La rupture des relations algéro-marocaines a eu pour, entre autres effets majeurs, d’accélérer l’aboutissement du projet du gazoduc transsaharien. Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, à l’occasion d’une rencontre au siège du ministère avec la délégation de l’Institut national des études politiques et stratégiques du Nigéria (NIPSS), a affirmé que l’Algérie accorde un intérêt particulier à la concrétisation «rapide» du projet de gazoduc transsaharien (TSGP) visant à connecter les gisements de gaz naturel nigérians à l’Europe via le réseau de gazoduc algérien
Par Réda Hadi
Ceci, a-t-il dit, induira des retombées socio-économiques importantes dans les pays de transit, dans le respect de la protection de l’environnement et du développement durable. A cet effet, le ministre a réitéré le souhait de la partie algérienne de voir le Nigéria ratifier l’accord intergouvernemental, relatif au projet TSGP, signé en 2009 à Abuja. Le projet est inscrit au programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
L’idée d’un gazoduc reliant le Nigéria à l’Algérie, a germé dans les années 1980, mais l’accord concrétisant la mise en œuvre du gazoduc trans-saharien n’a été signé que le 3 juillet 2009 par les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l’Algérie. L’Europe est favorable à la construction de ce gazoduc dans lequel elle voit une source de diversification de ses fournisseurs en gaz.
Ce qui entrave la réalisation de cet important ouvrage, c’est que celui-ci traverse plusieurs régions instables du point de vue sécuritaire. En sus de cette instabilité, le Maroc voit d’un mauvais oeil ce projet, alors que le royaume chérfien a déja entamé des discussions avec le Nigeria, pour un projet similiare de gazoduc, long de 5000 km, qui reliera l’Espagne par ses terres.
Le projet marocain, selon des experts algériens, n’est qu’une façon pour ce royaume, de contrecarrer le projet algérien. La presse marocaine ne s’est pas gênée, à l’occasion, pour dire que Mohammed VI a «damé le pion aux Algériens», tandis que la démarche diplomatique se veut plus nuancée, appelant à «arrêter les surenchères» et jurant que le Maroc «ne cherche pas à démanteler ce que fait l’Algérie.», mais sans condamner, pour autant, les propos de la presse…
« Pour l’Algerie, il ne fait aucun doute, estiment des observateurs, qu’en diversifiant ses routes d’approvisionnement, elle ne veut pas être sous le joug du Maroc »
Dans ce sens, Billel Aaouali, expert en économie, estime que « l’Algérie a toujours été cosnciente des turpitudes marocaines et jamais dupe de ses ambitions néfastes. C’est pour cette raison que l’Algérie ne veut pas dépendre d’une seule route pour acheminer son gaz. Et le Transsaharian Gas Pipeline (TSGP), qui reliera le Nigéria au Niger et à l’Algerie, elle-même connectée à l’Espagne, serait un choix supplémentaire à long terme. D’ailleurs, même l’UE a encouragé cette initiative. La colère du Maroc s ‘est encore, d’ailleurs, accentuée contre le Nigeria qui est l’enjeu majeur de cette course à la réalisation de gazoducs. Et dans cette course, l’Algérie et le Maroc sont en concurrence pour qui construira le premier un gazoduc relié au Nigéria et auquel l’Europe est favorable, y voyant une source de diversification de ses fournisseurs en gaz ».
Pour l’expert, M. Aouali, « le Maroc s’appuie sur la CEDEAO pour concrétiser ses projets anti-algériens. Cette organisation, a rappelé l’expert, oeuvre au développement du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest reliant le Nigéria au Maroc, en vue de valoriser les importantes réserves de gaz naturel du Nigéria et de répondre aux besoins croissants du Maroc et de l’Europe en gaz naturel »
« Dans cette course », les atouts de l’Algérie sont forts, dont sa stabilité sécuritaire, qui font d’elle un partenaire « bancable », outre que l’Europe est plus encline aux gazoducs où l’Agerie est partie prenante que le Maroc, moins crédible et plus habitué aux aides de l’UE. Son assistanat est son talon d’Achille » a-t-il conclu
R. H.