Par Lyazid Khaber
«La ville a une figure, la campagne a une âme.»
Jacques De Lacretelle
Le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Mohamed Tarek Belaribi, a annoncé, avant-hier le lancement, d’un «grand et important projet de logement rural». L’annonce ne peut être que positive dans la mesure où elle devra bien faire des heureux parmi ces populations rurales qui attendent, depuis plusieurs années, d’avoir droit à un habitat décent. Cependant, et en tenant compte des politiques similaires précédemment mises en œuvre, on est en droit de se poser bien des questions. Le programme de soutien au logement rural, mis en œuvre auparavant, a démontré ses limites. Mieux, il a non seulement prouvé son inefficience, mais a participé à défigurer nos campagnes, détruit des terres agricoles, et offert un «nouvel» habitât toujours précaire à des populations qui n’en tirent presque aucun profit, si ce n’est juste bénéficier d’une aide hypothétique de l’Etat providence. Car, il va sans dire que 700.000 DA ne font pas une belle demeure. Mieux, lorsqu’on triche sur les matériaux, ou que l’on fait l’économie de la qualité, on n’a finalement droit qu’à un toit de fortune qui n’améliore en rien la qualité de vie des habitants. Or, l’objectif principal d’une telle politique d’aide au logement rural, devra logiquement être en relation avec le développement. Les populations rurales qu’on voudra fixer sur place pour lutter contre un exode sauvage qui a pour conséquence, l’augmentation du nombre des déshérités dans les villes ou dans leurs périphéries, ont aussi besoin d’un cadre de vie homogène, de commodités, mais surtout de travail. Ceci dit, une vision globale s’impose, et les collectivités locales, à leurs têtes les communes, doivent se mettre à réfléchir à des modèles de développement adaptés à chaque localité. Certes, l’habitat est reconnu comme facteur capital d’insertion sociale et de développement territorial, et le logement comme premier élément de la socialisation des ménages, mais tout cela dépend d’autres variables ; à savoir : l’école, le travail et les commodités de base. Penser à développer une économie locale, basée sur la promotion et le développement des spécificités régionales, tout en veillant à la préservation des pratiques ancestrales en matière de construction, est un élément essentiel. Car, toute la démarche repose sur la particularité de ces milieux ruraux, reconnus comme étant fragiles. La prise en charge des besoins quotidiens de ces populations tout en veillant à sauvegarder l’âme de la campagne.
L. K.