mesures a été prise début 2025, notamment l’instauration d’un système de travail en continu, 24h/24 et 7j/7, ainsi que l’investissement de près de 29 milliards de dinars pour l’acquisition d’équipements modernes. Il s’agit d’une démarche ambitieuse visant à accélérer le traitement des marchandises dans l’ensemble des ports du pays.
Dans une déclaration à la presse, en marge de sa visite de travail et d’inspection dans la wilaya de Jijel, le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a précisé que son département a accordé les autorisations nécessaires à l’acquisition des équipements pour le terminal à conteneurs du port de Djen Djen, et a mis en place toutes les conditions favorables à l’avancement des travaux et à l’obtention de résultats concrets sur le terrain.
À l’issue de l’inspection, le ministre a souligné le rôle central que jouera ce terminal à conteneurs dans le soutien aux exportations et la dynamisation des échanges commerciaux, appelant à redoubler d’efforts pour achever cette infrastructure stratégique dans les plus brefs délais.
«Ce projet constitue un acquis stratégique, s’inscrivant dans la mise en œuvre des instructions du Président de la République, visant à développer les capacités des ports nationaux et à les adapter aux exigences d’une exploitation continue, 24h/24 et 7j/7, afin de renforcer leur compétitivité aux niveaux régional et international», a-t-il conclu.
A.R.