Face à la tension qui pèse sur l’eau en raison du stress hydrique qui affecte pas moins de 23 willayas, des mesures ont été prises par le gouvernement afin de garantir non seulement la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable de la population, mais également la sécurisation du système national de production agricole. Face à certaines lenteurs dans l’achèvement de projets du programme d’urgence, le premier ministre Aymen Benabderrahmane, hausse le ton pour faire respecter les délais contractuels.
Par Réda Hadi
Les projets inscrits dans le cadre des plans d’urgence visant à atténuer l’impact du stress hydrique doivent être achevés dans les délais contractuels a souligné le Premier ministre Aymen Benabderrahmane, lors de la dernière réunion du gouvernement.
M. Benabderrahmane a chargé le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique à l’effet de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour assurer l’achèvement de l’ensemble des opérations inscrites au titre des plans d’urgence dans les délais contractuels, est-il indiqué, dans un communiqué des services du Premier ministre.
Ces instructions ont été données à l’issue d’une communication présentée par le ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique sur l’état d’avancement de la mise en œuvre du programme national d’urgence mis en place pour contenir les effets du stress hydrique. La présentation a porté sur les actions initiées par le secteur sous forme de plans d’urgence successifs, visant à atténuer l’impact de la crise de l’alimentation en eau potable des populations des wilayas impactées et ce, en fonction des niveaux de déficit enregistrés dans chacune d’elles, selon le communiqué.
Le niveau des barrages inquiète
La situation hydrique au niveau national, enregistre une diminution drastique des volumes d’eau emmagasinée dans les barrages allant de 35 à 40 % par an.
Rien que pour Alger, le barrage de Keddara est à moins de 20 % taux de remplissage, alors que six autres barrages sont à moins de 15 % de leurs capacités nominales. C‘est dire que la situation est plus que critique.
Pour y parer, de nouveaux forages sont en réalisation, ainsi que la construction d‘usines de dessalement d’eau de mer. Pour les 22 autres willayas concernées, des solutions de remplacement ont été mises en œuvre à travers notamment des projets de transfert d’eau de barrages.
Face à cette situation, des programmes d’urgence ont été lancés au niveau des 22 wilayas touchées par ce stress hydrique. Certains programmes ont donné des résultats était donné que le déficit était gérable, tandis que dans d’autres régions, la situation est plus lourde.
Le stress hydrique concerne évidemment l’agriculture, à un moment où le pays s’est engagé pour assurer sa sécurité alimentaire.
Plus que toute autre chose, la problématique de l’eau, est une préoccupation majeure. Tous les experts estiment que la pénurie et la mauvaise gestion de cette précieuse ressource cristallisent les tensions. Les responsables des ressources en eau qui rejoignent les spécialistes sur l’impact des changements climatiques abordent, par ailleurs, d’autres pistes telles que les fuites (30% de l’eau produite) et placent surtout le citoyen au cœur de la problématique en mettant en exergue le gaspillage et les branchements illicites.
Avis d’expert
Pour M. Radja Ahmed, expert en agronomie et consultant à la FAO, «tous les problèmes ne peuvent être résolus sans une approche pragmatique de gestion Que ce soit pour l’alimentation en eau ou pour l’agriculture».
De plus l’expert souligne en effet «l’importance de prendre en considération l’hiver qui approche avec tous les risques d’inondation. D’où la nécessité des travaux à entreprendre en amont ». Pour l’alimentation en eau M. Radja explique que «foncer un puits nécessite pas moins de 4 semaines ; et vu les délais, il est normal de les respecter vu l’urgence »; de plus celui-ci nous a confirmé que la situation «n’est plus aux tergiversations, mais à l’action immédiate. Car l’enveloppe financière prévue pour la période 2020-2024 est évaluée à 390 milliards (mds) de dinars dont 218 mds de DA sur le court terme».
Selon les dernières statistiques du secteur, la production d’eau potable en Algérie avoisine 3,6 milliards de mètres cube par an, soit 50% en eau souterraine, 34% en eau superficielle et 16% en eau de dessalement.
R. H.