Après plusieurs années d’autosuffisance en matière de pomme de terre, l’Algérie est contrainte de recourir, une nouvelle fois, aux marchés internationaux pour répondre à la forte demande sur ce tubercule.
Par Akrem R.
Actuellement, les prix de ce produit, très prisés par les Algériens, frise les 140 DA/kg. Une situation qui a grevé davantage le budget des ménages qui fait face sans cela, à une forte pression, suite à la hausse généralisée des produits alimentaires.
C’est dans ce cadre que le gouvernement a décidé d’un programme d’importation exceptionnel, notamment pour stabiliser le marché national en certains produits de large consommation durant le mois de Ramadhan. En effet, une quantité de 100 000 tonnes de pommes de terre sera importée par l’Algérie.
L’annonce a été faite par le directeur de l’organisation des marchés et des activités commerciales au ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, Ahmed Mokrani, tout en faisant savoir qu’une opération d’importation urgente d’une quantité de 30 000 tonnes sera lancée incessamment. Cette opération vise à faire baisser les prix avant le début de ce mois de Ramadhan.
Le même responsable a annoncé, également, l’importation de 54 500 tonnes de viandes rouges frais et 3 000 tonnes de viandes congelées pour bien approvisionner le marché local durant ce mois de Ramadhan. «La société algérienne Frigomedit et l’Algérienne des viandes rouges (Alviar) ont été chargées d’importer des quantités supplémentaires de viandes congelées estimées à 3.000 tonnes pour renforcer l’approvisionnement du marché durant le mois sacré», a-t-il ajouté.
Pour ce qui est des viandes blanches, M. Mokrani a souligné que le marché sera approvisionné en « grandes » quantités, estimées à 47 000 tonnes, dont 10 000 tonnes assurées par l’Office national des aliments du bétail (ONAB) et 37 000 tonnes par les opérateurs privés, via un réseau soumis au contrôle sanitaire, composé de 154 abattoirs de volailles et 980 structures d’abattage agréées.
En somme, les pouvoirs publics sont en pleine course contre la montre afin d’éviter des situations de pénuries ou une flambée conséquente des prix durant le mois de Ramadhan. Un mois où la consommation est triplée.
L’importation n’est pas la bonne solution
Toutefois, des experts estiment que le recours à l’importation durant cette période n’est pas la bonne solution. La guerre en Ukraine a entrainé une tension sans précédent sur le marché intentionnel. Les prix des produits alimentaires sont au plus haut niveau. Sur ce point, l’expert en agriculture, Laala Boukhelfa s’est interrogé sur le coût de cette pomme de terre qu’on va importer, notamment durant cette conjoncture économique mondiale.
Et d’ajouter : « D’abord on n’est pas certains de trouver les quantités qu’il faut sur le marché. À ma connaissance aucune prospection n’a été faite avant d’adopter une telle décision. Ils vont peut être la ramener à un prix plus élevé que le coût de production local. Maintenant si c’est pour l’acheter à un prix plus élevé que celui local, et la proposer aux consommateurs à 50 DA, là c’est autre chose…»
Donc, dira-t-il, la solution de l’importation de la pomme de terre n’est pas la bonne s. «On peut patienter encore. Je préfère qu’on essaie de mettre un terme à l’anarchie et aux problèmes dont souffre l’agriculture algérienne, la filière pomme de terre en particulier, au lieu de recourir à l’importation. Je la considère comme étant de la fuite en avant», précise-t-il.
Pour l’expert, Laala Boukhelfa, la régulation du marché pourrait se faire à travers des opérations de déstockages de 15 000 tonnes et avec la récolte de certaines wilyas à l’instar de Mostaganem qui arrivera fin mars et début avril. Il a, ainsi estimé, que la demande sur ce tubercule connaitra un net recul de 40% durant le mois de Ramadhan, suite à la fermeture des restaurants et Fastfoods.
Poursuivant son argumentation, Boukhalfa a expliqué que la pomme de terre n’est pas un plat de base pour les Algériens durant le mois de carême. « C’est faux ce que pensent les responsables, que durant le mois de ramadhan, il y aura de tension sur la pomme de terre».