L’Algérie vient de franchir une étape décisive dans sa transition numérique avec le lancement officiel par l’ARPCE (Autorité de Régulation de la Poste et des Communications Électroniques) de l’appel à la concurrence n°01/2025 pour l’attribution de trois licences d’établissement et d’exploitation d’un réseau 5G et la fourniture des services afférents. Cette annonce concrétise les ambitions nationales en matière de connectivité avancée, et positionne la 5G comme un levier central du projet de transformation économique du pays.
Abderrahmane Hadef (*)
Une technologie à fort impact économique
Bien plus qu’une simple évolution de la 4G, la 5G représente un changement de paradigme technologique. Avec des débits jusqu’à 100 fois plus rapides, une latence quasi nulle et une capacité à connecter massivement des objets intelligents, elle ouvre la voie à des usages de nouvelle génération : automatisation industrielle, télémédecine, agriculture de précision, mobilité intelligente, villes durables, éducation à distance, etc.
Dans de nombreux pays, le déploiement de la 5G a accéléré la digitalisation des économies et généré de nouveaux écosystèmes innovants.
Pour l’Algérie, cette dynamique s’inscrit dans une stratégie nationale de diversification économique, visant à réduire la dépendance aux hydrocarbures et à développer les secteurs à forte valeur ajoutée fondés sur les technologies numériques.
Une opportunité historique pour la souveraineté technologique
L’appel à la concurrence lancé par l’ARPCE ouvre une nouvelle page dans la régulation du marché des télécommunications. En octroyant trois licences 5G à des opérateurs capables d’assurer un déploiement rapide, sécurisé et inclusif, l’Algérie entend créer un environnement compétitif et innovant, favorable à l’émergence d’infrastructures numériques modernes sur l’ensemble du territoire.
Au-delà des services mobiles grand public, la 5G constituera un socle stratégique pour les politiques d’industrialisation, d’innovation et d’intégration dans les chaînes de valeur régionales. Elle facilitera l’adoption de technologies comme l’intelligence artificielle, le cloud computing, le big data ou encore l’Internet des objets, en renforçant la souveraineté numérique du pays face aux enjeux globaux de cybersécurité et de géopolitique des données.
Les conditions du succès
Le succès de la 5G en Algérie dépendra de la capacité collective à relever plusieurs défis :
🔴L’investissement massif dans les infrastructures (stations de base, backbone fibre, virtualisation des réseaux),
🔴Une régulation agile et transparente pour l’attribution du spectre radioélectrique,
🔴Une gouvernance ouverte favorisant la participation des acteurs économiques et technologiques locaux,
🔴La montée en compétences du capital humain dans les métiers du numérique et des télécoms.
L’enjeu est également d’assurer une couverture territoriale équitable, notamment dans les zones à faible densité, pour éviter la création de nouvelles fractures numériques. À cet égard, des modèles hybrides de partenariats public-privé peuvent être envisagés pour accompagner l’extension du réseau tout en garantissant sa rentabilité.
Vers une Algérie numérique et compétitive
Le lancement officiel de cet appel à concurrence n’est pas seulement un signal d’ouverture du marché télécoms. Il symbolise la volonté de l’État algérien d’entrer pleinement dans l’économie numérique mondiale, en dotant le pays d’une infrastructure numérique de nouvelle génération. C’est aussi une invitation aux opérateurs et aux investisseurs technologiques à s’engager dans un projet structurant à fort potentiel de croissance.
La 5G peut devenir l’épine dorsale de la compétitivité future de l’Algérie, au service de l’innovation, de la productivité et de la création d’emplois qualifiés. Encore faut-il en faire un chantier stratégique, bien gouverné et tourné vers l’avenir.
(*) Senior Expert en développement économique, Numérique, Énergie et diplomatie économique