La transition énergétique, dictée par la stratégie de contribution à lutter contre les changements climatiques, d’une part, et les impératifs techniques et économiques liés au domaine global de l’énergie, d’autre part, s’articule sur deux volets complémentaires et solidaires : le développement des énergies renouvelables (EnR) et l’efficacité énergétique. Le premier volet vise à l’installation d’une capacité de production nationale en renouvelable de 22 000 mégawatts à l’horizon 2030 (soit 27% de la production globale d’électricité), avec option d’exportation, et le second, table sur des économies d’énergie de 63 millions de tonnes équivalent-pétrole (TEP) à la même échéance (2030).
Par Amar Naït Messaoud
Les économies d’énergies sont des opérations d’amélioration technique de certains équipements (éclairage public performant, isolation thermique sous toutes ses variantes, nouvelles performances de certains équipements industriels,…) et des opérations de conversion d’énergie (chauffe-eau solaires, carburants propres (GPLc et GNc), et les équipements industriels performants.
Avec de telles ambitions, le plan de l’efficacité énergétique pourra contribuer à réduire les émissions de dioxyde de carbone de 193 millions de tonnes.
La production de l’électricité à partir énergies renouvelables (EnR) concernera les filières photovoltaïque et éolienne (avec intégration de la biomasse), de la cogénération, de la géothermie et le solaire thermique.
Jusqu’à 2023, l’Algérie a une puissance installée de près de 700 mégawatts en énergie renouvelable.
Les solutions de reconversion et d’efficacité d’énergie qui semblent, pour l’instant du moins, être à portée de main, sur le plan de la technologie et du coût, et qui pourront devenir demain des alternatives au sens plein du terme aux énergies fossiles, sont surtout le solaire et l’éolien.
L’Algérie s’emploie d’ores et déjà à orienter les études et les recherches vers ses potentialités les plus avérées dans ce domaine, à savoir celles du solaire, qui ont commencé à être convoitées par des pays européens dès le début des années 2000, par exemple à travers le projet Desertec à propos duquel il y a eu, par la suite, une sorte de cafouillage.
L’éventail des solutions énergétiques alternatives se renforce au fur et à mesure des découvertes et des recherches académiques.
Ainsi, le solaire pour lequel l’Algérie est bien servie au vu de l’étendue de son territoire désertique-, l’éolien- énergie issue de la force des vents-, les biocarburants, issus de l’agriculture, et le nucléaire sont sollicités par les techniciens et les décideurs économiques pour remplacer graduellement les hydrocarbures.
Cependant, selon le coût de production de chaque type d’énergie alternative, les facilités techniques de sa généralisation et les menaces que risques autres énergies (comme le nucléaire) font peser sur la vie de l’homme, les choix commencent à devenir un peu plus clairs.
UNE ÉNERGIE PROPRE, DURABLE ET EFFICACE
Au cours d’un colloque international portant sur la thématique de la « transition énergétique en Afrique : entre défis économiques et enjeux environnementaux », tenu e 2016 à Alger, il a été recommandé que « la compétitivité d’une économie verte, résultat du programme national des énergies renouvelables et celui de l’efficacité énergétique, sera la seule garantie d’une croissance équilibrée et durable qui permettra d’améliorer l’allocation de nos ressources et la réalisation des objectifs (de développement) assignés ».
Une relation étroite a été faite entre la croissance durable et équilibrée, d’une part, et l’alternative de l’utilisation des énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique, d’autre part.
Le programme algérien des énergies renouvelables décliné à l’occasion du colloque consiste, pour notre pays, à adopter la reconversion énergétique, avec un objectif d’atteindre 27 % d’énergie électrique à la base du renouvelable à l’horizon 2030, soit l’équivalent de 45 à 51 térawatts.
Le programme national de développement des énergies renouvelables prévoit la production, d’ici à 2030, de 22.000 mégawatts d’électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 mégawatts supplémentaires à exporter, selon les prévisions du programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
Pour apprécier le bond que compte faire l’Algérie dans ce domaine, il y a lieu de savoir que cette capacité de production projetée à l’horizon 2030 équivaut au double de la capacité actuelle du parc national de production d’électricité.
Les économies de gaz qui auront été faites jusqu’à 2030, soit près de 300 milliards de mètres cubes, seront destinées à l’exportation.
EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE ET RECONVERSION
Les potentialités naturelles de l’Algérie en la matière et les performances techniques du personnel et encadrement versé dans ce créneau, ont été déjà mises à l’épreuve à l’occasion de la réalisation de programmes pour l’alimentation domestique en électricité dans des zones rurales enclavées du grand Sud et des Hauts Plateaux.
Des familles ont été montrées à la télévision en train de regarder pour la première fois chez elles les programmes de la télévision à la faveur du branchement de leurs foyers aux panneaux solaires.
Parmi les hameaux et bourgades touchés par ces programmes, certains l’ont été dans le cadre de la politique de développement rurale menée par le Haut commissariat au développement de la steppe (HCDS).
Pour rappel, des analystes algériens et étrangers ont déjà, bien avant la crise actuelle des prix des hydrocarbures survenue en 2014, exprimé leurs réserves quant à la généralisation de l’utilisation du gaz dans tous les domaines d’activité.
Cette option est de nature à contribuer à l’épuisement rapide des ressources en gaz conventionnel, sans que des garanties de l’utilisation du gaz de schiste n’existent concrètement. Du moins, jusqu’ici.
La mise en œuvre du programme de l’efficacité énergétique et de la reconversion requerra des investissements de l’ordre de 120 milliards de dollars et permettra, d’après ses concepteurs, la création de 300.000 postes d’emplois directs et indirects.
En contrepartie, l’Algérie pourra faire des économies de l’ordre de 42 milliards de dollars à l’horizon 2030, et ce, à travers la réduction de 9% de la consommation d’énergie à la faveur de la mise en œuvre de ce programme.
Par ailleurs, l’efficacité énergétique, sur laquelle se sont penchés plusieurs experts algériens, dont le professeur Chemseddine Chitour- qui préconise de « passer de l’ébriété énergétique à la sobriété énergétique »– pourra s’opérer graduellement, pour peu qu’une politique hardie et cohérente soit mise en place.
Selon les prévisions faites au lendemain de la chute des prix du pétrole, l’Algérie procédera à l’isolation thermique de 100.000 logements par an ainsi qu’à la conversion au GPL de plus d’un million de véhicules particuliers et de plus de 20.000 autobus.
Ces progrès techniques et écologiques, qui font aussi partie de la rationalité économique, pourront créer plus de 180.000 emplois.
Le progrès écologique consiste à prendre en charge les grandes préoccupations que les scientifiques ont émises à propos de la pollution atmosphérique, de l’effet de serre et des changements climatiques.
Le propre de l’efficacité énergétique, qui a une connotation plutôt économique, est, justement, de se superposer parfaitement à cette donne écologique, bien mise en relief par le sommet de la COP 21 à Paris, et toutes les réunions suivantes de la COP.
A. N. M.